'Good Lies', de Overmono © XL/Beggars

Overmono — ‘Good Lies’

Deux frères, deux fauves” : le duo Over­mono ne cesse de tit­iller notre atten­tion. Les Ital­iens ont notam­ment retourné le Green­floor du dernier Cabaret Vert. Quelques mois plus tôt, ils sor­taient le très ent­hou­si­as­mant Good Lies. Chronique de ce pre­mier album.

 

Cet arti­cle est issu du Tsu­gi 160 : Kid Francescoli / French 79, Mar­seille trop puissant

 

C’est une ren­gaine que l’on entend de plus en plus fréquemment. Avec une cer­taine stan­dard­i­s­a­tion de la musique électronique, il deviendrait de plus en plus dif­fi­cile de devin­er la prove­nance géographique d’un artiste. Pour­tant, à l’écoute de ce pre­mier album des deux frères d’Overmono, l’évidence nous saute aux oreilles. Voilà un disque à l’essence profondément bri­tan­nique. Une bonne par­tie de l’histoire musi­cale de la per­fide Albion – du breakbeat/ jun­gle des premières raves jusqu’au dub­step futur­iste des années 2000 en pas­sant par le UK garage/2‑step et la tech­no ten­dance bass music – est ici condensée dans une for­mule qui emprunte autant à la club cul­ture qu’à la pop. Tom et Ed Rus­sell ont longtemps mené des carrières solos, dans la tech­no sous le nom de Truss pour le pre­mier, dans des choses plus breakées avec l’alias Tes­sela pour le sec­ond. La mise en com­mun de leurs savoir-faire ne pou­vait qu’être explo­sive et les a ren­dus pas­sion­nants dès leurs premières productions.

 

 

Allant jusqu’à sus­citer l’intérêt de Thom Yorke qui leur a demandé des remix­es il y a trois ans de cela. Un tour­nant dans leur carrière, qui les a vus s’éloigner d’une cer­taine abstrac­tion électronique pour abor­der des struc­tures plus formelle­ment pop – en d’autres ter­mes des « chan­sons ». Les vocaux, le plus sou­vent féminins, samplés et pitchés, sont ici omniprésents, un peu comme dans une cer­taine tra­di­tion jun­gle mais sur des ryth­miques plus adoucies, pas très éloignées du dub­step des orig­ines, celui de labels comme Hyper­dub ou Hot­flush. Il y a ces ambiances lanci­nantes et oniriques – «Arla Fearn», «Skulled» ou «So U Kno» avec leurs nappes à la Mod­er­at (des Alle­mands, certes) – et puis il y a ces morceaux garage mélodiques au poten­tiel évident comme « Good Lies », « Walk Thru Water » ou encore « Is U » qui, dans un monde par­fait, devraient con­va­in­cre le plus grand nom­bre. Comme le dober­man qu’ils utilisent régulièrement dans leurs visuels, les deux Gal­lois ont les crocs. Cet album, on leur souhaite, devrait leur per­me­t­tre d’accomplir leurs plus folles ambitions.