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© Geoffrey Hubbel
9 septembre 2021

đŸŽȘ Les nouvelles couleurs du Peacock Society Festival : on vous raconte

par Jon Beige

Puisque le destin des organisateurs d’évĂšnements festifs est cette annĂ©e soumis au bon vouloir des courbes sanitaires, c’est en extĂ©rieur et en pleine journĂ©e que nous retrouvons cette annĂ©e le Peacock Society Festival, petit frĂšre Ă©lectronique du We Love Green. Adieu le bien-aimĂ© Parc Floral, dont le festival tire son nom puisque peuplĂ© par les paons, (peacock en anglais), pour le plus Ă©loignĂ© mais non moins bucolique parc de Choisy – Val-de-Marne Ă  CrĂ©teil.

Sur l’interminable chemin qui mĂšne au festival depuis le RER, on en entend qui rĂąlent un peu sur le prix des billets. Ah!… on ne refait pas les Français. Mais il faut dire qu’Ă  prĂšs de cinquante euros la journĂ©e, se payer quelques heures de dĂ©fouloir au milieu des paillettes et des chemises Ă  fleurs n’est pas Ă  la portĂ©e de toutes les bourses. « C’est cher la Peacock cette annĂ©e ! » Or, rĂąler sur le prix, c’est comme dire la Peacock, c’est sans fondement. DĂ©jĂ  parce que c’est un festival, et pas n’importe lequel, le plus gros festival de musiques Ă©lectroniques d’Île-de-France. Le parc est gigantesque, l’organisation impeccable, il y a mĂȘme des personnes aimables qui distribuent de l’eau depuis une sorte d’énorme sac Ă  dos qui ressemble Ă  un jet-pack. Tout cela, si on y ajoute une programmation mastodonte, a un prix. À titre de comparaison, une journĂ©e au Dekmantel coĂ»te dans les 70€, de mĂ©moire, et pour 25€, on a presque l’impression de ne pouvoir enrichir que les escrocs dans la rĂ©gion de nos jours… C’est donc l’esprit lĂ©ger de toutes considĂ©rations logistiques et le verre rapidement plein, rapidement vide, que nous dĂ©ambulerons au milieu des arbres et des sourires deux jours durant. Les prĂ©cĂ©dentes Ă©ditions nocturnes – plus Ă©lectriques, plus dĂ©chainĂ©es – ont laissĂ© place Ă  une atmosphĂšre relativement plus paisible. Les cinq scĂšnes possĂšdent chacune une identitĂ©, la dĂ©co du site est sobre mais travaillĂ©e. MĂȘme les deux jours de festival auront eu chacun leur singularitĂ©.

©Maxime Chermat

Le samedi, bien plus peuplĂ©, tout paraĂźt trĂšs Ă©nergique. La scĂšne la plus pĂȘchue, la scĂšne Mirror – ce jour-lĂ  curatĂ©e par Nina Kraviz et terrĂ©e au fond du parc – voit dĂšs 13h la jeune U.R Trax dĂ©rouler un set plein de maĂźtrise, autoroutier de la meilleure des façons, techno et acid. La scĂšne Nomad, qui se situe juste derriĂšre, est probablement celle dont le set-up est le plus agrĂ©able, avec son bel arbre bienveillant surplombant un dancefloor spacieux, le tout empli d’un systĂšme son impeccablement rĂ©glĂ©. C’est ici qu’on retrouve TryphĂšme et son live IDM chantĂ©, Ă©mo breakĂ©, timide et solaire, envoĂ»tant et inquiĂ©tant. C’est aussi lĂ  – rien Ă  voir – qu’on retrouvera plus tard l’hurluberlu et clivant Partiboi69, plus ou moins grimĂ© en Woody de Toy Story. Son personnage devient de plus en plus Ă©nervant avec le temps, mais l’homme derriĂšre le masque assure malgrĂ© tout chaque set avec professionnalisme. Sa technique assurĂ©e dĂ©note moins que le fun qu’il vĂ©hicule et ses moves Ă  la limite du ridicule, mais c’est pourtant elle qui lie le tout. RĂ©sultat, c’est la BĂ©rĂ©zina. Avance rapide sans passer par la case Solomun qui, tel un bon attaquant a attirĂ© les dĂ©fenseurs par son appel en profondeur, laissant des espaces. Nous, on retourne jusqu’à la scĂšne Mirror, clĂŽturĂ©e par Blawan, prestation la plus aboutie de la journĂ©e, ce qui n’a Ă©videmment rien d’étonnant.

