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Printworks © Photography by Jake Davis (www.hungryvisuals.co.uk)
12 mars 2019

Printworks : l’immense warehouse londonienne qui nous réconcilie avec les superclubs

par Clémence Meunier

La fin du monde est pour bientôt. Enfin au moins la fin de l’Europe telle que nous l’entendons : d’ici le 29 mars, ou d’ici trois mois si un report est enfin voté, nos cousins anglais quitteront l’Union européenne. Le bordel déjà en cours à Gare du Nord avec une grève des douaniers donne un bon aperçu du futur chaos. Résultat : peut-être qu’il faudra éviter les allers-retours londoniens dans peu de temps. Mais en attendant, autant en profiter. Et s’il y a bien un endroit à tester avant de couper les ponts avec la perfide Albion, c’est bien Printworks. En se perdant dans une zone industrielle de l’East London, aux alentours d’un Decathlon et de la Hawker House, sorte de parc à thème pour adultes avec street-food, bar à gin et tables de ping-pong, difficile d’imaginer qu’ici se cache l’un des lieux de fêtes les plus excitants des nuits anglaises. C’est là, dans les anciens docks ornés aujourd’hui de grandes tours en verre, au milieu d’un quartier relativement vide (et dénué de pont, comme dans tout l’est londonien), qu’étaient imprimés dans un gigantesque entrepôt le Metro ou le Evening Standard. Et qui dit énorme imprimerie, dit lieu parfaitement insonorisé. Impossible depuis la rue déserte d’entendre quoique ce soit. Il y aurait de quoi, pourtant : depuis deux ans à Printworks, la musique électronique a remplacé le bruit des machines, pour des fêtes house ou techno, de jour comme de nuit. Un dédale d’immenses hangars, de coursives, d’escaliers et de mezzanines, dans un décor industriel, où les anciens engins d’impression cohabitent avec les dizaines de lights quadrillant l’endroit. 11 000m² à l’intérieur, 3700 à l’extérieur. Plusieurs espaces vides pour faciliter la circulation et permettre de prendre l’air loin de la foule. Quelques stands de nourriture, bars (dont un bar à cocktail), casiers et toilettes. Un mini-club pour les artistes émergents. Et surtout, un colossal dancefloor, tout en longueur, bardé de part et d’autres d’enceintes et de lumières, avec en fond, minuscule au milieu de la foule, le DJ, posé devant un écran LED atteignant à vue de nez les huit mètres de haut. 5000 personnes éparpillés dans ce labyrinthe gargantuesque. Et surprise : c’est beau, entre murs bruts, lumières hypnotisantes et fringues bigarrées.

Ce jour-là, samedi 9 mars, de midi à 23 heures, place à la house. Normal, puisque c’est le grand Kerri Chandler qui tient les rênes de la soirée, aux côtés de Skream, Mr G ou Motor City Drum Ensemble. Avec une programmation pareille, pas de surprise : impossible de ne pas danser, entre les classiques garage et house balancés par Kerri Chandler, un live de Mr G ou un remix de « 17 Days » de Prince lâché par MCDE. Mais au-delà de la musique, il y a autre chose qui donne envie de danser à Printworks : le côté safe de l’événement. En talons aiguille ou en basket, en mini-robe ou en jogging, gay, hétéro, lad londonien ou pépète française en week-end, quadra ou post-ado, personne n’emmerde personne. Ce qui est malheureusement suffisamment rare pour être noté. La gentillesse du personnel de sécu et le fait qu’ils soient si nombreux (y compris à la sortie du club pour faire traverser la route en toute sécurité), quoique discrets, joue peut-être. Le fait que tout le monde ait besoin de se changer les idées quand le mot « Brexit » est prononcé 14 fois par minute depuis plusieurs semaines a peut-être également son intérêt. Après avoir impérativement pensé aux early-birds (le ticket à l’entrée se vendant 42 livres, une fortune), restent les proportions monumentales, l’ambiance respectueuse et les décibels non bridées. De très bonnes raisons pour traverser la Manche. Tant qu’on peut tranquillement.

© Photography by Jake Davis (www.hungryvisuals.co.uk)

 

Kerri Chandler. © Photography by Jake Davis (www.hungryvisuals.co.uk)

 

© Photography by Jake Davis (www.hungryvisuals.co.uk)

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