© Marion Sammarcelli

On était au “D‑DAY 2” de D·I·V·A·, havre de musique, de queerness et d’amour

À l’oc­ca­sion de la journée inter­na­tionale des droits des femmes, on s’est ren­dus au D‑DAY 2 de D·I·V·A·, l’agence créa­tive et label d’artistes femmes et LGBTQIA+ co-dirigée par Lola Lev­ent (fon­da­trice), Laeti­cia Muong et Cin­tia Fer­reira Mar­tins depuis 2020. Pour cet événe­ment, elles se sont effor­cées ‑comme à leur habitude- de laiss­er la parole et la scène à des artistes femmes trans et non-binaires. Retour sur un événe­ment à la fois émou­vant et explosif. 

8 mars. Une journée par­ti­c­ulière ? Peut-être. Mais une journée qui ne devrait pas avoir néces­sité d’ex­is­ter. Si cer­tains utilisent la journée inter­na­tionale des droits des femmes comme une fête cap­i­tal­iste sem­blable à la Saint-Valentin (dites lui avec des fleurs”, pro­mo­tions dans les salons esthé­tiques, de coif­fure…), D·I·V·A· en a fait une soirée inou­bli­able, pour la sec­onde fois.

Ce soir là, au DOCK B à Pan­tin, tout est fait pour que quiconque se sente en con­fi­ance. Dans cet havre d’amour et d’adel­phité (terme plus neu­tre et plus inclusif, regroupant à la fois la fra­ter­nité et la soror­ité), on a assisté à une union col­lec­tive autour de la musique. Mais on y a surtout vu un espace d’expression pour toutes les minorités de gen­res. D·I·V·A· vous encour­age a être qui vous voulez. Pour cette journée inter­na­tionale des droits des per­son­nes s’identifiant comme femmes ou non-binaires, le D‑DAY 2 nous a lais­sé faire rugir la diva qui était en nous. Classe ou trash, dark ou col­orée, ongles naturels ou bien XXL, tatouée ou pier­cée ? Ou même les deux ? Who cares. 

 

Les règles du jeu

D’en­trée de jeu, les règles sont annon­cées : bien­veil­lance et tolérance. Les hauts murs du DOCK B étaient plac­ardés des dix com­man­de­ments de D·I·V·A·. Le mes­sage est clair : Tu trou­ves cette liste trop longue et fati­gante ? Peut-être que tu devrais ques­tion­ner ton com­porte­ment”. Une soirée placée sous le signe de la lib­erté, de la sécu­rité et du respect. Mais cela devrait être le cas tous les jours de l’an­née. Pas seule­ment le 8 mars. 

 

 

On a aus­si aperçu les affich­es de préven­tion d’Act Right. “Think Twice, Act Right”, une cam­pagne qui lutte con­tre les com­porte­ments malveil­lants dans le monde des musiques actuelles. Ces affich­es dédiées aux pro­fes­sion­nels du secteur, et dess­inées par Alek­san­dra, véhicu­lent des mes­sages per­cu­tants tout en étant ludiques. On a pu notam­ment lire Chauf­feur t’es un cham­pi­on, ramène-moi safe à la mai­son” ou encore Si ce n’est pas claire­ment oui, alors c’est claire­ment non”. Et bien évidem­ment, leurs emplace­ments, der­rière le bar et sur les murs des toi­lettes, n’ont pas été choi­sis par hasard.

 

Ce soir, je hurle quand mes stars montent sur scène”

Pour se met­tre en piste, rien de mieux qu’un cock­tail bleu, code couleur de D·I·V·A·, aus­si élec­trisant ‑le gin­gem­bre ça pique- que les artistes de ce soir. Sur cette scène à la déco’ Do It Your­self étoilée imag­inée par Chloé Arrouy, les bar­rières des gen­res ‑dans tous les sens du terme- ont été tran­scendées. L’équipe de D·I·V·A s’est sur­passée pour nous offrir un line-up d’artistes s’i­den­ti­fi­ant comme femmes ou non-binaires entre pop, hyper­pop, ambi­ent, tech­no, trap, et reggaeton. 

En entrant dans le hall du DOCK B, à peine le temps de faire un tour au bar à ongles, qu’on a été frap­pés par la voix de Mélodie Lau­ret. Par­fois calmes, tan­tôt per­cus­sives, mais tou­jours aus­si poignantes, ses chan­sons nous ont trans­portés hors du temps. Dans un dis­cours à la fin de son live, iel a célébré les iden­tités plurielles en rap­pelant qu’on “se bat pour toutes les minorités de gen­res, toutes les femmes, trans, et non-binaires”.

Dans la même veine, c’est sous nos yeux ébahis que Lal­la Rami a fait son entrée, vêtue d’un long man­teau de four­rure blanche “en mode diva”. Quelle émo­tion quand la chanteuse et rappeuse maro­caine a inter­prété son sin­gle “Inchal­lah”. Une chan­son très impor­tante pour elle, con­cer­nant son rap­port à ses racines, à sa reli­gion et sa tran­si­tion. Dans les yeux de ses proches, la fierté. Toutes les artistes ont pu trans­met­tre des mes­sages d’e­spoir, leur ten­ant à cœur, à un pub­lic tou­jours à l’é­coute et compréhensif.

Beau­coup d’é­mo­tions donc, mais aus­si une fête explo­sive. Cette soirée, c’é­tait la libéra­tion des corps et des éner­gies. Sur scène, Jenys nous l’a bien prou­vé, puisqu’elle a trans­for­mé cette dernière en ring. Sur ses tracks qui fusion­nent pop, musique élec­tron­ique et  glitch­core, cette per­formeuse à l’én­ergie débor­dante enchaî­nait les pas de dans­es et le head­bang­ing façon heavy met­al jusqu’à se vider une bouteille d’eau sur le vis­age. Une présence scénique comme on en voit rarement. On s’en sou­vien­dra encore longtemps et c’est pour cela que l’on a hâte de D‑DAY 3, qu’on puisse encore hurler quand nos stars mon­teront sur scène !

Mer­ci aux autres artistes qui ont tout autant excel­lé : Thanas, Cher­ry B Dia­mond, Gade­voi, Stel­la K, The­lia et Ange Paradiz !

 

© Joan­na El Debes

 

Meilleur moment : La per­for­mance sans lim­ites de Jenys 

Pire moment : On n’a pas eu le temps de se faire manu­cur­er, du coup…

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