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Mac Declos - © Marion Sammarcelli
18 septembre 2023

Live report : Dream Nation 2023, l’union fait la force

par Théo Lilin

Pour ses dix ans, le festival s’accaparait le parc des expositions Paris Nord pour célébrer les musiques électroniques les plus hard, dans un moment de communion exceptionnel. On y était, on vous raconte.

Les usagers du RER B vont s’en souvenir. Samedi, 22 heures, Gare du Nord. Les t-shirts griffés « I love dubstep », les panoplies flammes et les casquettes Rampage, une bière à la main, s’engouffrent dans le train, sous les yeux quelque peu déstabilisés des habitués de la ligne à cette heure-ci. Soudain ça déraille, un groupe d’impatients allume une enceinte, qui se met à cracher de la dubstep dans toute la rame. À peine arrivés, les festivaliers se brisent déjà la nuque en rythme. Prochain arrêt : Parc des expositions. Terre d’accueil, pour deux nuits, de la grand-messe des musiques électroniques.

Comme son nom l’indique, le festival Dream Nation prend le parti de plonger son public en plein rêve. Mais ne vous méprenez pas, on n’y dort pas. On y danse plutôt -et pas qu’un peu. Car depuis dix ans maintenant, le festival entend célébrer les genres les plus hard des musiques électroniques. Sur deux soirées, on a pu voguer entre techno, hard techno, tekno, core, dub, dubstep, drum n bass, trance, psytrance et un takeover survolté du collectif le plus y2k de Paris, La Darude. Spoiler alert : c’était fou. Difficile donc de s’en échapper samedi. Pour autant, ce beau mélange aura eu pour victoire de ravir tous les univers. 

 

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© Marion Sammarcelli

 

Entre les trois scènes réparties sur le parc des expositions de Villepinte, et les bars installés à proximité, quelques stands sous des tentes proposaient des produits dérivés : des bobs bien kitsch comme on les aime, ou encore des t-shirts et pulls à l’effigie des artistes au line-up. Des hamacs ont été installés, histoire de faire une petite sieste stratégique et assurer toute la nuit. Mais difficile pourtant d’isoler ses oreilles du grondement des kicks, ou ses yeux des nombreuses lights illuminant la verdure, aux quatre coins du parc. Et pour couronner le tout, on a même eu droit à deux attractions, dont un manège à sensations fortes, installé à quelques mètres des stages. Enfin ça, c’était sur le papier. Parlons très brièvement des auto-tamponneuses, pourtant indiquées sur le plan, mais introuvables sur place – pas faute d’avoir cherché dans tout le parc. Et au moment de se mettre dans la file pour le grand manège – qui nous faisait de l’œil depuis notre arrivée – on a rapidement été refroidi par le prix de la place (dix balles quand même). Mais qu’importe, à Dream Nation, on n’a pas eu besoin de grands huit pour se retourner le cerveau. 

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Au bout de ces deux longues soirées, clivages électroniques et discours de chapelle ont été définitivement brisés, pour unir le public autour d’un seul et même genre. Jusqu’au bout de la nuit. Union devant et derrière les platines qui a commencé de la meilleure des façons vendredi, avec une scène techno incendiaire, accélérée très tôt par Mac Declos, qui embraye après Prauze sur une techno bien groovy. Alors que l’espace commence peu à peu à se remplir devant la scène, il met tout le monde d’accord avec son classique « I wanna see u move » – qu’il distribue une première fois, puis en closing, et hypnotise l’auditoire avec des sons comme « Pump up the jam », revisités en bombes rave. Héctor Oaks monte le son un cran au plus fort, et envoie les festivaliers dans un autre univers, échangeant les vinyles avec des kicks boostés. Ellen Allien complète le tableau avec un set enflammé et des beats métalliques, qui résonnent jusque sur la scène hard. 

 

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Héctor Oaks – © Marion Sammarcelli

 

Sueur et VJing

Ici, les frontières de la musique électronique ont été bannies. Et on assiste à une belle communion autour des genres les plus hard et de leurs publics. La preuve sur la troisième scène – située en plein milieu du fest’ -, noyau dur de toutes les sonorités psytrance et hard techno, avec leur lot de sons ultra saturés. Bon, le mélange se fait parfois un peu trop entendre quand, sur la scène hard, on avait parfois un peu de mal à bien entendre sans avoir les échos des deux autres scènes, situées de part et d’autre. La ferveur entre artistes et public ne s’est pas non plus arrêtée aux abords de l’espace hybride : une foule déchaînée et hyper réceptive a répondu présent aux envolées salement brutales des cinq de Bagarre, assénant leurs classiques dont « Kabylifornie » – suivi sans attendre d’un « 1, 2, 3, viva l’Algérie » – ou repassant « Pursuit of Happiness », reçu par le public comme un hymne éternel. L’union par la sueur, et à grosses gouttes de préférence.

 

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Contrefaçon – © Marion Sammarcelli

 

À peine le temps de s’essuyer, que Contrefaçon est venu brûler à nouveau un public toujours aussi réceptif. Profitons de ce moment pour le dire haut et fort : la scénographie nous a littéralement assommés – les stroboscopes en rafale piquaient nos yeux sur la scène dub, en fin de nuit. Il faut le dire, les références du VJing FEMUR, Rabbit Killerz et The Hybrid Project n’ont pas fait les choses à moitié. Et tout particulièrement pour la prestation de Contrefaçon, à grands coups de memes d’Internet et d’images de manifs, style barricades en feu. « Ça fait du bien de pouvoir foutre la merde avec vous », conclut l’un des quatre membres du groupe, aux influences punk-rock, avant d’enchaîner sur le « Killing in the Name » de RATM, et de passer le remix de « Heads Will Roll » par Nia Archives. Les lights et la scénographie de fou furieux nous ont tout aussi régalés sur la scène dub, mêlées à une drum n bass qui découpe, aidée par des subs à rallonge.

 

Rapide – mais importante – parenthèse vestimentaire. Car ici tout brille, des guirlandes autour du cou, aux ensembles à paillettes sur lesquels rebondissent les lumières des scènes… en passant par les néons sur les robes des circassiens traversant le festival sur des échasses ! Sur le stand de la customerie, sorte de mini-brocante funky, on pouvait même trouver pas mal de vêtements et accessoires pour briller en société (voir ci-dessous). L’union par le style, définitivement. Et comment parler style sans évoquer La Darude, qui s’est emparé de l’une des scènes du samedi soir. Disons-le sans aucune retenue sur les hyperboles : la prestation était i-mmen-se. Entre le show de Die Klar, venu aspirer notre âme, et les remixes de Manu Chao et Katy Perry (si si) par Eargasm god – maillot du Real sur le dos -, qu’il transforme, dans une euphorie générale, en rave techno, on a été servis. Notons enfin le B2B légendaire Von Bikräv et Paul Seul, qui ont atomisé la foule sur des vibes trance et hard core.  

 

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© Marion Sammarcelli

 

Pire moment : déjà quand on a compris qu’il n’y aurait pas d’auto-tamponneuses – grosse baisse de moral. Puis quand on a voulu se rabattre sur le manège à sensations fortes, jusqu’à ce qu’on se refroidisse après les dix euros demandés pour y entrer

Meilleur moment : la presta’ du collectif La Darude, évidemment. Une pure folie

 

 

Marion Sammarcelli et Théo Lilin

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