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Live report : Juliette Armanet grandiose à la Cigale, “brûle le feu” une dernière fois

C’est la fin” : pour clore deux ans d’une incroy­able tournée, Juli­ette Armanet avait rajouté en dernière minute, trois dates à la Cigale. His­toire de ter­min­er en beauté, à la mai­son et entre afi­ciona­dos, pour un final en apothéose. On y était, et on n’a pas été déçus. Très loin de là. On vous raconte. 

Elle a pris l’habitude de déplac­er les foules et de rem­plir des Zéniths. N’en déplaise aux ado­ra­teurs de Michel. Alors quand Juli­ette Armanet a annon­cé fin août qu’elle jouerait trois soirs à la Cigale ‑capac­ité : quasi-mille spectateurs- deux semaines plus tard, pour clô­tur­er cette gigan­tesque tournée, tous les bil­lets se sont écoulés en un éclair. Trois con­certs for­cé­ment pleins d’é­mo­tion, quand on sait com­ment la tournée a trans­for­mé, révélé la chanteuse. Avec tou­jours cette énergie dévas­ta­trice, cette com­mu­nion avec le pub­lic et ce sens de la fête : un show à faire pâlir tous les mar­quis de Sade (promis, après celle-la on arrête).

Ça y est, on a notre place pour le mer­cre­di soir : le deux­ième des trois con­certs. Le Jour J on arrive tôt, juste au cas où. Comme ça, on a le temps de voir se rem­plir cette si belle Cigale, jusqu’à se trou­ver pleine à cra­quer, de la fos­se aux bal­cons. Ça grouille dans l’as­sis­tance. À 19h45 débute la pre­mière par­tie : hier c’é­tait la crack yoa, aujour­d’hui c’est le duo Lubie.

juliette armanet lubie

Lubie © Retross.E | Emma David

Pop rétro années 1980, beau­coup de syn­thés sur accords majeurs, un peu de vocoder, et des com­pos per­fusées à un mélange Depeche Mode-Daft Punk. L’ac­cueil du pub­lic est chaleureux, comme très sou­vent ici. Dans le pub­lic on remar­que pas mal de tenues à pail­lettes, certain-e‑s façon boule dis­co, d’autres “juste” réfléchissantes. Bref ça scin­tille, et c’est plus que jamais de cir­con­stance ! Change­ment de plateau, tous les instru­ments virent de scène. Sauf le piano, naturellement.

juliette armanet

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Après quelques min­utes d’at­tente, Juli­ette déboule sur scène, fringante, bal­ance un bou­quet de fleurs dans la foule, puis s’in­stalle au piano. Autour d’elle un bat­teur, un per­cus­sion­niste, deux gui­taristes et deux clav­iéristes, sous une grande arche qui ressem­ble étrange­ment au por­tail inter­di­men­sion­nel de Star­gate SG‑1. C’est par­ti pour presque deux heures de show. Dès les pre­mières paroles de “Boum boum baby”, le pub­lic chante à s’en époumon­er. On sait qu’on va pass­er une bonne soirée. Ça enchaine en douceur avec “L’épine” puis “La carte postale”. On a l’impression qu’elle sou­tient le regard de chaque per­son­ne présente dans la salle. Dans le pub­lic on lance des “Juli­ette, on t’aime!” et des “ouais le JJJJJJ. Armanet prend enfin la parole, s’ex­cu­sant d’a­vance parce qu’elle “va sure­ment chialer beau­coup” et expli­quant qu’elle est “hyper stressée pour de vrai”.

La tem­péra­ture monte de 30 degrés d’un coup sur “Qu’im­porte”, mer­veille de chan­son (exem­ple ci-dessous avec sa per­for­mance à l’Ac­cor Are­na). On embraye sur les tubesques “Flamme” et “L’in­di­en”. Qu’est ce que ça chante dans la foule, sur les “c’est lui­i­i­ii l’amour de ma vie” ! Les titres sont allongés, le groupe est impec­ca­ble, les arrange­ments sont canons. Quelle fête. Le gui­tariste et le saxo se relaient pour des solos endi­a­blés. Tor­rent de lights, Juli­ette joue du piano debout, le pub­lic est en folie. Il fait si chaud dans la Cigale, qu’elle arrose le pre­mier rang avec l’eau de sa gourde.

