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© David Kawika
6 juin 2023

Live report : Festival Yeah!, un anniversaire (très) réussi !

par David Kawika

Du 2 au 4 juin 2023, on s’est rendu au Festival Yeah pour célébrer dix ans de fête -vraiment- pas comme les autres. On vous raconte ! 

Parenthèse enchantée dans ce monde de brutes, le Festival Yeah! a soufflé ses dix bougies en grande pompe mais sans renier l’esprit originel de cet événement chaque année tant attendu, planté dans le somptueux décor de Lourmarin dans le Luberon. Son château du 15e siècle, qui surplombe le village, est l’épicentre de trois jours de folie où tous nos sens sont mis en éveil. Chaque minute comme chaque son comptent. Alors qu’il avait majestueusement ouvert le festival l’an passé sur la scène de la Vieille Ferme, Gaspar Claus avait à l’époque proposé aux programmateurs – alors qu’il était dans un certain état d’ébriété – d’animer les inter-plateaux. Il a été pris au mot et c’est en mode selector qu’il a eu la charge de quatre DJ-sets éclectiques entre les concerts, s’excusant régulièrement au micro d’être un violoncelliste et non un DJ. Ce qui ne l’a pas empêché de faire se déhancher les premiers rangs à coups de grands écarts allant de « Boombastic » (Shaggy) à « La Bamba » en passant par « Tellement Je T’aime » (Faudel) et l’hymne « Meet Her at the Loveparade » (Da Hool). Ça passe ou ça casse. Il finira même debout sur sa chaise, joyeux luron bras en l’air, à haranguer la foule. « Je n’avais jamais fait ça de ma vie, je n’en menais pas large, mais c’était tellement drôle. Je voulais mettre des choses de mauvais goût surtout, des poncifs reconnaissables par tous dès la première seconde », nous a-t-il confié.

 

(Re)lire le live report de 2022 : 3 ans plus tard, le festival Yeah! revivait au rythme de la chaleur et du bon son

 

Dans le ciel, la lune presque pleine fait sa belle, énergise les âmes et envoûte les cœurs. L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp fait monter la sauce. Collectif protéiforme et bucolique d’une douzaine d’âmes, mélange entre Arcade Fire et Fleet Foxes à la sauce franchouillarde. Folk à souhait et loin d’être déplaisant. Collectif écossais d’Edimbourg qu’on croirait tout droit sorti d’un loft-atelier de Brooklyn, Young Fathers électrise la cour du château avec son hip hop mâtiné de pop et d’électro. Génial pour les uns – comme Nicolas Galina, l’un des deux programmateurs -, foutraque et plombant pour les autres, qui préfèreront se presser au stand « Anti-Yeah! » savourer un rougail-saucisses prétendument le meilleur du monde, aux dires de deux festivalières plus que convaincues. De toute façon, pour Laurent Garnier, le plus important dans un festival c’est la bouffe.

French 79 clôt cette première soirée avec son electro solaire, qui plait à la jeune génération conquise au premier rang, comme aux plus anciens. « Il est meilleur que Vitalic » nous assure, accompagné d’une tape dans le dos, un jeune quarantenaire convaincu par le son du Marseillais qui trouve que Vitalic, justement, c’était mieux avant. On a le droit de ne pas être d’accord. La fin du set est efficace, passant des machines aux percussions avec un certain allant et sens de la fusion.

 

Festival Yeah!

French 79 © David Kawika

 

Samedi : full moon et millefeuilles

Jacques – David Kawika

On nous avait prévenu : attention les places sont limitées ! A 16h le samedi, un an après le très marquant concert de Mendelson, on se rue à l’auditoriumde la Fruitière Numérique pour une expérience sonore aussi originale que jouissive avec le trublion Jacques. Pendant que la salle se remplit très lentement, le chevelu faussement dégarni entame la conversation avec le public depuis la cabine régie, tout en bidouillant des sons sur Abbleton live, projeté en grand sur le mur de la scène. Où sont par ailleurs entreposés sur une table des objets divers et variés allant du nounours Duracel à un mixeur en passant par une pomme de pin. Après 20 minutes d’échange et la salle -enfin- remplie, Jacques déboule sur scène, la tchache facile, présente son projet « Vidéochose », un film sonore de 14 minutes, mêlant courtes vidéos de sons d’oiseaux, de nature, bruits de chantiers, etc. Nous serons les cobayes d’un mille-feuilles aussi déroutant que captivant, qu’il a prévu de rallonger au fil des 15 jours de sa résidence à Lourmarin. Avant une tournée française et une date déjà prévue à la Gaité Lyrique à Paris le 11 janvier 2024.

