🔊 Playlist NOUVEAUX FUTURS par Flore : ce qui sort aujourd’hui, ce qui s’écoutera demain
NOUVEAUX FUTURS, ce qui sort aujourd’hui, ce qui s’écoutera demain. La playlist multi-plateformes de TsuÂgi sur le thème des musiques conÂtemÂpoÂraines et d’avenir, curatĂ©e et comÂmenÂtĂ©e tour Ă tour par les artistes. AujourÂd’hui, c’est la proÂducÂtrice et DJ lyonÂnaise FloÂre, prĂŞtresse française de la bass music et boss du label POLAAR, qui se prĂŞte brilÂlamÂment Ă l’exercice.
Eve Maret et les nouvelles formes de pop song
J’ai dĂ©couÂvert le track « SynÂtheÂsizÂer Hearts » dans l’une des excelÂlentes Ă©misÂsions de la BBC et depuis il tourne en boucle chez moi. C’est Ă©tonÂnant car c’est disÂco, et après en avoir beauÂcoup Ă©coutĂ© il y a longtemps, c’est un style qui a tenÂdance Ă me fatiguer très rapiÂdeÂment. Mais ce morceau est magÂique car il est « Ă cotĂ© ». La strucÂture est toute pĂ©tĂ©e, le refrain n’en est pas un, on est Ă cheval entre LauÂrie AnderÂson et CerÂrone, et ça marche effronÂtĂ©Âment bien ! Eve Maret est une artiste issue de la scène alterÂnaÂtive de Nashville, on peut senÂtir une très claire envie d’exploser les codes, et son usage de la voix est ausÂsi extrĂŞmeÂment intĂ©resÂsante. Comme dans les albums de KaitÂlyn AureÂlia Smith, Rose BonÂiÂca, Lyra PraÂmuk ou YaeÂji, tous sorÂtis cette annĂ©e, et dont j’ai mis quelques morceaux dans cette playlist. On sent que ces femmes proÂduisent elles-mĂŞmes leur musique, qu’elles vienÂnent d’un backÂground oĂą leur voix fait parÂtie des nomÂbreux outÂils dont elles disÂposent. L’écriture reste pop, mais dans une verÂsion très dĂ©complexĂ©e.
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Hyph11e et le footwork 3.0
“160 est le nouÂveau 120 bpm”, me disÂait un de nos artistes, SNKLS il y a peu. Je valide. Hyph11e fait parÂtie du label ultra hype SVBKVLT, un label basĂ© Ă ShangÂhai qui insufÂflent depuis quelques annĂ©es un vent de fraĂ®cheur et de sauvagerie sur la scène club interÂnaÂtionale. Dans la bande, il y a 33EMYBW, Zaliva‑D, OsheyÂack, PretÂtybÂwoy (un artiste que nous partaÂgeons avec POLAAR) ou encore GabÂber Modus OperanÂdi. On y praÂtique des bpm Ă©levĂ©s, entre 150 et 180. Hyph11e ne dĂ©roge pas Ă la règle, avec un penÂchant très marÂquĂ© pour le footÂwork et les breakÂbeats anglais, avec cepenÂdant une approche très difÂfĂ©rente des pioÂnniers amĂ©riÂcains et UK. C’est expĂ©riÂmenÂtal dans les sons et hybride dans la forme. HisÂtoriqueÂment, le footÂwork est un style qui tire ses racines de la ghetÂto house, et les lĂ©genÂdes du genre (DJ Rashad, DJ Spinn) ont posĂ© les codes du genre, aliÂmenÂtant cette musique de samÂples issus du hip-hop et de la funk, tout ça mĂ©langĂ© Ă l’incontournable son des TR-808 et 909. J’aime la façon dont cerÂtains artistes (comme Rian TreÂanor et EXAEL dans la playlist) cassent les habiÂtudes du genre pour y incorÂporÂer des sons plus synÂthĂ©Âtiques. Pas Ă©tonÂnant que des labels tels que PlanÂet Mu ou Berlin AtonÂal s’intĂ©ressent Ă eux ! En France, la bande de ParaÂdoxe Club est bien dans ce genre de recherche ausÂsi. J’aime beauÂcoup et il y a fort Ă pariÂer que ces exemÂples vont se multiplier.
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Lurka et le cyber dancehall
Ce n’est un mysÂtère pour perÂsonÂne que je suis une grande fan de danceÂhall. Il y en a dans chaÂcun de mes albums, c’est selon moi le groove le plus sexy qui existe. PenÂdant trop longtemps, le genre a Ă©tĂ© mĂ©prisĂ© par la scène Ă©lecÂtronÂique (trop de Sean Paul peut-ĂŞtre ?), mais depuis quelques annĂ©es, il s’installe, grâce notamÂment au groupe jamaĂŻÂcain Equiknoxx qui a creusĂ© le silÂlon d’une nouÂvelle forme plus instruÂmenÂtale du style, minÂiÂmalÂiste et audaÂcieuse. Cette annĂ©e, il y a eu des tueries qui poussent le genre encore plus loin. J’ai Ă©coutĂ© l’EP Rhythm Hi-Tek de LurÂka en boucle cet Ă©tĂ©. C’est ciselĂ©, futurÂiste, mais ça parÂle aux fessÂes, c’est d’une radÂiÂcalÂitĂ© que j’affectionne tout parÂtiÂcÂulièreÂment, c’est vraiÂment un morceau que j’ai hâte de jouer sur un sound sysÂtem ! Dans le mĂŞme genre, on retrouÂve les Français de Maquis Son SysÂtem, LakÂsa ou Time Cow.
