🎪 Les nouvelles couleurs du Peacock Society Festival : on vous raconte
Puisque le desÂtin des organÂisaÂteurs d’évènements fesÂtifs est cette annĂ©e soumis au bon vouloir des courbes sanÂiÂtaires, c’est en extĂ©rieur et en pleine journĂ©e que nous retrouÂvons cette annĂ©e le PeaÂcock SociÂety FesÂtiÂval, petit frère Ă©lecÂtronÂique du We Love Green. Adieu le bien-aimĂ© Parc FloÂral, dont le fesÂtiÂval tire son nom puisque peuÂplĂ© par les paons, (peaÂcock en anglais), pour le plus Ă©loignĂ© mais non moins bucolÂique parc de Choisy — Val-de-Marne Ă CrĂ©teil.
Sur l’inÂterÂminable chemin qui mène au fesÂtiÂval depuis le RER, on en entend qui râlent un peu sur le prix des bilÂlets. Ah!… on ne refait pas les Français. Mais il faut dire qu’à près de cinquante euros la journĂ©e, se payÂer quelques heures de dĂ©fouloir au milieu des pailÂlettes et des chemisÂes Ă fleurs n’est pas Ă la portĂ©e de toutes les boursÂes. « C’est cher la PeaÂcock cette annĂ©e ! » Or, râler sur le prix, c’est comme dire la PeaÂcock, c’est sans fondeÂment. DĂ©jĂ parce que c’est un fesÂtiÂval, et pas n’imÂporte lequel, le plus gros fesÂtiÂval de musiques Ă©lecÂtronÂiques d’Île-de-France. Le parc est giganÂtesque, l’organisation impecÂcaÂble, il y a mĂŞme des perÂsonÂnes aimables qui disÂtribuent de l’eau depuis une sorte d’énorme sac Ă dos qui ressemÂble Ă un jet-pack. Tout cela, si on y ajoute une proÂgramÂmaÂtion mastodonte, a un prix. Ă€ titre de comÂparaÂiÂson, une journĂ©e au DekÂmanÂtel coĂ»te dans les 70€, de mĂ©moire, et pour 25€, on a presque l’imÂpresÂsion de ne pouÂvoir enrichir que les escrocs dans la rĂ©gion de nos jours… C’est donc l’esprit lĂ©ger de toutes conÂsidÂĂ©raÂtions logisÂtiques et le verre rapiÂdeÂment plein, rapiÂdeÂment vide, que nous dĂ©amÂbulerons au milieu des arbres et des sourires deux jours durant. Les prĂ©cĂ©Âdentes Ă©diÂtions nocÂturnes – plus Ă©lecÂtriques, plus dĂ©chainĂ©es – ont laisÂsĂ© place Ă une atmoÂsphère relÂaÂtiveÂment plus paisÂiÂble. Les cinq scènes posÂsèÂdent chaÂcune une idenÂtitĂ©, la dĂ©co du site est sobre mais traÂvailÂlĂ©e. MĂŞme les deux jours de fesÂtiÂval auront eu chaÂcun leur singularitĂ©.

©Maxime CherÂmat
Le sameÂdi, bien plus peuÂplĂ©, tout paraĂ®t très Ă©nergique. La scène la plus pĂŞchue, la scène MirÂror – ce jour-lĂ curatĂ©e par Nina KravÂiz et terÂrĂ©e au fond du parc – voit dès 13h la jeune U.R Trax dĂ©rouler un set plein de maĂ®trise, autoroutiÂer de la meilleure des façons, techÂno et acid. La scène Nomad, qui se situe juste derÂrière, est probÂaÂbleÂment celle dont le set-up est le plus agrĂ©able, avec son bel arbre bienÂveilÂlant surÂplomÂbant un danceÂfloor spaÂcieux, le tout empli d’un sysÂtème son impecÂcaÂbleÂment rĂ©glĂ©. C’est ici qu’on retrouÂve Tryphème et son live IDM chanÂtĂ©, Ă©mo breakĂ©, timide et solaire, envoĂ»Âtant et inquiĂ©Âtant. C’est ausÂsi là – rien Ă voir – qu’on retrouÂvera plus tard l’hurluberlu et cliÂvant Partiboi69, plus ou moins grimĂ© en Woody de Toy StoÂry. Son perÂsonÂnage devient de plus en plus Ă©nerÂvant avec le temps, mais l’homme derÂrière le masque assure malÂgrĂ© tout chaque set avec proÂfesÂsionÂnalÂisme. Sa techÂnique assurĂ©e dĂ©note moins que le fun qu’il vĂ©hicule et ses moves Ă la limÂite du ridicule, mais c’est pourÂtant elle qui lie le tout. RĂ©sulÂtat, c’est la BĂ©rĂ©zÂiÂna. Avance rapiÂde sans passÂer par la case SoloÂmun qui, tel un bon attaquant a attirĂ© les dĂ©fenseurs par son appel en proÂfondeur, laisÂsant des espaces. Nous, on retourne jusqu’à la scène MirÂror, clĂ´ÂturĂ©e par Blawan, prestaÂtion la plus aboutie de la journĂ©e, ce qui n’a Ă©videmÂment rien d’étonnant.
