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Kiddy Smile à l'Elysée en 2018 / ©LCI
9 juillet 2020

Les Disques Du Lobby veut être la plateforme musicale de la scène LGBTQI+

par Alix Odorico

Prise de température de la scène LGBTQI+. Comment se porte-t-elle ? Ou en est-on ? Xavier Paufichet nous éclaire à l’occasion de la sortie du track de Tommy Marcus sur sa jeune plateforme, Les Disques du Lobby, qui promet pour le moment un track inédit tous les mercredis. Pour Tsugi, il nous parle de Kiddy Smile, de Madonna, d’electroclash ou de scène gay des années 2000.

C’est quoi exactement Les Disques du Lobby ? Un label ? Une plateforme ?

Disons que c’est une plateforme puisqu’il n’y a pas le côté commercial du label. Elle prend la forme d’un compte SoundCloud, où chaque mercredi, nous mettons en ligne un contenu.

Pourquoi choisir de ne sortir qu’un seul son tous les mercredis ?

Pour montrer qu’il se passe beaucoup de choses et qu’il y a toujours de la nouveauté à apporter. Au début, [il y a deux mois, ndlr],  j’avais peur de ne pas arriver à tenir la cadence, mais quand je regarde aujourd’hui que mes jours de sorties sont bookés jusqu’à mi-septembre, je suis soulagé de me dire qu’il y a de la musique à produire dans tous les sens !

« Rassembler les artistes de cette scène et faire leur promotion car ils n’ont pas assez de visibilité dans les grands médias. »

Tu as choisi de faire intervenir uniquement des artistes français issus de la cause LGBTQI+, une raison ?

J’ai fait ce choix pour deux raisons. La première, afin de rassembler les artistes de cette scène et la seconde, pour faire leur promotion car ils n’ont pas assez de visibilité dans les grands médias.

Cette scène dont tu parles semble enfin commencer à obtenir l’attention qu’elle mérite. Mais pourquoi seulement maintenant ?

Elle existe depuis toujours et dans tous les styles musicaux comme le rock, la house ou la techno, seulement, elle a manqué de visibilité car c’est une scène très underground qui est née dans les petits clubs. Aujourd’hui, elle est davantage visible car il y a des portes-paroles qui le sont aussi un peu plus comme Kiddy Smile ou plein d’autres. Par exemple, l’année dernière aux Victoires de la Musique, dans la catégorie artistes féminines de l’année, quatre des cinq nommées étaient lesbiennes, donc cela montre bien que l’on avance. Il y a cependant un autre souci, c’est la visibilité qu’on a du mal à accorder aux jeunes artistes.

J’allais justement t’en parler. Y a-t-il encore du chemin à faire au niveau des bookers et des programmateurs pour mettre en avant ces producteurs.trices et DJs ?

Oui, il y en a encore beaucoup. Dans les soirées étiquetées queer, lesbiennes ou gay, je vois beaucoup d’artistes mis en avant qui n’appartiennent pas à cette scène, et il en va de même pour les line-up des Pride. C’est dommage, car on a une scène riche avec des artistes hyper intéressants, et c’est l’occasion pour les programmateurs de montrer cette richesse là. Je pense à quelque chose dans la représentation chez les personnes intersexes : les kids, chez eux, pensent qu’il n’y a pas d’artistes qui les représentent alors qu’en réalité, il y en a. Il faut mettre en avant ces gens-là, car ils existent, et je trouve que c’est important pour les jeunes de s’identifier à des artistes, car c’est ce que l’on fait tous. Par exemple, dans les années 80, plein de femmes s’identifiaient à Madonna parce que c’est une femme forte, ce qui, en retour, a renvoyé un symbole d’affirmation. C’est pareil avec Kiddy Smile, lorsqu’il est arrivé à l’Élysée avec son t-shirt frappé d’un « Fils d’immigrés, noir et pédé ». La représentation de ce qu’il est et de ce qu’il a renvoyé a provoqué un certain déclic chez les personnes qui l’ont vu. Elles se sont dit « oui, on peut y arriver et on peut le faire ». Après, c’est assez délicat car il y en a qui ne veulent pas se projeter ou en parler mais je pense qu’il faut être attentif aux artistes qui revendiquent leur différence de genre ou de sexualité pour les mettre davantage en avant et les ériger en porte-paroles de cette communauté.

 

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Je reviens sur la track de Tommy Marcus qui vient de sortir, où l’on est clairement sur une techno assez uptempo. Est-elle représentative d’une esthétique sonore propre aux Disques du Lobby ?

Je ne veux pas qu’il y ait de couleur musicale particulière pour Les Disques du Lobby. J’essaie de représenter tout ce qui se fait autour du spectre techno, house, noise, pop. j’ai contacté Tommy Marcus car il est sur la scène gay et club depuis toujours. Il a produit ce son en hommage à l’univers du milieu des années 2000, où il jouait très souvent en after.

« Il faut être attentif aux artistes qui revendiquent leur différence de genre ou de sexualité pour les mettre davantage en avant et les ériger en porte-paroles de cette communauté. »

Justement, parlons-en. Comment vois-tu l’évolution de la scène gay depuis les années 2000 ?

Elle est bien plus diversifiée qu’à l’époque ! Au milieu des années 2000, tout était compartimenté, si bien qu’on écoutait soit de la trance, soit de la house ultra-vitaminée ou bien de la pop. Et à côté de ça, la scène lesbienne avec l’electroclash comme au Pulp. On se rend compte aujourd’hui que toutes les barrières sont tombées car tout le monde s’inspire de tout le monde. Il y a moins ce côté clanique qui domine, donc je trouve difficile de définir une esthétique sonore issue de ces communautés…

Et vous ? Vous ne voulez pas aller plus loin avec Les Disques Du Lobby ?

Si, bien sûr, à terme j’aimerais lancer « Les Nuits du Lobby », avec soirées et nuits live en bookant des artistes déjà passés chez nous. Pour le moment, on est encore à la genèse du projet puisque ça ne fait que deux mois qu’on s’est lancé, donc je n’ai pas envie de me précipiter. Et puis, j’ai réussi à obtenir une résidence chez Tsugi Radio, donc c’est déjà pas mal pour un début, non ?

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