 

Le reste du village est en ébullition, les basses vibrent dans tous les coins. Un joyeux bordel rempli de sourires ! Au boulodrome, les boules de pétanque swinguent au rythme des pépites endiablées disco-funk-world de la célèbre Radio Meuh. Alors que, dans les ruelles piétonnes du centre, la caravane « La Discounette » envoie du gros son et du rythme africain, les corps sont en transe. Voyage, voyage.

 

Discounette © David Kawika

 

C’est un peu rincé que le public déboule au château pour la deuxième soirée du festival. Nor Belgraad assure avec quelques morceaux tripant qui résonne encore dans nos caboches. L’excentrique Belge Jan Verstraeten reprend le flambeau et déroule une pop de lover, habillé en lapin bleu quand le reste du groupe – bassiste, batteur, deux violons et un violoncelle – est drapé de rose. A la fin du set, un ours blanc géant déboule sur scène. L’humour belge a encore frappé. Rafraîchissant !

 

Dimanche : rave au château

© David Kawika

Dimanche, dernière ligne droite à fond les ballons. Et dans la famille Garnier, on demande le fils. Un an après avoir partagé les platines avec son pape de père, Arthur Garnier (19 ans) a envoyé pendant une heure (14h-15h) un set puissant et d’une belle maturité au Hangar Yeah! – la plus petite boîte de nuit de jour – à l’heure du café et avant les premières pintes. Une paroi vitrée donne sur la grande salle dédiée au Roller Disco. Les plus jeunes enquillent les tours en rythme et avec frénésie. Direction le tennis club, 300 m plus loin, où deux membres du collectif parisien La Mamie’s distille à la cool leurs habituelles pépites house-disco-funky, quand des familles font voler des frisbees. Le set décolle vraiment au bout d’1h30 avec l’inusable « Heart of glass » de Blondie en version remixé.

À 18h, on attend toujours que le line up de la « Sunday Secret Birthday Party » soit dévoilé, entièrement concoctée par « Lolo » Garnier himself. On trépigne. Les rumeurs fusent dans tous les sens en même temps qu’un gros orage éclate. La pluie ne freine pas les ardeurs des « festivalyeah », qui se pressent au château. Le stand fripes – k-way est dévalisé en moins de deux. Si aucune annonce n’est toujours faite quant au line up, en laissant traîner les oreilles du côté des bénévoles on apprend que la soirée sera animée par les amis de la maison le couple Liminanas, The Blessed Madonna et Carl Cox ! Du très lourd ! À cause de la pluie fine, l’apéro s’éternise, notamment aux Caves du château en contrebas, où les tonnelles dépliées en urgence sont les bienvenues et où le rosé et les p’tits blancs coulent à flot. Phil de Radio Meuh se charge d’un bon warm up dans la cour, avant que Garnier et les deux acolytes du Yeah, Arthur et Nicolas Galina, annoncent au micro l’annulation des Liminanas, lesquels seront programmés pour l’édition 2024. Et la confirmation des deux mastodontes précédemment cités. Et hallelujah il ne goutte plus.

Énergique, The Blessed Madonna a balancé pendant 1h30 un set carré, du gros son de festi’, sorte de rouleau compresseur très (un poil trop ?) linéaire, et sans temps mort. Toujours aussi habile techniquement, Carl Cox a poursuivi dans la même veine vénère, en plus techno. Ça tape fort et le public est extatique. L’esprit rave mène la vie de château, c’est grandiose ! À minuit, les douze coups ont sonné, c’est la fin de la longue récré’ anniversaire. Les cœurs sont encore fougueux, les corps, eux, sont humides… inéluctablement la moiteur des sons d’une dernière journée qui restera gravée dans les mémoires et l’histoire de ce festival vraiment pas comme les autres. Et c’est pour ça qu’on l’aime. Yeah !

 

Carl Cox © David Kawika

 

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