Vitalic © Fred Perez

Live report : VYV festival 2023, trois jours de musiques et d’engagement

Le VYV, fes­ti­val instal­lé à Dijon au parc de la Combe à la Ser­pent, a vu grand pour sa qua­trième édi­tion : pour la pre­mière fois, l’événe­ment s’étalait sur trois jours de musique. Les 9, 10 et 11 juin 2023. Mais ses valeurs elles, n’ont pas changé : sol­i­dar­ité, inclu­sion et éveil à l’écologie. On y était et on vous racon­te tout !

Dijon, ven­dre­di 9 juin, 17h30. À quelques min­utes de l’ouverture du fes­ti­val, dans les rues, on voit pass­er des familles, un homme déguisé en canard, bas­kets aux pieds, ou bien encore des petits groupes de jeunes, strass et pail­lettes au vis­age. Tous con­ver­gent vers les navettes, direc­tion la Combe à Ser­pent, où est instal­lé le VYV. C’est sur ce parc naturel, entre champs et forêts, que quelque 26 000 fes­ti­va­liers se sont retrou­vés pour trois jours de fête et de partage. Au pro­gramme, des têtes d’affiches côtoient des artistes orig­i­naires de la région (O?NI, John Lord Fon­da). Et comme chaque année, le VYV fes­ti­val s’empare de dif­férentes caus­es grâce à des per­for­mances artis­tiques et des hap­pen­ings.

 

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Le VYV fes­ti­val, c’est avant tout un mélange des gen­res. On passe de la pop sucrée de la super­star Angèle à la drill tran­chante de Ziak, en pas­sant par des airs de gospel avec le groupe Gabriels ‑qui nous avait trans­portés à We Love Green et que vous retrou­verez très vite sur Tsugi.fr — et l’électro made in Dijon du patron Vital­ic. Bref, il y en avait pour tous les goûts. Côté rap, la prog’ nous a régalés avec un trio de lovers : d’abord Hamza, qui a clô­turé la journée de same­di en beauté avec une track­list regroupant ses clas­siques, entre rnb sucré (“Vibes”) et influ­ences US (“Free YSL) ; Luid­ji, bob vis­sé sur la tête et lunettes de soleil, a fait ce qu’il sait faire de mieux dans ses titres : par­ler des filles et de ses rela­tions amoureuses avec elles, sans com­plex­es ni retenue, le tout sur des airs de croon­er séduc­teur… his­toire de réchauf­fer la soirée une bonne fois pour toute ; et surtout la per­for­mance dif­fi­cile­ment oubli­able de Dis­iz, qui nous a ‑encore, oui!- trans­porté d’émotion en émo­tion, du sourire aux larmes (eh oui). Mal­gré un prob­lème tech­nique en début de con­cert, le créa­teur du label “Sub­lime” (comme sa chan­son issue de L’Amour, son dernier album en date) parvient à cap­tiv­er la foule et à l’en­traîn­er dans ses histoires.

Et com­ment évo­quer le VYVV 2023 sans abor­der le show du groupe cal­i­fornien Gabriels ? Un micro en or à la main, accom­pa­g­né de ses chœurs et musi­ciens, le chanteur Jacob Lusk nous a télé­portés à la messe, dis­ant lui-même “quelqu’un est allé à l’église aujourd’hui ? On y va main­tenant”. Après nous avoir fait pass­er du rire aux larmes en trente sec­on­des, il ter­mine le con­cert dans l’espace crash ‑entre la scène et le public- accom­pa­g­né d’un solo de piano. Bref, moment inoubliable.

