Live report : Astropolis l’Hiver, la transe en danse

Du 10 au 12 févri­er, on est allé vibr­er à Brest pour le fes­ti­val Astrop­o­lis l’Hiver ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela n’a pas été de tout repos, mais furieuse­ment enivrant. 

Astrop­o­lis l’Hiver ça com­mence fort ! On ne savait pas que la Bre­tagne se situ­ait dans un autre fuse­au horaire. Il est à peine 19 heures et La Passerelle (cen­tre d’art con­tem­po­rain brestois abri­tant la scène Fac­to­ry du fes­ti­val) adopte déjà des allures de peak time. C’est le live synth-punk sauce gab­ber du duo Aude Vais­selle et BRAVO BÉTON! que l’on entend reten­tir au cœur de ce lieu immense et haut de pla­fond. Dans le pub­lic ? L’anarchie. Les pogos s’enchaînent, les crêtes iro­quois­es se bal­an­cent, Aude Vais­selle, dans un élan d’adrénaline, se jette dans le pub­lic qui le soulève, le porte et le propulse dans les airs. Il en a même per­du sa cas­quette ! On bous­cule, on crie, on saute… Et on s’en fout. C’est la libéra­tion des corps et ça annonce le ton d’As­trop­o­lis l’Hiver 2023. Un moment hors du temps où seule la musique compte. Et les potes aussi.

 

© Stéphane Mar­cault — Aude Vaisselle

 

Libérer les corps et les esprits

Ça y est, les esprits et les corps échauf­fés, il est l’heure d’atteindre le ring prin­ci­pal d’Astropolis l’Hiver : le Bunker Palace à La Carène. Tem­ple des musiques actuelles à Brest où vont défil­er, le temps d’un week­end, pro­duc­teurs et pro­duc­tri­ces puis DJ de renom. Mais avant de com­mencer à chalouper, petit arrêt à la déguisothèque de la friperie 913 Ensem­ble. La cav­erne d’Ali Baba : coiffes indi­ennes, lunettes sur­di­men­sion­nées, per­ruques, chemis­es pail­letées… Ajoutez à cela une banane puis une pinte de blonde et vous obtien­drez le starter pack com­plet des fêtards de l’Astro. Une fois apprêtés, ils sont passés ‑et nous aussi- par tous les états lors du DJ-set de Lena Wil­likens B2B Vladimir Ivkovic. Pour cette per­for­mance de deux heures, on a pris de la hau­teur. Du bal­con, on peut réalis­er l’ampleur de la foule. Foule qui se meut au rythme d’une track-list ver­sa­tile mais extrême­ment con­va­in­cante entre IDM, psy­chédélisme, rave 90s, down­tem­po, trance et bass music. La promesse de voy­age est tenue pour tous ces corps en mou­ve­ment. 

Le décor est posé. Astrop­o­lis, c’est une cathar­sis par la teuf. Élever son âme à coups de kicks et de pas de danse endi­a­blés. Ne pas savoir danser mais se laiss­er porter par une ambiance générale, une atmo­sphère enivrante, en oubliant le regard des autres. Car il n’y en n’a pas. Et pour cela, on remer­cie GЯEG et Sylvère venus représen­ter le col­lec­tif La Créole pour la pre­mière fois à Brest. Ils ont investi Le Club de La Carène pen­dant qua­tre heures et on ne voulait pas qu’ils arrê­tent tant l’ambiance était explo­sive. Des danseurs et danseuses infati­ga­bles qui enchaî­naient des choré­gra­phies de vogu­ing en se lais­sant saisir par la musique, pour le plaisir d’un pub­lic essayant de les imiter. Quoi de mieux que cette scène pour libér­er les corps et les con­sciences ? La transe en danse !

 

@ Morganographe — La Créole

Gros coup de cœur égale­ment pour le DJ-set de SPFDJ. Avec elle, aucun répit. Lunettes de vitesse parées, t‑shirts retirés, les corps bondis­saient au son des décharges acid, trance et hard­core. Une météorite. 

