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27 octobre 2023

Live report : Black Country, New Road au Trianon, art rock sensationnel

par Léa Formentel

Franchement curieux de ce qu’on allait voir en live  —car c’est un peu « la sensation rock » Black Country, New Road— c’est pourtant entre deux sons de cloches différents que l’on partait pour le Trianon. Pas déçu du voyage pour autant, c’est ce que l’on ressort de cette expérience : car c’est finalement le terme le plus approprié pour ce qui s’est passé ce jeudi 26 octobre.

Pour certaines et certains, Black Country, New Road c’est un peu la révélation rock depuis leur premier succès sous ce nom de groupe, avec « Sunglasses » sorti en 2019. Avant cela, BCNR (autre surnom du groupe) existait sous le nom de Nervous Conditions. Mais cela ne dura pas puisque son frontman, à la suite d’accusations d’agression sexuelles se fera bientôt remplacer par Isaac Wood. Une place que Wood quittera lui aussi -pour d’autres raisons (santé mentale) cette fois- en 2022. Décidément peu épargné pas les départ, ce jeune groupe constitué de six membres poursuit néanmoins sa carrière depuis quatre ans déjà.

En ce qui concerne le live, deux sons de cloches, avait-on entendu : le premier dépeignait un concert de folie, quand le deuxième rapportait plutôt un live de fin d’année d’élèves du conservatoire… C’est donc dans un mood assez neutre que l’on s’est rendu au Trianon ce soir-là.

 

Platonica Erotica

Avec pour formation une claviériste-chanteuse, une bassiste, un violoncelliste et un batteur, le groupe Platonica Erotica débutait la soirée. Très vite, on fait l’association : un style proche de celui de BCNR, irait-on jusqu’à dire « pâle copie » ? Ou peut-être est-ce simplement ça, l’avenir du rock. Hannah -la chanteuse- le dit elle-même, le groupe joue des « sad rock songs » dans un lieu particulièrement adapté, à la forme taillée pour l’opéra.

Il faut dire que le Trianon est une ancienne succursale de l’Opéra Comique spécialisée dans l’opérette. Ce n’est donc pas par hasard, si la salle affiche une architecture digne d’un théâtre à l’italienne, avec deux balcons qui permettent une vue plongeante sur la scène. Des chansons de rock triste donc, qui annonçaient la couleur de ce qui allait suivre.

Black Country, New Road

Vient le moment tant attendu : l’arrivée sur scène des six qui composent le groupe anglais. Et c’est sur le titre « One More Time » du duo Daft Punk (décidément ils sont partout, ces deux-là) que les Anglais font leur entrée. Ce soir, dans une ambiance électrique, le groupe d’amis s’est réuni pour célébrer cette épopée musicale. Les fans, toujours fidèles, se sont donné rendez-vous pour un moment mémorable.

Le set débute avec « Up Song » extrait de Live at Bush Hall, un album live sorti en mars de cette année où l’on peut entendre le touchant « Look at what we did together/BCNR, friends forever« . S’enchaîne, « The Boy« , presque exécuté comme une chorégraphique et qui a laissé le public ébahi : les musiciens y ont changé d’instruments avec une fluidité déconcertante. Passant d’une formation saxophone-guitare-batterie-violon à flûte traversière-guitare (jouée comme un violoncelle avec un archet-batterie-violon-clavier/accordéon joué par la même personne.

Une joyeuse cacophonie s’est emparée de la scène, mais étonnamment, tous ces sons disparates se sont parfaitement imbriqués pour créer quelque chose d’unique.

BCNR ce n’est pas une simple performance, mais une aventure sonore à part entière : on savait à peu près à quoi s’attendre, à l’écoute des albums studios. Mais ce qui frappe aussi chez eux, c’est l’utilisation des silences, qui fait entièrement partie du show et la réponse du public, qui écoute religieusement. Les membres du groupe étaient visiblement émus de se produire à Paris à nouveau : « it is so special for us to play in Paris again » expliquent-ils entre deux chansons. Et la foule les a acclamés chaleureusement à chaque fin de titre. La salle était pleine à craquer, et une ambiance électrique régnait dans l’air.

 

 

Lorsque une des chanteuses/guitariste a entamé un solo, un « yeah » exalté s’est échappé d’un des membres du public, ce à quoi la musicienne a répondu par un rire complice. Dès les premières notes de violon « Across the Pond Friend » : des cris, des mains en l’air et surtout, des têtes qui se sont mises à hocher en rythme de bas en haut, en chœur. Un moment où l’alchimie entre les artistes et leur public s’est exprimée de manière remarquable. La foule les acclame à chaque fin de morceau, la salle est comble, c’est presque beau à voir.

En fin de compte, Black Country, New Road à Paris aura été expérience musicale qui a captivé et enchanté le public. La combinaison unique d’art rock et de l’utilisation de tous ces instruments, a créé une soirée inoubliable, confirmant la réputation grandissante du groupe.

Clairement là pour défendre leur album paru en mars dernier —puisque de toute manière ils ne jouent plus de chansons où Isaac Wood apparaît. On peut dire que les musiciens ont apporté un souffle d’air frais à la scène musicale parisienne. Et leur passage restera longtemps gravé dans la mémoire des fans présents ce soir-là.

Pour vous faire une idée de ce que ça donne en live, vous pouvez écouter Live at Bush Hall :

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