 

Raves exaucées

Comme d’habitude, on n’a pas per­du une miette des artistes élec­tron­iques présents cette année… Et on a été servis. À com­mencer, d’abord, par la presta­tion magis­trale de l’artiste du cru en la per­son­ne de Vital­ic, venu clô­tur­er en beauté la soirée du ven­dre­di. Avec sous le coude une setlist de folie, où se sont mélangés ses clas­siques et quelques nou­veautés. Même la grosse pluie qui s’est invitée peu avant le début du con­cert n’a pas refroi­di les fes­ti­va­liers, sous k‑ways et para­pluies. Mais cette année, la scène élec­tron­ique du VYV nous a offerts des coups de cœur que l’on n’est pas près d’oublier.

D’abord la presta­tion d’Eloi : si dès le début du con­cert, l’énergie des fes­ti­va­liers ne se fait pas ressen­tir, l’une des nou­velles queens de l’hy­per­pop remédie à ça et envoûte la foule, à coups d’autotune et de rafales de kicks. Notre moment préféré reste quand la chanteuse se lance dans un bat­tle de gui­tare sur scène avec sa gui­tariste Chorib­a­by. Il faut dire qu’Eloi avait prévenu les fes­ti­va­liers un peu avant, méga­phone en main pointé vers eux : “ça va par­tir en couilles main­tenant”. Promesse tenue.

Eloi vyv

Eloi © V. Arbelet

Autre grand moment de cette qua­trième édi­tion, c’est le pas­sage tout sauf en douceur du musi­cien dijon­nais John Lord Fon­da sur la petite scène de la friche. Pas besoin de plus pour enflam­mer les fes­ti­va­liers, déjà chauf­fés à blanc par la presta­tion du duo Nomen­klatür juste avant. Le roi de la tech­no enchaîne les titres, jusqu’à trans­former la plus petite scène du fes­ti­val en une immense rave. Deux drag queens du groupe Gang Reine font même un saut sur scène, pour danser au rythme des beats incan­des­cents, et pour jouer avec le pub­lic. Mais l’une des sen­sa­tions élec­tron­iques du VYV fes­ti­val reste Mez­erg et son show mar­quant sur la scène de l’observatoire. Disons-le, l’artiste bor­de­lais fai­sait lit­térale­ment l’amour à ses claviers sur scène, util­isant tête et mains pour faire vari­er les sons grâce à son thérémine. Mélangez ça à des airs de house et d’acid tech­no, quelques pogos et un fes­ti­va­lier impro­visant un slam dans la foule (on par­le de se faire porter par le pub­lic, pas d’une décla­ma­tion façon Grand Corps Malade)… et le compte est bon.

 

De la musique et des valeurs

Entre les scènes, instal­la­tion de stands de nour­ri­t­ure et plusieurs espaces dédiés à la sen­si­bil­i­sa­tion aux ques­tions de genre, à l’es­time de soi, au hand­i­cap ou encore à la ques­tion des réfugiés. Le chemin des beaux jours pro­pose des stands de nour­ri­t­ure et surtout des espaces dédiés pour évo­quer des thèmes chers aux organ­isa­teurs, comme la pré­car­ité et les vio­lences sex­istes. Sur la scène de la friche, on a aimé l’ambiance autour du con­cours de Tetris géant organ­isé entre les fes­ti­va­liers par l’association Règles Elé­men­taires, qui lutte con­tre la pré­car­ité men­stru­elle. On a aus­si aimé la per­for­mance col­orée du col­lec­tif dijon­nais de drag queens Gang Reine. Pari réus­si pour le VYV fes­ti­val 2023, qui a d’ailleurs affiché com­plet pour la pre­mière fois depuis sa créa­tion en 2019.

 

Meilleur moment : la presta­tion de Mez­erg était magis­trale, on en a encore les frissons.

Pire moment : la navette du retour le same­di soir, aux alen­tours d’une heure et demie du matin, quand le chauf­feur du bus plein à cra­quer se lance dans une ses­sion drift qui nous a rap­pelé à quel point c’est impor­tant de la tenir, cette barre. L’ambiance post-festival à l’intérieur s’est chargée du reste

 

Théo Lilin

 

 

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