©Alban Gendrot

Réouverture de La Machine : comment le club a tenu bon

Après 18 mois de fer­me­ture, l’un des clubs majeurs de la cap­i­tale, l’un des sym­bol­es du club­bing français La Machine du Moulin Rouge va rou­vrir ses portes ce soir avec une grande soirée dans tous ses espaces. Du Bar à Bulles au Cen­tral en pas­sant par la Chauf­ferie, de l’apéro jusqu’au bout de la nuit, la fête reprend ses quartiers à La Machine. Nous sommes revenus ensem­ble sur ces 18 derniers mois, sur ce que l’équipe a dû met­tre en place pour tenir bon et ce qu’ils ont retenu de tout ça.

©DR

Com­ment se sont déroulés ces 18 derniers mois pour vous, en ter­mes de pro­duc­tion, en ter­mes de moral dans l’équipe, en ter­mes financiers ? Com­ment avez-vous tenu le coup ?

Eh bien, on a quand même tra­vail­lé ! Juste après le pre­mier con­fine­ment, on a décidé de soutenir le secteur cul­turel en met­tant nos espaces à dis­po­si­tion de celles et ceux qui en avaient besoin. Dans ce cadre, nous avons accueil­lis une cen­taine d’artistes et même des com­pag­nies de théâtres, pour des répéti­tions et des rési­dences. Il y a égale­ment eu des tour­nages et des réu­nions ; l’idée était aus­si de per­me­t­tre aux gens de garder du lien social pen­dant cette péri­ode dif­fi­cile, de rester en con­tact avec tous les pro­tag­o­nistes de la scène mais aus­si de faire vivre notre lieu pen­dant cette longue péri­ode. Et puis nous avons eu la chance de pou­voir faire fonc­tion­ner la par­tie bar avec le Bar à Bulles (et sa ter­rasse et son toit). C’é­tait quelques mois entre les deux con­fine­ments de 2020 et dès le mois de mai 2021, ce qui a été un vrai bol d’air pour nous. Mal­heureuse­ment, pen­dant ces 18 mois, une par­tie de nos équipes n’a pas pu nous accom­pa­g­n­er et nous sommes ravis de pou­voir enfin les retrouver…

Le Bar à Bulles / ©OOO Communication

Vous rou­vrez ce soir, enfin ! Qu’est-ce que ça vous fait de vous remet­tre à boss­er ? Qu’avez-vous prévu pour cette réouverture ?

C’est génial ! On est telle­ment con­tent de pou­voir repren­dre le tra­vail de façon presque nor­male et de retrou­ver notre pub­lic, nos col­lec­tifs habitués, mais aus­si nos équipes au grand com­plet. Les retrou­vailles vont être très émou­vantes pour tout le monde !
Pour cette soirée de réou­ver­ture, nous ouvrons toute La Machine, du Cen­tral à la Chauf­ferie en pas­sant par le Bar à Bulles, dès l’heure de l’apéro et jusqu’au bout de la nuit ! Con­cer­nant la pro­gram­ma­tion, nous avons souhaité pro­pos­er quelque chose qui col­lait vrai­ment à notre ADN. On com­mencera au Cen­tral avec une pro­jec­tion et un talk autour de Cosey Fan­ni Tut­ti, en parte­nar­i­at avec Audi­mat Edi­tions, et on enchaîn­era sur un club avec le duo anglais Over­mono, le col­lec­tif Pardonnez-nous ain­si que les Français­es Saku Sahara et Carin Kel­ly qui joueront en clos­ing. Pour ce qui est du Bar à Bulles, le mag­a­zine Sport-Etude pro­posera une expo­si­tion et les col­lec­tifs Nique-La Radio et Vénus Club joueront leurs meilleurs dis­ques toute la soirée. Sans oubli­er égale­ment les bonnes choses à manger et à boire qui seront à déguster jusqu’à minuit.

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Qu’avez-vous appris de cette péri­ode de fer­me­ture et com­ment cela se man­i­festera à l’avenir ?

On a beau­coup réfléchi au pro­jet glob­al de La Machine pour les prochains mois et les prochaines années. D’une part, nous avons la volon­té d’accentuer le décloi­son­nement des dif­férents espaces de notre lieu en rap­prochant La Machine et le Bar à Bulles. C’est quelque chose que nous avions déjà enclenché dès 2019 mais nous allons pro­pos­er de plus en plus de for­mats d’évène­ments où notre pub­lic pour­ra cir­culer partout, de la Chauf­ferie jusqu’au toit. C’est le cas sur notre évène­ment de réou­ver­ture et cela sera de plus en plus sou­vent le cas dans les prochains mois.

Le but, c’est de faire de ce lieu un espace sûr, agréable, inclusif.”

D’autre part, nous tra­vail­lons sur une pro­gram­ma­tion qui fait la part belle aux évène­ments cul­turels pluri-disciplinaires. En plus des soirées clubs, con­certs, lance­ments de mag­a­zines, ate­liers que nous fai­sions déjà avant la pandémie, et de notre fes­ti­val de ciné­ma que nous faisons chaque été depuis trois ans avec So Film, nous pro­poserons dans les prochains mois de nou­veaux for­mats axés sur dif­férentes dis­ci­plines artis­tiques mais aus­si des événe­ments cen­trés sur le goût, pour bien boire et manger.

Et puis nous con­tin­uons d’accorder une grande impor­tance à un cer­tain nom­bre d’enjeux soci­etaux. Par exem­ple, il y a trois ans, nous avons sen­ti le besoin de ban­nir les bouteilles d’eau en plas­tique, nous avons mis en place un sys­tème de gour­des et de fontaines à eau qui, à long terme, a été une ini­tia­tive extrême­ment appré­ciée par nos publics et artistes. Le Bar à Bulles a mis en place depuis plusieurs années le com­postage des déchets avec les Alchimistes, et vient égale­ment d’obtenir le label éco-table. Nous con­tin­uons main­tenant dans ce sens en met­tant en place le com­postage et tri rigoureux de nos déchets sur l’ensemble du lieu. Le but, c’est de faire de ce lieu un espace sûr, agréable, inclusif. Nous nous posons régulière­ment des ques­tions d’améliorations du flux, de sig­nalé­tique, mais égale­ment de sen­si­bil­i­sa­tion de notre staff à toutes les ques­tions de har­cèle­ment, con­sen­te­ment ou dis­crim­i­na­tion. Cela nous tient vrai­ment à cœur, nous sommes en 2021 et cer­taines sit­u­a­tions ne doivent plus avoir lieu dans les espaces de fête. Nous abor­dons égale­ment ces sujets au niveau de la pro­gram­ma­tion avec la mise en place de plusieurs parte­nar­i­ats avec des col­lec­tifs ou asso­ci­a­tions qui tra­vail­lent sur ces thé­ma­tiques. Mais nous vous en reparlerons.

©Anna FOUQUERE