đȘ Panoramas Festival 2021 : l’intimitĂ© de son nouveau lieu n’a pas calmĂ© les kicks
On Ă©tait Ă la 24Ăšme Ă©dition du festival Panoramas, et ce nâĂ©tait pas comme dâhabitude. Pas en matiĂšre de line up, ni dâambiance, mais de lieu : jauge limitĂ©e oblige, Pano nâa pas investi son habituel parc expo pour son main event, mais une ancienne manufacture de tabacs datant du 18Ăšme siĂšcle, hantĂ©e le temps dâun week-end par les kicks dâune programmation trĂšs Ă©lectronique.
Ah! la Bretagne, ses paysages, sa gastronomie, son sens de la fĂȘte et ses festivaliers titubant avant mĂȘme que le soleil ne soit couchĂ©… Câest dans cette terre de raves et festivals que je me suis rendue vendredi dernier pour assister au festival Panoramas, en plein centre de Morlaix. Au programme : du cidre Ă la buvette, un peu de rap avec Meryl et Frenetik, et surtout beaucoup dâĂ©lectronique (Billx, Rebeka Warrior, Folamour, Cassie Raptor, NTO, Dombrance, etc.).
Red Hot Chili Peppers et 190 bpm
Quand jâarrive vendredi aprĂšs-midi sur le site â la âManuâ pour les intimes, reconvertie en lieu culturel baptisĂ© le SEW â jâai du mal Ă imaginer les artistes et festivaliers y faire du sale le soir mĂȘme. Câest presque trop mignon. La scĂšne extĂ©rieure est dressĂ©e dans une petite cour intime Ă lâarchitecture authentique, et Ă la capacitĂ© dâaccueil de mille personnes et trois arbres. En intĂ©rieur se trouve une seconde scĂšne oĂč lâambiance est davantage club, parfait pour le plateau WARRIORECORDS qui lâoccupera le lendemain soir.
En attendant, câest Blutch (lui qui nous livrait un podcast pas plus tard que la semaine derniĂšre) qui inaugure la scĂšne tout en beautĂ© le vendredi soir, avec un live A/V assurĂ© par Romain Navier. DerriĂšre les paysages de nature qui dĂ©filent sur une grande toile transparente dressĂ©e devant lui, Blutch assume son nouveau penchant pour les influences britanniques, et donne un avant-goĂ»t de son prochain album Terre Promise, tout en faisant resurgir des extraits de ses prĂ©cĂ©dentes sorties dont lâEP La CitĂ© Des Ătoiles. Un beau moment, apaisant, loin, trĂšs trĂšs loin de lâambiance du set de Billx qui se tient sur la scĂšne extĂ©rieure lâheure suivante.
Ă Ă©couter Ă©galement
Tsugi Podcast 638 : Blutch, quand la Bretagne se raveille
Grosse ambiance dans le public pour cette figure du frenchcore qui connaĂźt la recette dâun mix qui dĂ©chaĂźne les foules : un track populaire (au hasard, lâhymne âBella Ciaoâ, ou le tube âSnowâ des Red Hot Chili Peppers) balancĂ© en douceur le temps de pousser un peu la chansonnette et de sortir les briquets ou flashs de tĂ©lĂ©phone, avant de partir sans plus attendre en hardtek 190 bpm.
Au mĂȘme moment, Ă lâintĂ©rieur, ça se bouscule un peu moins devant Calling Marian, mais je vais prĂ©fĂ©rer cette ambiance-lĂ . Parfaitement goupillĂ©, son mix se dĂ©ploie sur une lente et envoĂ»tante montĂ©e avant de finir Ă 150 bpm, avec de toutes petites touches dâacid qui viennent sucrer le tout. Ce sera mon coup de cĆur de la soirĂ©e.
