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©Alexander Popov
2 mars 2021

Les clubs français veulent aujourd’hui être reconnus comme établissements culturels

par Antoine Barsacq

Le collectif Culture Bar Bars a porté avec 37 clubs français un projet de reconnaissance de la valeur culturelle des clubs électroniques auprès du ministère de la Culture, cherchant à créer un statut légal spécifique appelé « Club Culture » en France, et ainsi être reconnus comme des établissements culturels.

Aujourd’hui, les clubs se fondent dans le statut légal de la « discothèque » sans qu’il n’y ait une reconnaissance officielle de la spécificité et de la valeur culturelle du clubbing en France. C’est-à-dire qu’une boîte de nuit qui travaille avec un DJ résident toute l’année est pareillement considérée par l’État qu’un club qui booke plusieurs artistes différents chaque semaine. Deejaying, live, performance croisées avec le VJing et toutes les innovations qui ont marqué la culture club passent à la trappe. Ce manque de reconnaissance s’est d’ailleurs concrètement observé avec les restrictions dues à la pandémie : les clubs ont été les lieux publics les plus délaissés par l’État avant que les acteurs de l’industrie ne tirent la sonnette d’alarme. Théâtres, opéras et salles de cinéma, eux, bénéficient de statuts légaux qui s’accompagnent de subventions, et ils avaient pu bénéficier d’une réouverture lors de l’accalmie sanitaire de l’été. Que nenni pour nos dancefloors préférés.

Mardi 23 février, les représentants du projet Club Culture issus de toute la France, notamment le collectif Culture Bar Bars, le Warehouse, le BADABOUM, Le Sucre, ont été reçus au ministère de la Culture par la conseillère de la ministre Roselyne Bachelot pour que le statut « club culture » existe et affilie nos clubs électroniques à des établissements culturels pour pouvoir, par exemple, bénéficier de subventions. Ils ont été entendu et un groupe de travail a été constitué par le ministère avec lequel ils travailleront à court terme sur « une perspective de réouverture des clubs« , une intégration « dans la boucle culturelle nationale et régionale » et, sur le long terme, à « la mise en place d’un travail pour l’élaboration d’un nouveau statut« .

Légitimer l’expression artistique électronique

Cette quête de reconnaissance est également motivée par l’observation de ce qui se passe dans d’autres pays, comme à Berlin où les clubs sont déjà reconnus comme des lieux de culture, largement aidés par la municipalité et ont pu plaider leur cause au Bundestag, le parlement allemand. Symboliquement, une telle reconnaissance constitue un signal fort qui permet de légitimer l’expression artistique qui se trouve dans les clubs, mais qui plus concrètement pourrait offrir une protection légale renforcée avec des subventions. C’est ce que le collectif mené par Culture Bar Bars cherche à amener en France avec cette proposition de création du statut « Club Culture ».

 

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Bien que les clubs soient actuellement en difficulté financière à cause de la pandémie, la scène électronique en France est vivante et les chiffres ne mentent pas : les 37 clubs français représentés par le collectif revendiquent plus de 60 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2019, plus de 5 000 événements et 10 000 concerts pour trois millions de visiteurs annuels qui font vivre plus de 1 000 emplois. Des chiffres qui permettent de peser dans la balance auprès du ministère de la Culture, au moment où l’industrie est menacée par les fermetures.

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