Molécule, Spiral Deluxe, Blasé, Iliona… Les sorties de la semaine
Dans les sorties de la semaine, on a sélectionné douze nouveaux projets qui nous ont intrigués. Entre Molécule, Spiral Deluxe, Pria, Blasé, Bambara, Jonathan Personne, Roseaux, Iliona, IP… Bonne écoute !
Par Siam Catrain et Oumeyma Aouzal
Blasé – BLABLABLA
Blasé, c’est sans aucun doute le producteur préféré de ton artiste préféré. On le retrouve sur les crédits de Metronomy, Cola Boyy, DJ Pone, Jwles et Lala &ce et on se souvient de lui en la moitié de Haute sur l’irrésistible ‘Shut Me Down‘. Aujourd’hui, il sort de l’ombre avec un premier album BLABLABLA pour nous faire (enfin) goûter à une concoction 100% Blasé.
Pop hybride, hip-hop old-school, nappes new wave, rythmique flirtant aussi bien avec le funk que la disco : on cherche à rattacher son premier projet aux noms de Quincy Jones, de The Cure, Chic, The Strokes ou Manu Chao. L’erreur est peut-être ici, puisque sur ce projet Blasé fait enfin du Blasé. Mention spéciale au titre « I Need It (from You) » touchant hommage avec et pour Cola Boyy, artiste californien décédé en 2024.
Bambara – Birthmarks
C’est confirmé. Avec son nouvel album, Bambara affirme sa place dans le paysage rock contemporain. Le trio élargit sa palette sonore, incorporant davantage de synthés et diversifiant son instrumentation avec l’ajout de saxophone, de vibraphone et de harpe. Prenons le titre ‘Face Of Love’, débutant avec une intro à la harpe et des chœurs. Si l’approche n’est pas révolutionnaire, elle s’avère efficace. ‘Elena’s Dream’ offre quant à lui une parenthèse lynchienne, où une voix féminine narre un rêve sur fond de saxophone et de batterie, évoquant Angelo Badalamenti, compositeur phare des bandes originales de feu David Lynch.
‘Because You Asked’, en mineur lui aussi, se distingue par ses harmonies entre la voix de Reid Bateh et des chœurs de synthé éthérés, idéal pour les âmes en peine. Le groupe reste fidèle à certains gimmicks, comme en témoigne ‘Letters From Sing Sing‘ qui rappelle les inflexions vocales et mélodiques de ‘Serafina‘. (2020) ou ‘Mythic Love‘ (2022). Birthmarks confirme la capacité des Américains à marier brutalité et sensibilité. Et sans être novateur, ce disque s’impose comme un solide album de rock, consolidant la réputation de Bambara depuis sa percée avec Stray (2020). Joli.
Léa Formentel
Molécule – Symphonie N° 1 « Quantique »
Molécule est habitué à concevoir des projets singuliers. Producteur électronique aventurier, adepte du field recording. Il aime se confronter à la puissance des éléments et ramène des compositions puissantes de ses escapades extrêmes : les eaux tumultueuses de l’Atlantique Nord, l’immensité glacée du Groenland, les vagues gigantesques de Nazaré au Portugal, le vent hanté et la mer déchainée au phare de Tévennec dans le Finistère. Il s’est lancé un nouveau défi, de taille : composer une oeuvre symphonique.
Évidemment, à sa manière. Pendant deux ans, Molécule a assisté à des répétitions l’Orchestre national de Lille et a capté tous les sons de cet ensemble de quatre-vingt-trois musiciens : des extraits d’œuvres, de Mahler à Beethoven, des mélodies, des harmonies, des silences, mais aussi le glissement des cordes, les craquements des instruments, le souffle des musiciens etc.
De retour dans son studio, le producteur a agencé, assemblé, superposé tous ses sons, cette matière sonore, en quatre mouvements et dix-sept parties de quelques minutes chacune. Cette Symphonie n°1 « Quantique » a ensuite été jouée en juin 2023 par l’Orchestre national de Lille, dirigé par le chef Alexandre Bloch, à l’auditorium du Nouveau Siècle. Cet album est la captation de ce live. Il révèle une œuvre symphonique audacieuse et humaine, complexe et douce, puissante et saisissante.
Olivier Pernot
Pria – Who will see me then
Formé des sœurs roumano-parisiennes Emilie et Stephanie Pria, Pria propose sur son premier EP une expérience complète. Les doux accords d’un piano cristallin se mêlent à des plaintes lyriques déchirantes. Avec Who will see me then, Pria réussit à transcender les codes de l’écriture traditionnelle en faisant se croiser le minimalisme du piano et la technique de production contemporaine aux accents cinématiques. À la fin de Who will see me then, on ne sait pas si l’on est apaisé ou tourmenté ; on est certain d’avoir été transporté.
Jonathan Personne – Nouveau Monde
Loin d’un ‘simple’ assemblage d’outtakes, Nouveau Monde offre une nouvelle lecture d’anciennes compositions de Jonathan Personne. Ces démos jamais terminées, perdues au fin fond de son ordinateur, sont remodelées pour former un patchwork sonore inspiré de l’esthétique mixtape des années 90. Dur de ne pas succomber à ‘La vie, la mort’. Son chaos de guitares saturés et ses riffs acérés rappellent les libres formations proto-punk et power pop. Bref, tout un projet pour vous faire continuellement vibrer.
Spiral Deluxe – The Love Pretender
Spiral Deluxe revient avec son deuxième album, The Love Pretender, sous le label Axis Records. Cet album marque une nouvelle étape dans leur exploration sonore. Il s’agit d’une collection de morceaux extraits d’une longue session d’improvisation, capturant l’essence même de leur processus créatif.
Coup de cœur pour ‘The Soloist’, chaque instrument intervient à son rythme, influençant subtilement la direction du morceau. Les notes de jazz se mêlent aux basses électroniques, aux beats synthétisés et aux claviers, créant une atmosphère à la fois chaleureuse et imprévisible. L’énergie de l’improvisation donne à chaque morceau une dynamique unique, vivante et évolutive (…) Lire la suite ici
Roseaux – Roseaux III
Roseaux, c’est Emile Omar, Clément Petit et Alex Finkin. Roseaux III, c’est une odyssée musicale où chaque invité laisse une empreinte indélébile : Ghetto Boy ouvre le bal avec ‘My People’, chronique vibrante des oubliés du monde, Mélissa Laveaux insuffle sa rage douce sur ‘Why Should I Smile?’, et Ala.ni caresse les âmes avec une soul suspendue dans le temps avec ‘California’. Ici pas de précipitation, juste l’instinct et l’exigence. Des mélodies cousues main, un piano qui murmure, un violoncelle qui tranche. Un album comme un refuge, où la musique prend son temps.
Iliona – What if I break up with u ?
Hotwax – Hot Shock
HotWax, c’est l’énergie brute d’un trio qui carbure à l’adrénaline. Ils balancent Hot Shock, premier album comme une décharge électrique : bruyant, libre, fait pour vibrer. Le trio est porté par l’héritage du punk et du grunge. ‘She’s Got A Problem’ ouvre le bal sans détour, définissant leur son : brut, nerveux, mélodique malgré la fureur. Chaque titre claque, de la basse affolée de ‘One More Reason’ aux éclats 90’s de ‘Lights On’, jusqu’au final acoustique déchirant de ‘Pharmac’, entre Radiohead et Hole. 28 minutes, pas une de trop : un disque fait pour la scène, qui ne respire jamais mais fait respirer fort.
Derya Yıldırım & Grup Şimşek – Yarın Yoksa