Laurent Garnier, grand retour au Rex | LIVE REPORT
Depuis son retour aux platines en novembre dernier, le plus célèbre DJ français n’avait pas encore rejoué dans le club où il a le plus joué dans sa vie : le Rex. C’est chose faîte et ce fut une soirée à son image : simple et généreuse. On raconte.
Par Gérôme Darmendrail
La dernière fois qu’on avait vu Laurent Garnier au Rex, il était plus de 5 heures du matin. C’était en avril 2023, en clôture d’une soirée marathon démarrée au Badaboum et poursuivie à la Machine pour fêter les 35 ans du club du boulevard Poissonnière. Cette fois, mieux valait arriver tôt pour le voir jouer : minuit, dès l’ouverture des portes.
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Pour ses retrouvailles avec le Rex, le plus célèbre des DJ français a tenu à lancer lui-même le premier disque, pas gêné par un égo qui l’empêcherait de démarrer devant une salle vide. Elle ne tarderait de toute façon pas à se remplir. Quand Garnier joue au Rex, irrémédiablement, les places partent instantanément.
A fortiori pour son retour dans son jardin, après un cancer, une pause dans sa carrière et une envie d’en découdre à nouveau qui laisse à penser que ses résolutions de lever le pied sont remises à plus tard. La passion est intacte, et le public se serrant autour de lui pouvait le constater. Depuis son dernier passage au Rex, le club a fait quelques travaux et la mythique cabine vitrée a sauté, permettant au DJ d’être au milieu d’une marée bouillonnante de danseurs.
Ceux situés derrière le Français pouvaient lire sur son t-shirt : « Fanculo la dieta » (« Va te faire foutre le régime » en bon français), le cri de ralliement d’une boulangerie de Bologne, en Italie, aisément applicable à la boulimie musicale de cet insatiable mangeur de disques.

© Gérôme Darmendrail
Comme à son habitude, il en joua dans des styles assez variés, beaucoup de nouveautés : house, techno, UK garage, dubstep, électro, deep, hypnotique, mélodique, naviguant avec fluidité et cohérence entre différentes esthétiques et rythmiques, et se permettant de descendre à quasiment 100 BPM à trois heures du matin sans perdre le contact avec le dancefloor, compact.
Celui-ci était au moins aussi disparate : des gens élégants, des sans-style, des geeks avec t-shirts de labels pointus, des japonais branchés, des chemises à fleurs, des éventails, des lunettes de soleil, un type en tenue complète de foot, avec short et chaussettes, un autre à l’allure d’ermite, des jeunes, mais aussi des vieux, réunis dans une forme de clubbing intergénérationnel festif et bon esprit.
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Après un peu plus de quatre heures de set et avoir joué « Reviens la nuit », titre phare de son dernier album, Laurent Garnier prenait le micro et commentait simplement : « C’est bien de revenir à la maison. C’est bon. » Et c’est à peu près ce que tout le monde pouvait penser à cet instant.
On était bien comme dans une maison, si ce n’est que cette maison aurait un sound-system incroyable. Le DJ saluait les gens autour de lui et laissait les commandes à Dylan Dylan. Effet conjugué de son abandon des platines et de l’heure avancée : la piste s’aérait quelque peu. La suite serait pourtant à la hauteur. La Française enchainait avec un set techy, pumpy, acid, au son dur mais rebondi, prolongeant à merveille cette nuit à la fois douce et enfiévrée.

© Gérôme Darmendrail