 

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L’agrĂ©able scĂšne Chaman © Geoffrey Hubbel

Le lendemain, malgrĂ© les deux heures de trajet (pas une bonne idĂ©e d’essayer de sortir de Paris en Jump…), la journĂ©e dĂ©bute idĂ©alement sur la scĂšne Woody squattĂ©e par Underscope, oĂč Slowglide termine son live mental et lĂ©chĂ© qui flatte les basses du High-Bass Soundsystem, un peu moins les aigus. Et si le dancefloor semble vide, ce n’est que la faute du soleil. Tout le monde applaudit Ă  l’ombre des arbres. On apprend un peu plus tard que Ricardo Villalobos a annulĂ© son set sur la scĂšne Solar, parce qu’il se serait pris un verre dans la gueule la veille. L’histoire ne prĂ©cise pas Ă  l’initiative de qui. Peut-ĂȘtre est-il temps d’arrĂȘter de booker ce genre d’artistes fainĂ©ants, exigeants et hors-de-prix ? Parce que derriĂšre, ça se bouscule au portillon. Sur la scĂšne Woody par exemple, les cinq membres de Paradoxe Club se disputent les platines avec furie, enchaĂźnant les morceaux du futur et les edits de tracks du passĂ© Ă  grande vitesse. VoilĂ  une vision plaisante et optimiste de l’avenir, fun et pointue. Retour sur la scĂšne Nomad, qui conserve son titre de la veille. The Blessed Madonna convainc, enchaĂźne avec aisance les morceaux Hi-NRG avec des titres plus breakĂ©s, ça sent la sueur, et il est bon de retrouver un public qui saute Ă  l’unisson. Sur la grande scĂšne, les artistes invitĂ©s par Villalobos se partagent la charogne du trou bĂ©ant laissĂ© par son slot de trois heures.

Direction ensuite la scĂšne Chaman, dont la dĂ©co est la plus aboutie. Son intimitĂ© en fait la scĂšne la plus agrĂ©able, avec sa douce colline qui surplombe le dancefloor, le cachant un peu, et un cours d’eau qui complĂšte le dĂ©cor en arriĂšre-plan. Les membres de Good Sisters, certes initialement prĂ©vus sur la scĂšne Woody, profitent finalement d’un cadre bien plus enchanteur. Et d’enchantements il est bien question avec Piu Piu et son set d’une classe folle, alors que nous nous abritons sous les arbres lors des quelques goutes de pluie. Andy 4000 prend la suite, les esprits s’échauffent, les corps se dĂ©membrent, entre baile funk, trap, et samples de Dragon Ball Z. Sur la scĂšne Mirror en revanche, c’est la foire, la machine Ă  laver le cerveau. Les trublions de Casual Gabberz nous emportent dans une dĂ©flagration de BPM, le tout avec une prĂ©cision certaine et inattendue pour ce style vulgairement gĂ©nial. C’est d’une simplicitĂ© insolante, c’est grisant, mais comme Matthew McConaughey sur cette horrible planĂšte dans Interstellar, une heure passĂ©e ici coĂ»te sept annĂ©es sur Terre, alors on ne s’éternise pas. Pour la fin, c’est retour au bercail sur la scĂšne Woody, devenue une seconde maison pour la journĂ©e. Flore rĂ©gale comme Ă  son habitude, enchaĂźnant les sorties futures et passĂ©es de son label POLAAR, saupoudrĂ©s d’autres sucres rapides. Ce sont GREG et King Doudou qui clĂŽturent pour les derniers vaillants. Tout commence calmement, sur des riddims langoureux, et se finit dans l’allĂ©gresse. On rentre fatiguĂ© mais heureux d’avoir retrouvĂ© ce que le Covid nous avait enlevĂ© pendant un an et demi, une Ă©ternitĂ©.

La scÚne Woody et son magnifique sound system / © Geoffrey Hubbel

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