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Crédit : Kevin Davies
27 mars 2018

Rencontre avec St Germain avant son concert exceptionnel au Grand Rex en mai à Paris

par Patrice BARDOT

On le sait, la célébration des 30 ans du Rex est multiple. Et surtout, pas seulement sur le dancefloor du club du boulevard Poissonnière. Il y a les soirées “hors les murs”, mais également une série de concerts dans la magnifique salle voisine du Grand Rex. Après le concert-événement du samedi 31 mars, avec le répertoire de Ed Banger en version symphonique, c’est une des légendes de la house française, Ludovic Navarre alias St Germain, qui se produira à son tour en live le 17 mai. Enfin, la house à la sauce de ce pionnier french touch, c’est à dire un mélange effervescence de sons électroniques et organiques à l’image de son dernier album homonyme paru il y a deux ans et demi, fortement inspiré par les musiques africaines et notamment la house sud africaine. C’est entouré justement de ses musiciens africains que St Germain montera sur scène au Grand Rex.

Qu’est-ce que cela représente que toi ce concert dans le cadre des trente ans du Rex ?

C’est comme la célébration de la reconnaissance de la musique électronique avec un club qui a fait émerger ce mouvement. À la fin des années 80, il n’y avait pas vraiment d’autre endroit où entendre cela. Comme on m’a proposé ce concert, j’ai donc dit “oui” tout de suite. Le Grand Rex, c’est une très belle salle qui m’attire beaucoup, d’autant que je n’y avais jamais joué. Je me souviens d’un concert là bas pour un bluesman et c’était magnifique. J’étais pourtant au balcon assez éloigné de la scène, mais j’avais l’impression de voir super bien. Mais je dois avouer que ce n’est qu’après avoir été d’accord pour ce concert que je me suis rendu compte à quel point cette salle était grande !

C’est important la personnalité de la salle quand tu fais un concert ?

Ah oui quand même. Un lieu où il y a un cachet, qui dégage une atmosphère spéciale, cela amène forcément une excitation, un désir. La salle où j’ai joué qui m’a le plus impressionné, c’est le Royal Albert Hall à Londres. C’est très grand, pas loin de cinq mille personnes, pourtant depuis la scène, je voyais des gens dans le public comme si je pouvais presque les toucher.

À quoi faut-il s’attendre pour ce concert au Grand Rex ?

Cela fait un an que j’ai arrêté la tournée. Là je repars avec mes musiciens africains, on reprend des répétitions au Bataclan, histoire de se remémorer les bases. Après cela, on pourra perfectionner et adapter quelques petites choses. Mais je ne veux pas trop les paniquer, nous sommes huit sur scène et il faut trouver le juste équilibre entre tout le monde.

Crédit : Manu Wino

Quels souvenirs as-tu du Rex Club où tu te produiras après ton concert avec DJ Deep et Alex From Tokyo ?

Je ne me souviens plus trop de la première fois où j’y ai mis les pieds. Je me rappelle plus des raves. Et justement ce qui vient à l’esprit lorsque tu évoques le Rex Club, c’est que j’ai eu l’impression d’y retrouver le public des raves. Ça, c’était nouveau. Quand j’allais au Rex, c’était pour y entendre des gens atypiques dans une bonne ambiance. C’était vraiment une petite communauté. Au début, il n’y avait pas de radio, pas de diffuseurs, sinon il fallait se déplacer en Belgique. C’est comme ça que j’ai sorti mes premières productions là-bas. J’y allais souvent pour voir les lieux et les personnes qui partageaient cette même passion pour les musiques électroniques. J’achetais des vinyles et un jour, j’ai laissé une cassette chez un disquaire et ça a démarré. Au bout de ma quatrième production en Belgique, en 1990 à peu près, un journaliste français m’a dit : il y a Fnac musique qui ouvre un label électronique, envoie leur donc une cassette. C’est ce que j’ai fais, j’ai eu un rendez vous et j’ai signé avec eux.

C’est plutôt rare de te voir derrière les platines…

Oui c’est quelque chose que je ne fais pratiquement jamais. Mais là c’est spécial d’être avec Cyril (DJ Deep, ndr) et Alex. On se retrouve les papys, tous les trois, c’est vraiment fun de faire ça ensemble. DJ Deep, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup inspiré. C’est lui qui me faisait découvrir les nouveaux morceaux. J’ai une mémoire purement visuelle et je n’arrivais jamais à me souvenir des noms, alors je demandais à Cyril : ça te dit quelque chose une pochette bleue avec un liseré orange ? Et il trouvait toujours de quel disque il s’agissait. C’est quelqu’un de jusqu’au-boutiste dans ses passions. Il a marqué par ses sets et par sa culture, il connaissait les DJs américains et il était apprécié par eux. C’est quelqu’un de timide, donc il a eu toujours eu du mal à se mettre en avant. Il n’a jamais essayé de bouffer quelqu’un, alors que les autres DJs et producteurs se faisaient un peu la guerre. Moi ça m’a vite saoulé ces histoires de compétition. Je n’avais pas envie de me battre, et de me compliquer la vie.

Tu as toujours été plus attiré par la production que par les DJ-sets…

C’est vrai, alors qu’à l’époque, il y avait finalement plus de DJs que de producteurs. Mais je suis quelqu’un de solitaire et c’est ce qui m’a plu dans la production. J’ai du mal à m’exposer. Avant de faire mes premiers concerts, j’avais proposé de rester derrière le rideau, mais bon, mon tourneur n’a bien sûr pas voulu.

Sinon, tu envisages bientôt un nouvel album ?

Ah, j’aimerai bien. Peut-être l’année prochaine. J’ai déjà essayé des petits trucs, je voudrais conserver garder l’esprit africain, mais en utilisant aussi des sonorités jazz : “Rose Rouge” avec de la kora, c’est magnifique. Et peut être un peu de musique brésilienne, pourquoi pas ? Sans tomber dans le carnaval, il y a de jolies mélodies et les guitaristes brésiliens ils font très mal.

St Germain en concert le 17 mai au Grand Rex à 21 heures. After party au Rex Club à partir de minuit avec DJ Deep, Alex From Tokyo et St Germain.

 

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