Il est un peu plus de 23h et câest dĂ©jĂ lâheure des sets de clĂŽture (qui dit festival en centre-ville dit horaires raisonnables), mais nous nâallons pas pouvoir goĂ»ter Ă la d&b de lâAnglaise Mandidextrous, qui nâa pas pu voyager suite Ă un problĂšme de pass sanitaire, semble-t-il. Son nom est rayĂ© au feutre noir sur le line-up affichĂ© aux murs et remplacĂ© par celui de Imchaos, moitiĂ© du duo Minuit Machine, programmĂ© demain sur le plateau WARRIORECORDS. âJâai toujours une clĂ© USB avec moi, sauf aujourdâhui, Ă©videmmentâ, me dit-elle quelques heures avant son passage imprĂ©vu. Ăa ne l’empĂȘchera pas dâassurer aux platines avec un trĂšs bon set techno qui tourne Ă la dance music, idĂ©al pour une clĂŽture (je ne cĂ©derai pas au jeu de mots facile en vous disant quâelle a semĂ© le chaos, nonâŠ)
Difficile de choisir entre Imchaos et Shugi qui passe au mĂȘme moment sur lâautre scĂšne tant les deux sets sont tout aussi chouettes. Lâambiance est moins dark et plus lĂ©gĂšre du cĂŽtĂ© de la DJ rĂ©sidente du Silencio, qui communique sa bonne humeur au public depuis la scĂšne.
Carte blanche Ă WARRIORECORDS
Le line up du samedi soir promet encore des dilemmes entre les deux scĂšnes, mais je fais le choix de me concentrer sur la scĂšne intĂ©rieure investie par WARRIORECORDS et sa prog 100% fĂ©minine avec Minuit Machine, Maud Geffray, Cassie Raptor et enfin Rebeka Warrior. Une carte blanche accordĂ©e tout simplement car âPano aime tous les projets de Rebeka Warrior, que ce soit Mansfield TYA, Sexy Sushi ou Kompromat, tous dĂ©jĂ reçus sur nos scĂšnesâ, mâexplique le directeur du festival Eddy Pierres. Quelquâun dans le public brandit dâailleurs une pancarte qui affiche âJâaime mon paysâ, rĂ©fĂ©rence Ă©vidente au morceau de Sexy Sushi, mais aussi probablement au live de ce mĂȘme morceau lors de Pano#16 en 2013, que le programmateur du festival cite parmi les plus mĂ©morables lives du l’histoire du festival.
Câest la darkwave du duo Minuit Machine (une au micro, lâautre aux machines) qui dĂ©marre les hostilitĂ©s sur la scĂšne oĂč flotte lâĂ©tendard de la maison Warrior. Avec leur âmaquillage de guerreâ, comme elles lâappellent (un Ă©pais trait noir sous chaque oeil) et vĂȘtues de noir (une des signatures de la team Warrior), on pĂ©nĂštre dans un univers sombre voire dystopique â mais mignon quand mĂȘme quand elles lancent âmerci, toi aussiâ en rĂ©ponse Ă la voix du public qui vient de crier âvous ĂȘtes trop belles !â
S’ensuit Maud Geffray quâon ne prĂ©sente plus, plaçant quelques morceaux bien connus ici et lĂ dont âInfluenceurâ du trĂšs en vogue duo Ascendant Vierge, pour un set techno plein de bonnes vibes. Mais voilĂ dĂ©jĂ Cassie Raptor qui dĂ©barque aux cĂŽtĂ©s de Maud pour procĂ©der Ă lâĂ©change de platines, et tout de suite, les notes de techno sâassombrissent : Cassie sort lâartillerie lourde, le kick pĂšse et les sonoritĂ©s sont industrielles.
Arrive enfin Rebeka Warrior pour clĂŽturer la soirĂ©e en grande pompe, dans une salle dĂ©jĂ surchauffĂ©e par ce quâelle vient dâentendre. Rebeka ne se fera pas prier pour balancer ce quâon attend dâelle (acidcore, hardcore, gabber), entourĂ©e sur scĂšne de toute sa team aussi dĂ©chaĂźnĂ©e que le public. La salle brĂ»le, le public en redemande, on en oublierait presque quâil est Ă peine 1h du matin et qu’il est bientĂŽt temps de rentrer…