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©Adrien Chevrot
10 janvier 2020

Le musée du Jeu de paume va se transformer en dancefloor pour la première fois

par Sylvain Di Cristo

La musique n’est jamais aussi sexy que lorsqu’elle fricote avec d’autres arts que le sien. Alors quand on la couple à la photographie et à la danse, chez Tsugi, on répond présent. Présent à cette première soirée du collectif Focus au Jeu de paume de Paris, centre d’art dédié à l’image et ses ramifications. Mardi 14 janvier de 18h à 21h, en beau milieu de l’exposition en cours (celle superbe sur le photographe américain Peter Hujar jusqu’au 19 janvier, célèbre pour ses portraits en noir et blanc et ses photographies pornographiques), vous pourrez assister à une double performance artistique : d’une part la danse déambulatoire de l’Iranien.ne Sorour Darabi, de l’autre le DJ set de Masha Litvak aka ♯130E0A, espoir de la musique électronique française, qui abordera la musique du New York d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Une soirée – gratuite pour les moins de 25 ans, par ailleurs – qui nous donne l’occasion de plonger dans le concret, dans le travail préparatoire du DJ quant au choix de ses disques. On a demandé à ♯130E0A de nous en donner dix et de les commenter.

Photo de Peter Hujar

La playlist commentée de ♯130E0A

« Habiller les photos de Peter Hujar et la performance de Sorour Darabi avec des musiques n’est pas un mince défi. Pour coller au mieux à ces ambiances hétéroclites, je me suis plongée dans l’univers du New York des années 1970-80 (entre punk, hip-hop et disco) et ce qui se fait actuellement sur la scène de la Grande Pomme, en essayant d’imaginer une trame évolutive du passé vers le futur : sur quels morceaux Peter Hujar aurait-il dansé s’il était un artiste mondain aujourd’hui et demain ? »

1/ Arto/Neto – Pini Pini

Une bande expérimentale et incommodante qui mêle riffs de guitare déstructurés, rythme monotone et voix enivrée, à l’image de la musique qu’on pouvait entendre dans le East Village de la fin des années 1970 (et notamment au Max’s Kansas City, un club légendaire fréquenté par Warhol et ses amis – dont Hujar, évidemment.)

2/ Ciccone Youth – Platone II

D’après la légende urbaine, ce jumeau mystique de Sonic Youth porte le nom “Ciccone” pour ses deux reprises de Madonna présentes sur le LP The Whitey Album. Une bande-son pour déambuler dans des ruelles sombres, bouteilles de whisky vides à la main, rongé·e par les démons des grandes villes.

3/ Afrika Bambaataa – Looking For The Perfect Beat

Et quelque part au milieu de la pauvreté, de la criminalité et des maladies, le hip-hop proliférait avec la même ardeur que le rock et la disco à New York. What a time to be alive.

4/ Colonel Abrams – You Got Me Running

L’art d’allier voix soul suave et basse funk frénétique. Une invitation aux pas les plus chaloupés.

5/ LCD Soundsystem – Losing My Edge

“I’m losing my edge to the art-school Brooklynites in little jackets and borrowed nostalgia for the unremembered Eighties”. Words.

6/ DJ Dove – Illusions (NY Stomp Extended Tribute Mix)

Prenez une piste de danse. Mettez-y des gens. Passez ce morceau. Regardez la magie de ces synthés opérer. C’est pour cette pure dose d’amour en intraveineuse que les morceaux mielleux comme ça passent toujours bien !

7/ Bookworms – African Rhythms

On en vient à ma partie préférée de la playlist. Bookworms fait partie de ces artistes new-yorkais à explorer la musique électronique dans ses moindres recoins : il joue des héritages house et hip-hop pour les distordre et leur donner une nouvelle dimension. Ce morceau est saisissant.

8/ Shyboi – Ananasem

Difficile de ne pas parler du collectif Discwoman, dont Shyboi fait partie avec ses œuvres et sets sauvages où les frontières esthétiques entre les genres deviennent floues à en disparaître. Genres au sens musical comme au sens des différences non-biologiques, par ailleurs. On retrouve ce patchwork d’identités et d’émotions aussi dans le travail de l’ »arctiviste » iranien·ne Sorour Darabi.

9/ Cienfuegos – Slipping Venus (Entro Senetre Remix)

Une bande-son pour rituels ésotériques dans une salle sombre et humide, remplie d’individus aux visages masqués. C’est ce que m’inspire l’esthétique de l’excellent label BANK Records, cabinet de curiosités des musiques électroniques les plus noires.

10/ Bergsonist – Control Over The System

Au carrefour du Maroc, de la culture française et de New-York, Bergsonist est une artiste à l’expression extrêmement riche et intuitive (dans ses interviews, elle dit avoir grandi avec Marvin Gaye autant qu’avec la Star Academy et aujourd’hui c’est une philosophe fascinée par Gilles Deleuze). Si on les écoute assez fort, on peut voir la lumière dans ses morceaux extra-terrestres. Elle est aussi à l’origine de la plateforme Bizaarbazaar, une boule de cristal qui lui permet de promouvoir des artistes en avance sur leur temps – avant tout le monde.

♯130E0A / ©Zoé Chauvet

Retrouvez ♯130E0A le 14/01 au Jeu de paume

Entrée libre sur présentation du ticket d’entrée aux expositions et entièrement gratuite pour les moins de 25 ans inclus.

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