Sophia Loizou et l’ambient rave
Si vous ne conÂnaisÂsez pas Sophia Loizou, c’est une grave erreur ! C’est probÂaÂbleÂment l’artiste que j’ai le plus Ă©coutĂ© ces dernières annĂ©es, notamÂment son tout preÂmier album SinÂguÂlacra, sorÂti en 2016, qui est une pure merÂveille et qui fut mon comÂpagnon de route (au casque, dans le train, c’est addicÂtif !) Ă€ l’époque, l’ambient n’était pas encore vraiÂment de retour, pas plus que le breakÂbeat anglais. Sophia aura donc l’audace en 2016 de mĂ©langer ces deux genÂres diamĂ©ÂtraleÂment opposĂ©s, allant piocher dans les clasÂsiques du hapÂpy hardÂcore pour y rĂ©vĂ©ler autre chose que son aspect danceÂfloor. Ce preÂmier essai est pureÂment magisÂtral, coup de maĂ®tre reconÂduit cette annĂ©e encore avec la sorÂtie sur HoundÂstooth de Untold, son dernier album. Dans une dĂ©marche simÂiÂlaire, l’incroyable « Head Above The ParaÂkeets » de HAAI, sonne pour moi comme un cri d’amour aux raves. Un morceau nosÂtalÂgique, poĂ©Âtique et envelopÂpant, qui m’a fait beauÂcoup de bien cette annĂ©e. Au dĂ©but du conÂfineÂment, alors que tout le monde se demandait si la club music avait encore un sens, cette fusion semÂblait lui en trouÂver. Elle est ausÂsi une Ă©nième preuve Ă mes yeux que la musique club n’est pas qu’une musique « de club » et qu’elle nourÂrit nos culÂtures conÂtemÂpoÂraines, sous plein de formes.
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Jay Glass Dubs et le dub
Enième mutaÂtion dub, dont Jay Glass Dubs, ForÂest DriÂve West, Azu TiwaÂline, Toma Kami ou le label Bokeh VerÂsion sont les fers de lance. Moi, la LyonÂnaise (pour les ignoÂrants, Lyon a eu une influÂence majeure sur cette scène grâce notamÂment au label JarÂring Effects), ça ne me laisse forÂcĂ©Âment pas indifÂfĂ©rente ! J’aime la fraĂ®cheur de cette nouÂvelle approche du son « dub », avec une exploitaÂtion très origÂiÂnale des samÂples et des effets. CerÂtains morceaux de Jay Glass Dubs sonÂnent d’ailleurs très pop. Encore un preuve de l’influence capÂiÂtale de ce genre sur la musique Ă©lectronique.
ZULI et les autres rageux
J’aime les appelÂer les “rageux” (ce qui est un comÂpliÂment dans ma bouche !). On pourÂrait se demanÂder pourquoi ils sont ausÂsi mĂ©chants ? Mais sincèreÂment, connaissez-vous musique plus libĂ©raÂtrice en temps de conÂfineÂment que ces expĂ©riÂmenÂtaÂtions punk ? Pour ma part, ces morceaux m’ont fait un bien fou, c’était la soupape nĂ©cesÂsaire. Je suis fan de la musique de ZULI depuis plusieurs annĂ©es, de la façon dont il dĂ©truÂit ses rythÂmiques, sa façon de tout faire parÂtir en flamme. Dans le mĂŞme regÂistre, j’ajouterais PedÂer ManÂnerÂfelt, qui apporte une touche très punk Ă la techÂno (tout en sorÂtant parÂfois des morceaux ambiÂent on ne peut plus subÂtils et lĂ©chĂ©s). En France, je pense Ă Emma DJ bien sĂ»r, et pour les accomÂpaÂgÂnÂer, j’ajouterais ausÂsi le proÂducÂteur amĂ©riÂcain Only Now ou encore Duma, qui a frapÂpĂ© fort cette annĂ©e avec la sorÂtie de son album sur Nyege Nyege Tapes. Des dĂ©marchÂes sinÂgulières, pleine de libÂertĂ©, qui dĂ©truÂisent les stanÂdards clubs et qui sonÂnent comme un appel Ă la rĂ©volte dans mes oreilles.
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Écouter l’exÂcelÂlent album de FloÂre RitÂuÂals, sorÂti sur son label POLAAR en 2020.
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