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Marsatac : les artistes du line-up racontent leurs meilleures anecdotes de festival

Le fes­ti­val Marsa­t­ac revient, les sou­venirs de fes­ti­vals aussi 

Bien­tôt Marsa­t­ac et les trois belles soirées méditer­ranéennes de la 23e édi­tion de Marsa­t­ac, du 20 au 22 août au parc Boré­ly, dans le VII­Ie arrondisse­ment. Au menu : Sébastien Tel­li­er, L’Im­péra­trice, Goldie B, Louisah­hh, Alon­zo, PLK, Brodin­s­ki… Musiques élec­tron­iques et musiques urbaines règneront sur le fes­ti­val. Pour l’oc­ca­sion, nous avons demandé à une par­tie de la pro­gram­ma­tion de nous racon­ter ses meilleures anec­dotes de festoche.

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L’Impératrice

15 juil­let 2018 au matin, on se réveille dans notre tour bus au fes­ti­val Musi­lac à Aix-les-Bains, bien décidés à faire repouss­er de quelques heures notre con­cert du soir, en ouver­ture du fes­ti­val, qui est cen­sé se dérouler pen­dant la deux­ième mi-temps de la finale de la coupe du monde de foot­ball. En bon sup­port­ers de l’équipe de France, tout le monde y va de son petit argu­ment auprès de l’équipe du fes­ti­val qui refuse caté­gorique­ment et sou­tient que « tout le monde ne regarde pas le foot ». La mort dans l’âme, on quitte donc amère­ment les back­stages au milieu du match et on com­mence notre con­cert sur la grande scène de Musi­lac, devant une petite cen­taine de spec­ta­teurs sur­mo­tivés, la majorité des fes­ti­va­liers étant groupée à cinquante mètres de là, devant des écrans géants qui dif­fusent le match. Sur scène, nos porta­bles sont dis­séminés ça et là sur les syn­thés pour ne pas rater une minute de la deux­ième mi-temps, et notre tour man­ag­er nous crie l’avancée du jeu depuis les couliss­es. Nos six cerveaux, partagés entre le match et le con­cert en cours, sont en telle sur­chauffe qu’on ne remar­que même pas que notre courageuse audi­ence est bal­lotée par le vent et la pluie sous des coupe-vents de for­tune, que devant nous les élé­ments se déchaî­nent et qu’un vent vio­lent emporte tout, la pous­sière, les écrans, les panneaux.

À la fin du pre­mier morceau, alors que Flo­re remer­cie notre pub­lic pour sa témérité (présent mal­gré une météo capricieuse et une com­péti­tion mon­di­ale de foot, il fal­lait quand même le vouloir), une dizaine de tech­ni­ciens débar­que sur le plateau et nous hurle de quit­ter immé­di­ate­ment la scène pour nous met­tre à l’abri. Incré­d­ules, on se laisse embar­quer, on ne com­prend même pas où aller, tout le monde court et crie, Tom se fait enfer­mer dans un camion au hasard et le reste rejoint le tour bus sous une pluie tor­ren­tielle. On appren­dra par la suite que le vent souf­flait si fort que le toît de la scène qui joux­tait la nôtre s’était déchiré, menaçant l’équilibre de tout l’édifice. Cinq min­utes plus tard, on nous fait savoir que tout le fes­ti­val est annulé et le site évac­ué, alors on court se réfugi­er dans les loges pour voir la fin du match avec les autres artistes, trem­pés jusqu’aux os mais heureux comme des goss­es. On a ter­miné la soirée dans la même euphorie que le reste du pays mais avec une petite vic­toire sup­plé­men­taire : on l’aura eue, notre deux­ième mi-temps ! Sauf Tom resté enfer­mé dans le camion, mais il n’aime pas le foot de toute façon.

La Famille Maraboutage

Pour nos 3 ans l’année dernière au Baou, DJ Soft­boi du col­lec­tif a passé son remix de «Bel­sunce Break­down», Bouga était par le plus grand des hasards dans le pub­lic et il est mon­té sur scène pour pos­er dessus. C’était FOU ! Sou­venir impériss­able pour le pub­lic comme pour nous !

