Mall Grab © Marion Sammarcelli

Live report : Peacock Society 2023, vaincre le feu par le feu

En 2013, un tout nou­veau fes­ti­val hon­o­rant les cul­tures élec­tron­iques investis­sait Paris pour la pre­mière fois : Pea­cock Soci­ety. Le temps d’un week-end, fes­ti­val­ières et fes­ti­va­liers vien­nent don­ner vie à une société éphémère et hédon­iste ryth­mée par des kicks endi­a­blés. Dix ans plus tard ‑et de retour en juillet- le fes­ti­val n’a rien per­du de son essence orig­inelle. Organ­i­sa­tion, fes­ti­va­liers, artistes… ils ont foutu le feu. Tsu­gi vous emmène.

En sor­tant du RER D, pas l’ombre d’un paon à l’horizon. Par con­tre, des fes­ti­val­ières et fes­ti­va­liers coloré(e)s à perte de vue, ça oui. Qu’elles ou ils soient vêtu(e)s d’un kimono fleuri, d’un leg­ging Nyan Cat ‑qui brûle la rétine il faut l’avouer- d’une robe bohème-chic ou bien d’un short décon­trac­té, toutes et tous sont venu(e)s pour la même chose. L’ob­jec­tif ? Savour­er les beaux jours au son de poin­tures des musiques élec­tron­iques dans un décor bucol­ique. Il faut dire que pour souf­fler ses dix bou­gies, Pea­cock Soci­ety n’a pas fait les choses à moitié. Même sous un soleil de plomb. Et comme un signe du des­tin, le fes­ti­val a pu célébr­er cet anniver­saire en échap­pant à l’orage qui menaçait de s’abattre sur le site. Ouf.

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

Teuf brûlante

Same­di 15 heures, chaleur canic­u­laire. Depuis deux ans Pea­cock Soci­ety prend le pari d’évoluer la journée. Arrivée 14 heures et à minu­it, tout le monde au lit ‑ou pas. Évidem­ment, au mois de juil­let, lorsque le soleil nous tape bien sur la tête, que le ther­momètre indique 34ºC à l’ombre et que l’indice UV flirte avec le 8, ces horaires peu­vent faire mal. Et pour­tant; selon les dix com­man­de­ments de la fête, tout fes­ti­va­lier sait s’adapter. À cha­cun sa tech­nique. On a pu voir un con­cours de lancer d’eau pen­dant que Cera Khin envoy­ait faux drops de core, hard tech­no et kicks sur­voltés du haut de la scène MIRROR ‑on aurait bien piqué son ven­ti­la­teur d’ailleurs- ou encore une horde d’éventails bat­tant la mesure sur l’acid tech­no 90’s de KI/KI. Quant aux autres artistes de la MIRROR ? Imper­turbables. Le dimanche, on a admiré Skin On Skin met­tre un peu plus le feu à ladite scène en bal­ançant son titre phare “Burn Dem Bridges” ‑qu’il a fait dur­er dix min­utes ‑on exagère à peine- ou encore Nina Krav­iz y faire grimper la tem­péra­ture en clos­ing. 

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

KI/KI © Mar­i­on Sammarcelli

 

Cepen­dant mal­gré tous les efforts con­vo­qués, impos­si­ble d’éviter cette chaleur… À qui la faute ? Sœurs Mal­saines évidem­ment. Trois mots : chaud, chaud et chaud. Le col­lec­tif queer parisien a investi la scène CHAMAN ‑dotée de mag­nifiques Pikip Solar Speak­ers- pour six heures de teuf nichée sous les arbres. Contre-soirée aux airs de free par­ty, le pub­lic a pu y appréci­er une ambiance safe ain­si que des shows de danse sur fond de tech­no, hard music, trance et euro­dance. On revoit les sourires sur les vis­ages et les corps suin­tant de bon­heur. 

 

Coup de SOLAR

Avec une SOLAR STAGE en plein soleil, dif­fi­cile de pou­voir se rafraîchir. Pour­tant, on a trou­vé un moyen : voir jouer Eris Drew. Pen­dant une heure et demie de set, la DJ et pro­duc­trice améri­caine a exposé tout son univers frais et vit­a­m­iné. Infati­ga­ble, elle enchaî­nait les vinyles de house, funk et break­beat en scratchant devant une foule plus que ravie, mains en l’air. On peut dire qu’elle a pré­paré le ter­rain à mer­veille pour le live d’Acid Arab.