 

Des lives d’exception

On ne vous appren­dra pas qu’un fes­ti­val est fédéra­teur. Mais l’Astro c’est un mélange de généra­tions, à l’image d’une pro­gram­ma­tion éclec­tique. Des jeunes venus faire la fête, des ama­teurs et des ama­tri­ces de musique élec­tron­ique, des enfants accom­pa­g­nés de leurs par­ents ‑la relève- puis des per­son­nes plus âgées venues prof­iter de l’hap­py hour. On a même fait une ren­con­tre : Jean, un sep­tu­agé­naire habi­tant le quarti­er est passé par curiosité voir “com­ment les jeunes gens font la fête en 2023”. Et puis on a par­lé de la musique. Il nous a avoué que ce qui se jouait n’était pas trop son style, et que, selon lui, la musique élec­tron­ique manque d’instruments acous­tiques et donc d’émotions. Une musique robo­t­ique. Pour démen­tir ses pro­pos on aurait aimé l’embarquer avec nous car de l’é­mo­tion, on en a eu. Beau­coup. Astrop­o­lis l’Hiver nous a offert des plateaux live excep­tion­nels entraî­nant une réelle com­mu­nion entre les artistes et le pub­lic. Et entre les artistes eux-mêmes. 

Con­traire­ment à ce que Jean pense, la musique élec­tron­ique, c’est de la musique. Et ça, le duo Véronique Sam­sung nous l’a prou­vé avec justesse ! Avec seule­ment deux valis­es de machines, une gui­tare et sans infor­ma­tique, Clé­ment Cos­set et Tom Nom­iné ont délivré une per­for­mance live en impro­vi­sa­tion ‑et en fonc­tion de l’humeur du public- de leurs titres phares. Mais ce qu’on a aimé par dessus tout, c’est leur com­plic­ité : ils n’hésitent pas à se com­pli­menter quand l’un lâche une bonne mélodie au clavier, ou que l’autre gère le drop d’une main de maître. Ils ont mis tout le monde d’accord, nous y com­pris. Même con­stat pour les potes et com­plices toulou­sains Pablo Bozzi et Kendal qui nous ont présen­té leur side-project, Infrav­i­sion. Au devant de la scène pour leur per­for­mance, on a été trans­porté pen­dant un peu plus de deux heures dans leur univers futur­iste ins­tigué par une sélec­tion de tracks EBM, italo-disco et trance des années 1990–2000. On a enten­du des “Je vous aime !” hurlés dans le pub­lic. C’est les émo­tions !

 

© David Boschet — Infrav­i­sion (Pablo Bozzi et Kendal)

 

Mais on s’est surtout égosil­lés pen­dant le live de Kit­tin & The Hacker. Pour l’Astro, ils nous ont emporté à leurs débuts en jouant leurs tracks iconiques. Dès les pre­mières notes, l’assemblée chan­tait déjà en chœur les paroles de “Frank Sina­tra”, “1982” ou encore “PPPO” tout en cri­ant “Allez Car­o­line !” en atten­dant d’entendre réson­ner sa voix légendaire voltiger à tra­vers la Grande Carène. Un moment de partage, entre deux références de la musique élec­tron­ique et un pub­lic comblé. On a même retrou­vé nos teufeurs aux crêtes iro­quois­es col­orées et mulets bien coif­fés, se bal­ancer puis taper du pied jusqu’à ce qu’ampoules s’en suiv­ent ! Le résul­tat d’un pub­lic qui a vécu cette édi­tion d’As­trop­o­lis l’Hiver du début à la fin, inlassablement.

 

© David Boschet — Kit­tin & The Hacker

 

Meilleur Moment : Quand La Créole a fait mon­ter le pub­lic bre­ton sur scène au son du track de De Gran­di, “La Teknoz”. Magis­tral.

Pire Moment : Le manque de trans­ports face à la grève qui nous a fait louper la fameuse sieste électronique…

(Vis­ité 737 fois)