Goldie B

C’était en 2014. Je jouais avec Phonobones, mon duo nu-soul/jazz de l’époque, aux Ren­con­tres des Arts Fous de Fouras, prêt de la Rochelle. La scène était en extérieur, dos à l’océan et son ciel par­ti­c­ulière­ment menaçant ce jour-là. Nous avons mal­gré tout com­mencé à jouer. Trente min­utes plus tard, la tem­pête! Le courant se coupe, il pleut sur scène comme dans la fos­se, mais avec Thibaut, mon con­tre­bassiste, on décide de con­tin­uer de jouer en unplugged, car le pub­lic est super chaud et encour­ageant. On finit encer­clé par les plus braves d’entre eux qui pro­tè­gent nos instru­ments avec leurs coupe-vents. Je n’ai plus de micro donc je pousse ma voix et je m’égosille pour qu’on puisse l’entendre. On joue notre dernier morceau, trem­pés jusqu’aux os. Une euphorie sin­gulière et mag­ique plane dans l’air. Les gens applaud­is­sent, nous embrassent, et le soleil revient. On a vu l’orage s’éloign­er lente­ment au large tout au long de la soirée. La foudre se dif­fu­sait dans les nuages comme des pads lumineux. C’était vrai­ment beau. Le lende­main je ren­trais à Paris malade, et sans voix, dans les deux sens du terme.

Louisahhh

L’une des pre­mières fois que j’ai joué en dehors des États-Unis, c’é­tait au fes­ti­val Bor­der Noise à Juarez, au Mex­ique, en 2008. Je mix­ais avec Gina Turn­er au sein du duo Stac­ca­to. Ce fes­ti­val est un sou­venir par­ti­c­uli­er en rai­son de l’en­vi­ron­nement sociopoli­tique de la ville de Juarez, qui était totale­ment fou à l’époque ; il y avait une vio­lence folle au sein des car­tels (un corps décapité avait récem­ment été sus­pendu à un via­duc et les gangs avaient men­acé de tuer un polici­er toutes les 48 heures jusqu’à ce que le chef de la police de la ville démis­sionne. À l’époque, Juarez était con­nue comme la cap­i­tale mon­di­ale du meurtre). Ma mère a même pro­posé de me pay­er pour que je n’y aille pas. Cepen­dant, l’af­fiche com­pre­nait beau­coup de nos héros (Soulwax/2manyDJs, Boys Noize, Steve Lawler, Adam Free­land) et, étant jeunes et rel­a­tive­ment peu préoc­cupées par notre pro­pre sécu­rité physique, Gina et moi étions absol­u­ment ravies de jouer là-bas.

C’é­tait un week-end d’Hal­loween et les fes­tiv­ités de Dia de Los Muer­tos bat­taient leur plein, l’én­ergie était si par­ti­c­ulière et la foule était incroy­able­ment généreuse avec nous. Les organ­isa­teurs du fes­ti­val ont pris grand soin de s’as­sur­er que tout le monde était totale­ment en sécu­rité et s’a­mu­sait. De plus, l’op­por­tu­nité de ren­con­tr­er et de jouer avec nos héros était très exci­tante ; Steve ‘One Man Par­ty’ Slin­geney­er (bat­teur de Soul­wax) est entré dans notre loge à tra­vers le mur (il a en quelque sorte sauté à tra­vers le plâtre). Ce fut un moment incroy­able. C’é­tait super de faire con­nais­sance avec lui, nous nous sen­tions très vivantes, excitées et débor­dantes de grat­i­tude. À ce jour, c’est l’un des meilleurs fes­ti­vals dont je me sou­vi­enne, et il a imposé le Mex­ique, en par­ti­c­uli­er Juarez, comme l’un de mes endroits préférés sur terre.

TESSÆ

Jusqu’en 2019, je n’étais jamais allée dans un fes­ti­val. Je com­mençais à peine à envis­ager de faire de la musique une car­rière. J’ai très rapi­de­ment été jetée dans la cour des grands après avoir par­ticipé à un con­cours sur les réseaux organ­isé pas Boo­ba. On m’a appelée pour dire que j’ai gag­né, et à la clef, il y avait la chance d’accompagner Boo­ba sur scène sur la scène du fes­ti­val We Love Green sur son “Arc en ciel”. Je me retrou­ve donc à côté de Boo­ba sur scène à chanter une de ses chan­sons devant 40 000 per­son­nes pour ma toute pre­mière expéri­ence en festival !

Alonzo

J’ai énor­mé­ment de bons sou­venirs de fes­ti­vals, mais ce qui me mar­que le plus c’est lorsque plusieurs artistes se pro­duisent sur la même scène. Le pub­lic ne vient pas for­cé­ment te voir toi en par­ti­c­uli­er, donc c’est à toi d’es­say­er de les con­quérir et de les faire danser et chanter. J’adore ce chal­lenge, ce n’est pas don­né à tout le monde, mais quand tu réus­sis à le faire c’est que tu peux être vrai­ment fière de toi.