 

Eris Drew © Mar­i­on Sammarcelli

 

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Qui dit ‘anniver­saire’, dit ‘sur­prise’. Et Job Job­se l’a bien con­staté pen­dant son pas­sage sur la SOLAR. Alors qu’il était en train de mix­er “Don’t Take The Mick” (House­rock­ers Dub) de Bed & Bondage, des danseuses et danseurs de la scène ball­room parisi­enne on investit la SOLAR au moment du drop. Elles et ils ont lit­térale­ment foutu le feu. Tout sourire, Job Job­se ‑qui n’était pas au courant- s’est mis à filmer leur choré­gra­phie. On n’est pas près d’oublier ce moment. 

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

Le dimanche, c’est un imprévu d’une autre sorte qui est arrivé sur la SOLAR. Alors que NTO devait jouer un live d’une heure de tech­no mélodique, il a pu offrir 45 min­utes sup­plé­men­taires à ses fans. En effet, Mall Grab n’est arrivé qu’à 19h15 ‑alors qu’il devait mon­ter sur scène a 18h30- à la suite du retard de son avion. Coup de pres­sion. Mais en l’attendant, nous avons fait un ren­con­tre sin­gulière : son fan français le plus fidèle. Oui. Ce dernier suit l’artiste aus­tralien depuis 2015 et a pour habi­tude de lui offrir des ros­es à cha­cun de ses gigs. En retour, Mall Grab l’a invité à Pea­cock Soci­ety ‑rien que ça. Cette fois-ci, l’af­fi­ciona­do a pris l’ini­tia­tive de lui ramen­er une “Sun­flower”. Une fois Mall Grab sur scène, on capte rapi­de­ment la gen­til­lesse du per­son­nage : même s’il n’a joué que 40 min­utes, il a su met­tre son énergie ardente au ser­vice du pub­lic et a même lâché quelques unre­leased.

 

© Mar­i­on Sammarcelli

 

Mall Grab © Mar­i­on Sammarcelli

 

Mall Grab © Mar­i­on Sammarcelli

 

Nuées ardentes à la NOMAD 

En suiv­ant les rubans col­orés accrochés aux arbres ou en osant sor­tir des sen­tiers bat­tus, on tombe sur une scène en retrait : la NOMAD. On l’a telle­ment squat­tée qu’on a cru y habiter. Plus que la canicule, il y rég­nait une chaleur humaine. On y était ser­rés, certes, mais c’est surtout la bonne ambiance qui y habitait qui nous a frap­pés. Est-ce aus­si grâce aux artistes ? Pos­si­ble. La NOMAD a vu défil­er des DJs aux styles éclec­tiques qui ont ‑pour la plupart- mar­qué cette année 2023. Hyas et Pura Pura ont démar­ré les hos­til­ités à base de bass music léchée, suiv­is du déjan­té X‑COAST et de ses vibra­tions tran­cy à souhait. Le lende­main c’é­tait au tour d’Olympe 4000 de nous régaler en déci­bels entre tech­no, UK bass et dub­step, puis à Myd de nous mon­tr­er de quel bois il se chauf­fait. Et on peut dire qu’on a brûlé beau­coup de calories.

 

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Olympe 4000 © Mar­i­on Sammarcelli

 

Sur les deux jours, la NOMAD a hérité de deux clos­ings remar­quables. Le pre­mier soir c’est HUNEE qui a offert une sélec­tion de clas­siques dis­co et funk. Le pub­lic envoy­ait ses meilleurs pas de danse sous les boules à facettes sus­pendues à la scéno­gra­phie. Men­tion spé­ciale pour la femme-guirlande qui groovait à côté de nous. Mais notre vrai coup de cœur de Pea­cock Soci­ety restera sans aucun doute Sherelle. Tout comme lors de sa légendaire Boil­er Room, la DJ made in UK a fait preuve d’une énergie débor­dante, autant dans sa présence scénique que dans sa sélec­tion de tracks oscil­lant entre jun­gle, foot­work, drum and bass et par­fois tech­no. Dans le pub­lic ? Des phénomènes. On a vu la foule ond­uler jusqu’à la dernière mesure, sans se ren­dre compte qu’il com­mençait à pleu­voir. La fête est finie, le feu s’éteint… Pour le moment. Le brasi­er ne demande qu’à être rallumé.

 

Meilleur moment : Le morceau de clos­ing de Sherelle avec un pub­lic qui dan­sait comme si c’était la dernière fois

Pire moment : 34ºC à l’ombre ça fait quoi ? 40ºC au soleil, un truc comme ça ? Va fal­loir s’y habituer.