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Les JO 2024 et Gérald Darmanin auront-ils la peau des festivals ?

Les fes­ti­vals seront-ils men­acés ou empêchés en France durant l’été 2024 ? C’est en tout cas la ques­tion qui plane depuis quelques jours, après une prise de parole au Sénat de Gérald Dar­manin. En lien avec les JO, cer­tains grands événe­ments prévus seront décalés, avancés, d’autres pure­ment et sim­ple­ment annulés.

Mar­di 25 octo­bre, le min­istre de l’In­térieur Gérald Dar­manin a par­lé au Sénat de la mobil­i­sa­tion des forces de l’or­dre en France durant la péri­ode des JO 2024. Il a ain­si prévenu que des événe­ments cul­turels et/ou sportifs seraient “annulés ou reportés”, en rai­son de la bonne tenue des Jeux Olympiques, qui auront lieu dans plusieurs villes du pays du 26 juil­let au 11 août. “L’im­por­tant et la manœu­vre c’est aus­si l’an­nu­la­tion ou le report de tous les événe­ments en France qui deman­dent des unités de forces mobiles, qui deman­dent la présence très forte en nom­bre de policiers, a détail­lé Gérald Dar­manin. On pense à de grands fes­ti­vals cul­turels qui ont lieu pen­dant l’été ; on pense à de grands événe­ments sportifs qui méri­tent d’être sans doute un peu décalés et qui par­fois par­courent la France à vélo, par exem­ple ; des grands con­certs ; un cer­tain nom­bre de grands événe­ments, on pense à la Braderie de Lille, si je par­le de ma région”

Peu de temps après au micro de France Inter, le min­istre de l’In­térieur a dévelop­pé… sans être davan­tage ras­sur­ant pour la fil­ière musi­cale : “Ça ne veut pas dire que des choses ne peu­vent pas se tenir […] cha­cun peut faire un effort […] j’en repar­lerai avec la min­istre de la Cul­ture”. Il a assuré que les JO représen­teraient “45 000 per­son­nes policiers et gen­darmes mobil­isés par jour pen­dant 3 mois. Toutes les unités de gen­darmes et CRS seront pris­es par les Jeux Olympiques, on le sait.” Avant de se dédouan­er rapi­de­ment : “c’est pas à moi d’an­nuler tel ou tel événement”.

 

 

Cer­tains événe­ments pour­raient être con­cernés, comme le Tour de France par exem­ple. L’or­gan­i­sa­tion aurait accep­té de décaler de quelques jours la Grande Boucle, pour con­tourn­er la sit­u­a­tion et ren­tr­er dans les règles. Côté fes­ti­vals, et pour l’in­stant du côté des grands rassem­ble­ments, cer­tains sont inqui­ets ‑et on peut les comprendre.

 

Annonce brutale, sans concertation

Ce qui sem­ble gên­er, c’est aus­si et surtout l’ab­sence de con­sul­ta­tion en amont. Par exem­ple Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Char­rues, évoque une “incom­préhen­sion la plus totale”, “le choc et la stu­peur” après une “annonce lap­idaire et bru­tale, sans périmètre de temps ni géo­graphique” dans une inter­view don­née à France Info. Pour Stéphane Kras­niews­ki, du fes­ti­val Les Suds (Arles) et vice prési­dent en charge des fes­ti­vals au SMA, c’est l’his­toire qui se répète : “la cul­ture, les fes­ti­vals, les con­certs avaient déjà été désignés non-essentiels pen­dant la crise san­i­taire et c’est donc à nou­veau le cas

 

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Car avec la crise san­i­taire, la cul­ture, la musique, le spec­ta­cle vivant ont été amputés de beau­coup, de pro­jets ne pou­vant aboutir, de per­son­nes qui ne pou­vaient plus exercer leur méti­er, donc sans argent. Sai­son blanche à l’été 2020, sai­son dégradée à l’été 2021, une reprise légère­ment en-deçà des attentes pour l’été 2022. On sait les enjeux colos­saux que le secteur des musiques actuelles doit déjà affron­ter. Pour plusieurs grands fes­ti­vals, reporter est une option : Rock en Seine et Sol­i­days pour­raient, par exem­ple, avoir lieu en jan­vi­er. Pour les Eurock­éennes ou les Vieilles Char­rues, décaler est impos­si­ble, il fau­dra donc annuler. Et l’an­nu­la­tion, c’est la mort du fes­ti­val. Sans oubli­er les retombées économiques que cha­cun de ces événe­ments offre à la région qui l’accueille.

Pour l’in­stant c’est l’in­quié­tude et l’in­com­préhen­sion qui prime, après les déc­la­ra­tions du min­istre de l’In­térieur sur les JO 2024. Pour les fes­ti­vals et events prévus cet été-là, il va fal­loir s’or­gan­is­er, pour vite se retourner.