Elle descend dans la foule pour “J’te l’donne”, danse un vrai slow avec une fan tout en chan­tant (comme dans la vidéo ci-dessous). Elle tra­verse le pub­lic, passe sur le bal­con supérieur, et fait quelques câlins en pas­sant. Elle rejoint une scène B, instal­lée sur un bal­con : on est juste en dessous c’est dom­mage, on a choisi le mau­vais côté. Les larmes coulent tout de même sur l’incroyable “Imag­in­er l’amour” : les “wow” reten­tis­sent très fort et lézardent les murs. On voit un spec­ta­teur chanter à l’oreille de son mec, en même temps que Juli­ette Armanet, pen­dant que l’intéressé ferme les yeux. S’en­suit une ver­sion douce et épurée de “Ver­ti­go”.

Elle revient sur la scène prin­ci­pale, on s’aperçoit qu’elle pleure autant qu’elle sue. C’est les émo­tions. Elle a l’air tra­ver­sée par l’émotion, tor­pil­lée par les larmes et la fatigue (la go se donne, tout même). Et puis elle reprend facile­ment, solide sur ses appuis : c’est indé­cent. Suiv­ent “L’amour en soli­taire” puis la folie atten­due sur “Le dernier jour du dis­co” : le titre dure près de dix min­utes, la tenue qui scin­tille de partout, tout en sequins bril­lants. Si bien que quand Juli­ette est éclairée par la douche de lumière, elle se trans­forme VRAIMENT en boule dis­co qui reflette les rayons partout dans la salle. C’est fou.

Puis ce sont “Brûler le feu”, les doux “À la folie” et “Tu me play” avant le rap­pel, et enfin “Je ne pense qu’à ça”, avant de repar­tir en deux kicks pour l’i­conique (le mot est jus­ti­fié) “Sauver ma vie” et un “Qu’im­porte” en piano-voix. Juli­ette Armanet s’of­fre une dernière fête sur un titre instru­men­tal, elle slamme dans la foule et se fait porter par son pub­lic. On lance des pail­lettes aux canons, les spec­ta­teurs dansent comme si leurs vies en dépendaient. C’est une pluie d’émotions en Tech­ni­col­or. Quelle tournée incroy­able, et quelle fin idéale.

L’é­mo­tion est on ne-peut-plus présente, Juli­ette la retran­scrit dans ses mots, remer­cie pub­lic et musi­ciens entre deux san­glots : “ils m’ont accom­pa­g­née pen­dant deux ans, c’est nos dernières fois ensem­ble. Ça me fait un truc (…) Mer­ci à eux de m’avoir révélée, trans­for­mée (…) Com­ment je vais faire sans tout ça ?”

juliette armanet cigale

© @nina.diba @oriane.robaldo @manoumillon

 

C’est un final en apothéose pour Juli­ette Armanet, his­toire de con­clure deux ans intens­es. Ce live était immense, fort en émo­tion et en dans­es libéra­tri­ces, sans moment de répit. Comme un jubilé, un anniver­saire en famille mais avec, comme sou­vent avec elle, une cer­taine idée du grandiose, où larmes et sueur se rejoignent. Mais qu’im­porte. Mer­ci pour ce final, et on n’a qu’un regret : ne pas être là pour le tout dernier soir (et pour l’after juste après).

 

Setlist com­plète du soir :

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“Boum boum baby”
“L’épine”
“La carte postale”
“Qu’importe”
“Flamme”
“L’in­di­en”
“J’te l’donne” (dans la fosse)
“Imag­in­er l’amour” (stage B)
“Ver­ti­go” (stage B)
“L’amour en solitaire”
“Le dernier jour du disco”
“À la folie”
“Brûler le feu”
“Tu me play”

Je ne pense qu’à ça”
“Sauver ma vie”
“Qu’importe” (piano-voix)
Instru­men­tal “C’est la fin”
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