© Tony Noël

Live report : aux 20 ans de Nuits sonores, le festival qui ne dort jamais

Du 17 au 21 mai 2023, Nuits sonores fêtait ses 20 ans. Et comme chaque année on a retrou­vé des fes­ti­val­ières et fes­ti­va­liers plus motivés que jamais, une pro­gram­ma­tion ‘pincez-nous-on-rêve’ ain­si qu’une ambiance incroy­able­ment bien­veil­lante. Alors pour faire hon­neur à ce bel anniver­saire, on a voulu relever un défi : faire trois days et qua­tre nights. Sportif n’est-ce pas ? Autant vous dire que nos jambes s’en sou­vi­en­nent et qu’on n’a pas beau­coup dor­mi. Un mal pour beau­coup de bien : on vous raconte.

Mai, la sai­son print­anière bien entamée, tout le monde attend déjà que l’été pointe le bout de son nez. En effet, pour les ama­tri­ces et ama­teurs de musique, ‘été’ sig­ni­fie ‘fes­ti­vals’. Mais qui a dit qu’il fal­lait for­cé­ment atten­dre pour aller taper du pied ? Per­son­ne. Et Nuits sonores compte bien le prou­ver. Chaque année l’événement lyon­nais ouvre le bal, et ne fait pas les choses à moitié. S’étendant sur cinq jours, le fes­ti­val fait danser jours et nuits, sans com­pro­mis. L’entreprise est ardue, pour­tant per­son­ne ne sem­ble se décourager. Lunettes de soleil parées, bananes attachées, bobs ou cas­quettes vis­sées, pail­lettes appliquées, puis pinte de blonde à la main, les fes­ti­val­ières et fes­ti­va­liers n’ont peur de rien. Même pas des petites avers­es qui sont venues saluer. Rien ne les empêche d’aller vibr­er devant les artistes présents pour les vingt ans, quoi qu’il en coûte. 

Nuits sonores, ce sont dix fes­ti­vals en un. Entre les open-airs gra­tu­its dans le cen­tre de Lyon, les qua­tre con­certs de Dark­side au SUBS, la pro­gram­ma­tion super éclec­tique des days à la Sucrière (divisée en qua­tre espaces : le Azar Club, la salle 1930, Le Sucre et l’Esplanade) ain­si que les nuits endi­a­blées du H7, du Sucre et des usines Fagor-Brandt. À tel point que vous pou­vez con­stru­ire votre par­cours musi­cal sur-mesure. Et évidem­ment ‑vous nous connaissez- on a choisi de faire un fes­ti­val 100% musiques élec­tron­iques, entre nou­velle scène et vieux de la vieille. 

 

Faille spatio-temporelle 

Jeu­di 18 mai, 16 heures au Azar Club. Mac Dec­los déguste tran­quille­ment une banane en enchaî­nant back spins et tricks de DJ sur ses qua­tre platines. Trois heures plus tard, on y est tou­jours. On doit même avouer qu’on n’a pas vu le temps pass­er, ni même la salle se rem­plir tant on a été hap­pé par sa tech­nique… À peine le temps de nous en remet­tre que Vel débar­que. Dernière recrue de Mama Loves Ya, elle maîtrise les kicks comme per­son­ne. Lyon­naise d’adoption, c’est à Nuits sonores qu’elle a choisi d’interpréter son live, comme à la mai­son. Tan­dis que la foule s’échauffe et qu’une file de cinq kilo­mètres de long ‑on abuse à peine- se forme devant le Azar Club, Vel bal­ance ses dernières décharges élec­tron­iques. Au même moment, un maître des vinyles et de la rave 1990 s’in­stalle à ses côtés : Héc­tor Oaks. Change­ment de plateau. 22 heures. On est restés danser six heures au même endroit. Même si la fatigue se fait sen­tir, on s’est per­mis une dernière sucrerie du nom de LSDXOXO à l’Esplanade devant les deux énormes silos de la Sucrière. L’icône de la scène under­ground new-yorkaise a su séduire le pub­lic avec son con­cert aux univers mul­ti­ples entre chant, danse et DJ-set per­cus­sif. 

