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Artwork de "La La Land" de Green Velvet
5 août 2021

💊 Les chansons antidrogue valent-elles les chansons prodrogue ?

par GĂ©rĂŽme Darmendrail

Si l’influence des drogues dans la musique n’est plus Ă  dĂ©montrer, elle n’a pas toujours Ă©tĂ© directe. Son rejet a aussi Ă©tĂ© une source d’inspiration et n’a pas accouchĂ© que de morceaux moralisateurs rĂ©barbatifs. Passage en revue des morceaux antidrogue les plus marquants.

Article issu du Tsugi 142 : MUSIQUE & DROGUE, histoires stupéfiantes, en kiosque et en ligne.

  • La plus classique

Neil Young «Needle And The Damage Done» (1972)

Guitare acoustique, tonalitĂ©s mĂ©lancoliques, texte relatant une expĂ©rience vĂ©cue, poĂ©tique, mais suffisamment explicite pour ne pas manquer sa cible, ce morceau court – deux minutes – a posĂ© les jalons de la ballade antidrogue et particuliĂšrement anti-hĂ©roĂŻne. Jane’s Addiction (« Jane Says »), les Red Hot Chili Peppers («Under The Bridge») et The Verve («The Drugs Don’t Work») reprendront la recette avec succĂšs.

  • La plus faux-cul

The Rolling Stones «Mother’s Little Helper» (1966)

Sur le papier, une chanson des Stones dĂ©nonçant l’usage d’une drogue, c’est du mĂȘme ordre que Patrick Balkany rĂ©digeant une tribune contre la fraude fiscale. D’autant que la drogue en question – le valium consommĂ© par les mĂšres au foyer – figurera vite au menu des petits-dĂ©jeuners de Keith Richards. Mais il y a suffisamment d’humour, de sens de l’observation et de qualitĂ© mĂ©lodique dans cette chanson pour ne pas leur en tenir rigueur.

  • La plus Ă©nervĂ©e

Metallica «Master Of Puppets» (1986)

Deux dĂ©cennies avant de devenir le porte-Ă©tendard lourdingue de la lutte contre le piratage, le groupe de heavy-metal amĂ©ricain se dressait de façon un peu plus subtile contre les ravages de la drogue dans ce qui reste l’une de ses chansons les plus cĂ©lĂšbres, composĂ©e aprĂšs s’ĂȘtre retrouvĂ©s dans une soirĂ©e de dĂ©foncĂ©s Ă  San Francisco. Le MaĂźtre des marionnettes, c’est la dope, et les marionnettes, les droguĂ©s, donc, lesquels sont un peu dĂ©peints comme des paumĂ©s qui mĂ©riteraient un bon coup de savate. ThĂ©rapie de choc.

  • La plus club

Green Velvet «La La Land» (2001)

Quoi qu’on en dise, les messages, ça n’a jamais Ă©tĂ© le point fort de la techno et de la house. L’hĂ©donisme, l’amour, l’unité  TrĂšs bien, mais on ne peut pas dire que les prises de position soient fortes. Encore moins lorsqu’il s’agit de s’élever contre une substance consommĂ©e par la moitiĂ© du dancefloor. Le tube de Green Velvet est probablement le seul morceau club Ă  s’ĂȘtre opposĂ© Ă  l’ecstasy, dĂ©noncĂ©e comme brĂ»lant des millions de neurones. Pas sĂ»r en revanche qu’il ait Ă©tĂ© bien compris par tous les clubbeurs. Les neurones brĂ»lĂ©s, sans doute.

  • La plus festive

New Order «Truth Faith» (1987)

Disponible sur tous les bons CDs de karaokĂ©, l’une des chansons antidrogue les moins prise de tĂȘte. Le message est d’ailleurs trop vague pour que l’auditeur soit certain qu’il s’agisse d’une chanson antidrogue. Lorsque Bernard Sumner s’épanche sur le soleil du matin, parle-t-il bien d’hĂ©roĂŻne? La rĂ©flexion est emportĂ©e par une Ă©lectro-pop enlevĂ©e qui sent la crĂšme solaire et donne envie de partir se faire dorer la pilule Ă  Ibiza, voire d’en prendre.

  • La plus ambiguĂ«

The Weeknd «Can’t Feel My Face» (2015)

La mise en garde initiale concernant la prise de cocaĂŻne, jamais citĂ©e explicitement («Elle tire le meilleur de moi-mĂȘme, mais le pire reste Ă  venir »), est attĂ©nuĂ©e par une instru discocaĂŻnĂ©e super efficace et un refrain sur lequel le chanteur amĂ©ricain rĂ©pĂšte Ă  l’envi qu’il ne peut pas sentir son visage, mais qu’il adore ça. Une ambiguĂŻtĂ© qui n’empĂȘchera pas le morceau d’ĂȘtre nominĂ© aux Kids’ Choice Awards de la chaĂźne pour enfants Nickelodeon, au grand dam de l’intĂ©ressĂ©.

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