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L’aÂgrĂ©able scène Chaman © GeofÂfrey Hubbel
Le lendeÂmain, malÂgrĂ© les deux heures de traÂjet (pas une bonne idĂ©e d’essayer de sorÂtir de Paris en Jump…), la journĂ©e dĂ©bute idĂ©aleÂment sur la scène Woody squatÂtĂ©e par UnderÂscope, oĂą Slowglide terÂmine son live menÂtal et lĂ©chĂ© qui flatÂte les bassÂes du High-Bass SoundsysÂtem, un peu moins les aigus. Et si le danceÂfloor semÂble vide, ce n’est que la faute du soleil. Tout le monde applauÂdit Ă l’ombre des arbres. On apprend un peu plus tard que RicarÂdo VilÂlaloÂbos a annulĂ© son set sur la scène Solar, parce qu’il se serait pris un verre dans la gueule la veille. L’histoire ne prĂ©Âcise pas Ă l’initiative de qui. Peut-ĂŞtre est-il temps d’arrĂŞter de bookÂer ce genre d’artistes fainĂ©ants, exigeants et hors-de-prix ? Parce que derÂrière, ça se bousÂcule au porÂtillon. Sur la scène Woody par exemÂple, les cinq memÂbres de ParaÂdoxe Club se disÂputent les platines avec furie, enchaĂ®Ânant les morceaux du futur et les edits de tracks du passĂ© Ă grande vitesse. VoilĂ une vision plaisante et optiÂmiste de l’avenir, fun et pointue. Retour sur la scène Nomad, qui conÂserve son titre de la veille. The Blessed MadonÂna conÂvaÂinc, enchaĂ®ne avec aisance les morceaux Hi-NRG avec des titres plus breakĂ©s, ça sent la sueur, et il est bon de retrouÂver un pubÂlic qui saute Ă l’unisson. Sur la grande scène, les artistes invitĂ©s par VilÂlaloÂbos se partaÂgent la charogne du trou bĂ©ant laisÂsĂ© par son slot de trois heures.
DirecÂtion ensuite la scène Chaman, dont la dĂ©co est la plus aboutie. Son intimÂitĂ© en fait la scène la plus agrĂ©able, avec sa douce colline qui surÂplombe le danceÂfloor, le cachant un peu, et un cours d’eau qui comÂplète le dĂ©cor en arrière-plan. Les memÂbres de Good SisÂters, certes iniÂtialeÂment prĂ©vus sur la scène Woody, profÂiÂtent finaleÂment d’un cadre bien plus enchanteur. Et d’enchantements il est bien quesÂtion avec Piu Piu et son set d’une classe folle, alors que nous nous abriÂtons sous les arbres lors des quelques goutes de pluie. Andy 4000 prend la suite, les esprits s’échauffent, les corps se dĂ©memÂbrent, entre baile funk, trap, et samÂples de DragÂon Ball Z. Sur la scène MirÂror en revanche, c’est la foire, la machine Ă laver le cerveau. Les trublions de CasuÂal GabÂberz nous emporÂtent dans une dĂ©flaÂgraÂtion de BPM, le tout avec une prĂ©ÂciÂsion cerÂtaine et inatÂtenÂdue pour ce style vulÂgaireÂment gĂ©nial. C’est d’une simÂplicÂitĂ© insolante, c’est grisant, mais comme Matthew McConaughÂey sur cette horÂriÂble planète dans InterÂstelÂlar, une heure passĂ©e ici coĂ»te sept annĂ©es sur Terre, alors on ne s’éternise pas. Pour la fin, c’est retour au bercail sur la scène Woody, devÂenue une secÂonde maiÂson pour la journĂ©e. FloÂre rĂ©gale comme Ă son habiÂtude, enchaĂ®Ânant les sorÂties futures et passĂ©es de son label POLAAR, saupoudrĂ©s d’autres sucres rapiÂdes. Ce sont GREG et King Doudou qui clĂ´Âturent pour les derniers vailÂlants. Tout comÂmence calmeÂment, sur des ridÂdims lanÂgoureux, et se finit dans l’allĂ©gresse. On renÂtre fatiguĂ© mais heureux d’avoir retrouÂvĂ© ce que le Covid nous avait enlevĂ© penÂdant un an et demi, une Ă©ternitĂ©.

La scène Woody et son magÂnifique sound sysÂtem / © GeofÂfrey Hubbel