đź’Š Les chansons antidrogue valent-elles les chansons prodrogue ?
Si l’influence des drogues dans la musique n’est plus Ă dĂ©monÂtrÂer, elle n’a pas touÂjours Ă©tĂ© directe. Son rejet a ausÂsi Ă©tĂ© une source d’inspiration et n’a pas accouchĂ© que de morceaux moralÂisaÂteurs rĂ©barÂbatÂifs. PasÂsage en revue des morceaux antidrogue les plus marquants.
ArtiÂcle issu du TsuÂgi 142 : MUSIQUE & DROGUE, hisÂtoires stupĂ©ÂfiÂantes, en kiosque et en ligne.
- La plus classique
Neil Young «NeeÂdle And The DamÂage Done» (1972)
GuiÂtare acousÂtique, tonalÂitĂ©s mĂ©lanÂcolÂiques, texte relaÂtant une expĂ©riÂence vĂ©cue, poĂ©Âtique, mais suffÂisamÂment explicite pour ne pas manÂquer sa cible, ce morceau court – deux minÂutes – a posĂ© les jalons de la balÂlade antidrogue et parÂtiÂcÂulièreÂment anti-hĂ©roĂŻne. Jane’s AddicÂtion (« Jane Says »), les Red Hot Chili PepÂpers («Under The Bridge») et The Verve («The Drugs Don’t Work») reprenÂdront la recette avec succès.
- La plus faux-cul
The Rolling Stones «Mother’s LitÂtle Helper» (1966)
Sur le papiÂer, une chanÂson des Stones dĂ©nonçant l’usage d’une drogue, c’est du mĂŞme ordre que Patrick BalkaÂny rĂ©diÂgeant une triÂbune conÂtre la fraude fisÂcale. D’autant que la drogue en quesÂtion – le valÂiÂum conÂsomÂmĂ© par les mères au foyÂer – figÂurÂera vite au menu des petits-dĂ©jeuners de KeiÂth Richards. Mais il y a suffÂisamÂment d’humour, de sens de l’observation et de qualÂitĂ© mĂ©lodique dans cette chanÂson pour ne pas leur en tenir rigueur.
- La plus énervée
MetalÂliÂca «MasÂter Of PupÂpets» (1986)
Deux dĂ©cenÂnies avant de devenir le porte-Ă©tendard lourÂdingue de la lutte conÂtre le piratage, le groupe de heavy-metal amĂ©riÂcain se dresÂsait de façon un peu plus subÂtile conÂtre les ravÂages de la drogue dans ce qui reste l’une de ses chanÂsons les plus cĂ©lèbres, comÂposĂ©e après s’être retrouÂvĂ©s dans une soirĂ©e de dĂ©fonÂcĂ©s Ă San FranÂcisÂco. Le MaĂ®tre des marÂiÂonÂnettes, c’est la dope, et les marÂiÂonÂnettes, les droguĂ©s, donc, lesquels sont un peu dĂ©peints comme des paumĂ©s qui mĂ©ritÂeraient un bon coup de savate. ThĂ©rapie de choc.
- La plus club
Green VelÂvet «La La Land» (2001)
Quoi qu’on en dise, les mesÂsages, ça n’a jamais Ă©tĂ© le point fort de la techÂno et de la house. L’hĂ©donisme, l’amour, l’unité… Très bien, mais on ne peut pas dire que les prisÂes de posiÂtion soient fortes. Encore moins lorsqu’il s’agit de s’élever conÂtre une subÂstance conÂsomÂmĂ©e par la moitiĂ© du danceÂfloor. Le tube de Green VelÂvet est probÂaÂbleÂment le seul morceau club Ă s’être opposĂ© Ă l’ecstasy, dĂ©nonÂcĂ©e comme brĂ»lant des milÂlions de neuÂrones. Pas sĂ»r en revanche qu’il ait Ă©tĂ© bien comÂpris par tous les clubbeurs. Les neuÂrones brĂ»lĂ©s, sans doute.
- La plus festive
New Order «Truth Faith» (1987)
Disponible sur tous les bons CDs de karaokĂ©, l’une des chanÂsons antidrogue les moins prise de tĂŞte. Le mesÂsage est d’ailleurs trop vague pour que l’auditeur soit cerÂtain qu’il s’agisse d’une chanÂson antidrogue. Lorsque Bernard SumÂnÂer s’épanche sur le soleil du matin, parle-t-il bien d’hĂ©roĂŻne? La rĂ©flexÂion est emportĂ©e par une Ă©lectro-pop enlevĂ©e qui sent la crème solaire et donne envie de parÂtir se faire dorÂer la pilule Ă Ibiza, voire d’en prendre.
- La plus ambiguë
The WeekÂnd «Can’t Feel My Face» (2015)
La mise en garde iniÂtiale conÂcerÂnant la prise de cocaĂŻne, jamais citĂ©e expliciteÂment («Elle tire le meilleur de moi-mĂŞme, mais le pire reste Ă venir »), est attĂ©nuĂ©e par une instru disÂcoÂcaĂŻnĂ©e super effiÂcace et un refrain sur lequel le chanteur amĂ©riÂcain rĂ©pète Ă l’envi qu’il ne peut pas senÂtir son visÂage, mais qu’il adore ça. Une ambiguĂŻtĂ© qui n’empĂŞchera pas le morceau d’être nomÂinĂ© aux Kids’ Choice Awards de la chaĂ®ne pour enfants NickÂelodeon, au grand dam de l’intĂ©ressĂ©.
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