Les Britanniques de Massive Attack ont annoncé jeudi 17 juillet la création d’un syndicat visant à protéger les artistes qui s‘engagent publiquement contre le génocide en Palestine. Le collectif compte déjà parmi ses membres les groupes Kneecap, Fontaines D.C., Garbage ainsi que le musicien et producteur Brian Eno.
Déprogrammations de festivals, annulations de concerts, retraits de visas de travail, appels au boycott, poursuites judiciaires pour antisémitisme ou apologie du terrorisme : les artistes qui « osent » dénoncer publiquement l’offensive militaire d’Israël en Palestine s’exposent à de lourdes représailles. Face à cette vague de censure, Massive Attack a officialisé sur Instagram la création de l’Ethical Syndicate Palestine. Collectif destiné à défendre la liberté d’expression, de ces artistes engagés contre les assauts de l’armée israélienne à Gaza.
Dans un communiqué publié par le quotidien britannique The Guardian, les membres du groupe dénoncent les « actions en justice agressives » de « leur propre industrie » et d’organismes juridiques externe pro-Israël hautement organisés, visant à réduire au silence les artistes et leurs managers.
En ligne de mire : les actions de UK Lawyers for Israel
La fondation du syndicat a ainsi pour but de permettre de répondre aux « menaces de silence ou d’annulation de carrière » notamment perpétrées par UK Lawyers for Israel ces derniers mois. Cette organisation de défense du régime israélien a surtout fait parler d’elle en dénonçant aux autorités le duo punk Bob Vylan, l’accusant d’avoir chanté et scandé « Mort à Tsahal » lors de son récent concert à Glastonbury.
L’UKLFI est également à l’origine de l’inculpation pour « offense terroriste » de Mo Chara, membre du trio nord-irlandais Kneecap. Le rappeur, qui s’est excusé depuis, est entre autre accusé d’avoir brandi un drapeau du Hezbollah sur scène, en réaction aux bombardements israéliens sur le Liban lors d’un concert à Londres en 2024.
Dans les deux cas, les artistes ont fait l’objet d’une série de déprogrammations, allant jusqu’au retrait de 40.000 euros de subventions de la part de la ville de Saint-Cloud au festival français Rock en Seine, justement pour avoir maintenu Kneecap à l’affiche.
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Sous sa publication du 17 juillet, Massive Attack affirme que l’UK Lawyers For Israel aurait également contacté plusieurs musiciens et leurs équipes, afin de les intimider en coulisses.
Syndicat soutenu par d’autres figures de la scène britannique
Les membres de Massive Attack, engagés depuis plus de 30 ans pour la cause palestinienne — le chanteur du groupe, Robert Del Naja, s’était notamment prononcé en faveur du boycott culturel d’Israël en 2014 — ont rapidement été rejoints par d’autres figures de la scène musicale britannique. Les musiciens de Fontaines D.C., Garbage, Kneecap ainsi que par le producteur et interprète Brian Eno ont ainsi relayé l’initiative et le groupe Led by Donkeys a projeté un documentaire critique envers l’UKLFI, en soutien au syndicat nouvellement créé, jeudi dernier à Londres.
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Le collectif Ethical Syndicate Palestine appelle à un cessez-le-feu immédiat, à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza, à la fin du ciblage des travailleurs médicaux ainsi qu’à l’arrêt des livraisons d’armes britanniques vers Israël. Il invite désormais « les artistes qui se trouvent dans cette situation, ou ceux qui souhaitent utiliser leurs plateformes pour parler de la Palestine, mais s’inquiètent des répercussions industrielles ou juridiques » à les contacter.