 

© Juli­ette Valero

 

À lire sur Tsugi.fr : 🔊 Mac Declos x Nuits sonores x TGV INOUI : créer un track sur un Paris-Lyon

 

17 heures le lende­main. À peine le temps de se remet­tre de la veille, qu’on se retrou­ve embar­qué dans une che­nille géante devant le set de CC:DISCO!. Ambiance bon enfant. Per­chée sur la scène 360º de la salle 1930 et fidèle à elle-même dans sa sélec­ta, elle a su enchaîn­er clas­siques dis­co et house con­tem­po­raine. L’amuse-bouche par­fait avant d’assister au live de Camion Bazar. Dans les miroirs sur­plom­bant la scène, on réalise l’ampleur de la foule présente lorsque Romain et Benedet­ta arrivent pour con­trôler leurs machines et jouer les morceaux de leur dernier EP, Alter­ation. Ils nous en ont fait voir de toutes les couleurs. “Are your eyes burn­ing or is it the acid kickin’ in ? Et sans trop s’en ren­dre compte, on s’est vit retrou­vé le lende­main, tou­jours au même endroit, devant le clos­ing des days ryth­mé par la tech­no berli­noise de la papesse Ellen Allien qui, vingt ans plus tard, nous fait tou­jours autant rêver. 

 

 

Dernières danses aux usines Fagor-Brandt 

23 heures, tramway bondé. Dès qu’on y entre, on peut enten­dre crier : “Bien­venus à tous dans le tramway de Nuits sonores, c’est par­ti pour la night !” Évidem­ment, chaque soir tout le monde descend au même endroit. Mais bien­tôt, le glas son­nera. Si cer­tains vien­nent danser au cœur des anci­ennes usines Fagor-Brandt pour la pre­mière fois, d’autres habitués s’apprêtent à leur dire adieu. L’année prochaine, une par­tie des pro­grammes de Nuits sonores démé­nagera dans l’ancien tech­ni­cen­tre Oullins-Machines. Alors pour cette dernière, ça a été explosif. 

Dans l’obscurité de la nuit, l’immense hangar des usines Fagor qui abrite la scène prend des airs de Print­works. Tout en longueur et munie de lasers, cette ware­house pousse le pub­lic à se sen­tir en immer­sion au cœur de l’histoire des musiques élec­tron­iques. Alors, autant écouter des légen­des ? On a été servi. Le pre­mier soir, ce n’est autre que le prince de la tech­no, Richie Hawtin qui nous a fait danser tout le long de son set de deux heures. Mais on a aus­si eu la chance de voir le live de Mar­cel Dettmann, fig­ure de la scène berli­noise et du fameux Berghain. Pour couron­ner le tout, ce dernier a lais­sé sa place à la reine tech­no du moment, Anetha. Un set qui restera notre coup de cœur du fes­ti­val entre trance, kicks groovy et influ­ences rave, elle a mis tout le monde d’accord. On a même enten­du des gens dire qu’il s’agissait de “la meilleure night du fes­ti­val”.

Enfin Partiboi69 et LB aka Labat, for­mant le duo le plus déjan­té du moment, se sont occupés du clos­ing des usines Fagor-Brandt devant un pub­lic en folie, enchaî­nant morceaux tech­no et ghet­to. Ils ont même réus­si à plac­er un remix de “Pump It” des Black Eyed Peas made in Prozak pour le plus grand plaisir des fans des années 2010. Et c’était majestueux. Dernier coup d’œil vers la scène, la foule et les lumières puis on dit adieu aux usines Fagor, et on se dit à l’année prochaine à Nuits sonores. Pour l’heure, faut qu’on aille dormir. 

 

 

Meilleur moment : Mac Dec­los ne nous avait pas men­ti : il mange réelle­ment des fruits pen­dant ses sets.

Pire moment : Dif­fi­cile de choisir un seul lieu par night. On a donc loupé ‑con­tre notre gré- Deena Abdel­wa­hed b2b Flo­re b2b GLITTER55. Choin choin.

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