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17 mai 2022

Le silence de Nina Kraviz sur l’Ukraine divise la communauté techno

par Antoine Gailhanou

Le silence est-il possible ? Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la DJ russe Nina Kraviz s’est faite très discrète sur les réseaux sociaux. Son attitude fait polémique dans le milieu électronique, et lui a valu une rupture avec son distributeur.

La situation n’est pas tenable. Depuis le début de la guerre, les artistes russes sont dans une situation délicate. Beaucoup se retrouvent pris à partie, devenant malgré eux des instruments du soft power russe. Parmi eux, le cas de Nina Kraviz est encore à part. Depuis le début de l’invasion, ses réseaux sociaux sont bien plus calmes qu’à l’accoutumée. Elle s’est d’ailleurs à peine exprimée sur le sujet, se contentant d’un simple post où est écrit “paix” en russe.

Pour une large partie de la communauté électronique, cela ne suffit pas. Le Time rapporte ainsi les propos de la DJ ukrainienne Nastia : “quand tu es une personnalité médiatique aussi importante, tu ne peux pas rester silencieuse pendant 2 mois et continuer tes affaires comme si de rien n’était. On est responsable du pouvoir que donne le public”. D’autres DJ, comme le russe Buttechno (lui-même signé sur Trip, le label de Nina Kraviz) ou l’Anglais Dave Clarke ont émis des critiques similaires. D’autres, comme Rebekah ou Danny Tenaglia, en appellent plutôt à respecter son silence.

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D’autres vont plus loin, comme Serge Verschuur. Via son label Clone Records, basé à Rotterdam, c’est lui qui assurait la distribution des disques de Nina Kraviz et du label Trip. Face à la situation il a préféré mettre un terme à leur collaboration. Le 12 mai, il s’en justifiait via une note de blog : “Nina Kraviz avait déjà eu des positions qu’on pourrait juger pro-Poutine [via des memes le mettant en scène, par exemple]. Par ailleurs, elle avait clairement flirté avec des sentiments pro-URSS à plusieurs occasions. […] Il est dès lors décevant qu’elle n’ait, ni publiquement ni en privé, condamné la violence russe ou montré des signes d’empathie envers les victimes. […] Peut-être a-t-elle des raisons de se taire, mais en tant que partenaire commercial, Clone Records est également libre de ne pas les accepter”.

Pour lui, ce silence peut être vu comme “un symptôme d’une positivité toxique de la scène techno que Clone Records choisit de ne pas représenter”. Pour l’heure, il est le seul à avoir pris une décision aussi tranchée. Nina Kraviz est par ailleurs encore programmée dans plusieurs festivals, notamment en France. Un difficile rappel que la fête a toujours une charge politique.

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