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© Frame Pictures
19 juin 2018

Marsatac : l’amour à la (fausse) plage

par Adrien Bertoni

« Sous le son, la plage ! », le mot d’ordre des 20 ans de Marsatac est aussi un parfait résumé du festival de retour pour une nouvelle édition au Parc Chanot. Et pour cause, le temps d’un week-end, le parc des expositions situé aux pieds du stade Vélodrome s’est transformé en un véritable havre de paix estival. Si on avait pu reprocher à la précédente édition un petit manque d’âme, cette année l’évènement nous offrait un cadre particulièrement décoré et parfaitement raccord à sa thématique. Place donc au sable, aux parasols, aux transats, aux bouées et même à un canard gonflable géant trônant fièrement au milieu du site ! Grande nouveauté, cet air de vacances s’accompagnait aussi d’une grande scène extérieure. De quoi pouvoir profiter de quelques concerts sous le soleil marseillais.

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Avec un show qui débute à peine 20 minutes après l’ouverture des portes, il fallait arriver tôt pour ne pas louper le premier évènement du week-end : un concert commun (et unique) de Lomepal et Roméo Elvis. Et si la grande scène du festival est relativement vide lorsque les premières notes se font entendre, quelques minutes plus tard c’est déjà un public compact qui fait face aux deux rappeurs. Alors certes le moment ressemble plus à une juxtaposition de deux concerts qu’à un véritable spectacle commun, mais le duo assure le spectacle et lance cette vingtième édition en beauté. Evénement toujours, avec le retour des locaux de l’étape : IAM. A Marsatac, le groupe fêtait aussi un vingtième anniversaire, celui du mythique album L’Ecole du micro d’Argent. Les rappeurs marseillais n’ont pas pris une ride et assurent un show de haute volée. Et si une grande partie du public ne semblait pas être née au moment de la sortie du disque, cela ne l’empêche pas de reprendre par coeur tous les classiques des vétérans du hip-hop français !

Deux salles, deux ambiances, tandis qu’en extérieur résonne “Je danse le Mia“, Biffty et DJ Weedim prennent le contrôle du Palais Phocéen à coup de “Souye“ et de “Mega Boze“. Punchlines potaches sur productions trap, le contraste avec les rappeurs marseillais est assez saisissant. « J’fous l’bordel en festival » scande Biffty et on ne peut que lui donner raison ! En parlant de bordel, mention aussi à Ho99o9 qui prend le contrôle de la salle après Biffty et Weedim. 50 % rap, 50 % punk, le groupe livre une performance 100 % énergique qui retourne le public. On jette un coup d’oeil rapide sur les deux autres scènes où se produisent Petit Biscuit et Amélie Lens, avant de retourner au Palais Phocéen pour retrouver les Marseillais de La Fine Equipe. Le groupe présentait avec Fulgeance et Haring le projet Gangue, une création inédite à l’occasion des 20 ans de Marsatac et Nördik Impakt et des 30 ans de Dour. Et comme si tous ces anniversaires ne suffisaient pas, pour cette grande première à Marseille, c’est aussi un des membres du collectif qui fêtait le sien devant le public du festival ! Sur la même scène, Myth Syzer vient clore ce premier jour avec un DJ-set assez surprenant où se côtoient les derniers bangers de rap américain signés XXXTentacion ou Lil Pump et les morceaux tout en douceur de son dernier album Bisous.

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Pour le deuxième jour de Marsatac, on commence en légèreté avec la pop d’Aloha Orchestra puis le hip-hop de Rejjie Snow. Entre rap, funk et soul, l’Irlandais livre une performance qui colle parfaitement à l’ambiance estivale qui règne alors sur le festival. Place ensuite à l’évènement du samedi : Nekfeu qui faisait son grand retour sur scène après quelques mois d’absence. On a d’ailleurs senti l’artiste assez ému. « Je suis un peu timide ce soir » lancera-t-il au public au début de son show. Fort heureusement, quelques morceaux et un craquage de fumigène plus tard, le Fennec a retrouvé son énergie et met littéralement le Feu au festival. Un peu plus tard, c’est un autre rappeur qui vient à son tour enflammer Marsatac : Moha la Squale. Le public en délire scande toutes les paroles par coeur et vibre à chaque « Saaaale » lancé par l’artiste qui confirme son statut de nouveau phénomène du rap français.

Une fois la nuit tombée, les trois scènes du festival laissent place aux amoureux des musiques électroniques. On retient notamment le Britannique Ross From Friends qui en plus d’avoir un superbe pseudonyme (#TeamRoss), nous aura aussi livré un set house tout particulièrement plaisant. Dans sa foulée, ses compatriotes de Bicep assurent le show en défendant sur scène les titres de leur excellent album sorti l’année dernière. La nuit se finit en beauté avec une Nina Kraviz au top de sa forme et toujours aussi redoutable derrière les platines. Le lendemain, Marsatac quitte la fausse plage du Parc Chanot pour le vrai bord de mer de la plage du Petit Roucas. L’occasion d’un closing au line-up 100 % féminin mené par Jennifer Cardini. De quoi mettre en valeur les artistes féminines dans un festival qui, à quelques rares exceptions (Nina Kraviz, Amélie Lens et Chloé), reste marqué par les figures masculines. Mais pas de sable fin pour nous, il est déjà temps de quitter la plage et de retrouver les pavés parisiens.

Meilleur moment : IAM qui a livré un show maitrisé du début à la fin, réunissant anciens et nouveaux auditeurs. Que demander de plus ?

Pire moment : De nombreuses difficultés pour payer avec l’application cashless le vendredi soir (fort heureusement le problème a été réglé le lendemain).

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