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Franck Riester entouré des représentants du monde de la fête en France / ©Michel Pilot
1 juillet 2020

Retour de la fête en France : le ministre de la Culture a rencontré des acteurs du milieu

par Sylvain Di Cristo

Mardi 30 juin a eu lieu une réunion avec le ministre de la Culture Franck Riester et certains représentants du monde de la nuit, pour discuter de la question qui est sur toutes les lèvres : dans quelles conditions faut-il rouvrir les établissements festifs ? Résumé.

Le 19 juin dernier, le ministre de la Culture Franck Riester annonçait au micro de RTL qu’il allait « très bientôt » rencontrer certains représentants du monde de la nuit. L’objectif ? Trouver des solutions pour « les plus pénalisés par la crise ». Ce « très bientôt » s’est transformé en hier, mardi 30 juin, où ont été convié à une réunion autour du ministre, des représentants non seulement du monde de la nuit, mais aussi de la fête diurne (comme les festivals) et de la musique électronique : Michel Pilot comme conseiller culturel et expert des musiques électroniques, Tommy Vaudecrane (Technopol), Samuel Raymond (FreeForm), Frantz Steinbach (Pierrots de la Nuit), Deborah Hazotte (Dream Nation Festival), le DJ François X, Gildas Rioualen (Astropolis Festival) et Aurélien Dubois, président de la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes.

« Il était très à l’écoute et il y avait un vrai dialogue. Il savait de quoi on parlait. » François X

Un ministre à l’écoute

Joint par la rédaction de Tsugi, Michel Pilot nous a rappelé le fil rouge qui accompagnait cette réunion tout du long : « Répondre à la détresse des différents acteurs de la fête, c’est-à-dire les artistes/DJs, les entrepreneurs et le public ». Selon lui, « le ministre a accueilli avec considération et bienveillance nos propositions pour répondre aux différentes situations dramatiques que notre écosystème traverse », et nous a précisé au téléphone sentir le ministère de la Culture prêt à raviver la fête, « à faire en sorte que l’ensemble du monde de la nuit puisse accueillir au mieux l’ensemble de ses publics et redonner du sens économique à tous les acteurs-entrepreneurs qui organisent ces moments festifs ».

Même son de cloche du côté du DJ techno François X, également autour de la table pour représenter le corps artistes des musiques électroniques et faire prendre conscience, entre autres sujets, de l’incompréhension actuel du statut juridique du DJ auprès des instances comme la Sacem ou Pôle emploi : « Il était très à l’écoute et il y avait un vrai dialogue. Ses conseillers pratiquent la fête et disaient même connaître mon travail en tant qu’artiste. Ils savaient de quoi on parlait. »

Astropolis, scène Dôme / ©Julia Allio

Vers une reconnaissance du métier de DJ

Pour François X, cette réunion a servi à éclairer le gouvernement sur le poids des musiques électroniques qui ne devaient pas être considérées comme un accessoire de la fête mais bien comme l’un de ses acteurs principaux, capable de générer des sommes colossales [416 millions d’euros en 2017, soit 17% du marché des musiques actuelles en France, ndlr ; source : electronicmusicfactory]. « Il fallait faire comprendre que la musique électronique est une industrie à part entière et que nous devions avoir des discussions autour de ça car, dans ce genre de réunions, il n’y a jamais d’artistes ou alors ils sont sous-représentés. Il faut que ça change. Quand j’ai parlé de mon métier au ministre, il s’est rendu compte qu’il y avait un manque de communication entre l’état et les DJs », et aurait envisagé un état des lieux de ce statut en vue de la création d’un panel d’aides accessibles pour les DJs. Sur ce sujet, le fonds FG for DJ a été rappelé.

 

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Concrètement

Et cette réouverture, concrètement ? Et bien le combat n’est pas terminé mais la question s’est posée : « Si la définition de la fête est s’enlacer, s’embrasser et s’enivrer, avec quel équilibre peut-on maintenir ces trois mots sans trop de contraintes ? » formulait justement Michel Pilot lors de cette réunion. Car s’il est une évidence que les musiques électroniques ne doivent pas être accusées de propager le virus, une autre évidence a été abordée, celle du caractère impérieux de la fête, qui se fera avec ou sans l’approbation des pouvoirs publics : « Soit on tente une « ouverture progressive à la fête » (selon les termes du ministre lui-même), soit nous ne sommes pas en mesure de proposer dès cet été une réouverture des établissements et nous risquons un jeu du chat et de la souris entre les autorités de police et la jeunesse qui va, de toute façon, vouloir faire la fête. Il faut à tout prix éviter ce dernier chemin. »

« Si la définition de la fête est s’enlacer, s’embrasser et s’enivrer, avec quel équilibre peut-on maintenir ces trois mots sans trop de contraintes ? » Michel Pilot

Cette réunion d’hier n’était que la première étape d’une croisade qui terminera résumée sur le bureau du Président de la République, et d’autres acteurs doivent encore prendre la parole sur cette question du retour à la fête en France. En ce moment même a lieu une seconde réunion, interministérielle cette fois, car cette décision ne dépend pas uniquement de la Culture, mais également de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé. Et comme le note François X : « Tant que tout le monde n’aura pas été consulté, on restera dans une zone de flou qui ne permettra aucun calendrier. Et dans ce flou, personne n’a envie de prendre de responsabilité, ni les établissements, ni le gouvernement. » Affaire à suivre.

François X à droite, à table avec le ministre de la Culture, à gauche / ©Michel Pilot

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