© Tom Kleinberg

Sabrina Bellaouel présente ‘Al Hadr’, entre soul, RnB et musique électronique

Par­fois les lignes entre les styles musi­caux se com­plex­i­fient, devi­en­nent floues. Et par moments, elles ne s’éri­gent tout sim­ple­ment pas. C’est ain­si qu’on se retrou­ve avec une artiste à mi-chemin de tout, qui réus­sit à le com­bin­er par­faite­ment. Enfin, ça fonc­tionne pour Sab­ri­na Bel­laouel en tout cas. La franco-algérienne vient de dévoil­er son pre­mier album Al Hadr, cen­tre de grav­ité où RnB, soul, house, hyper­pop et tech­no s’en­tre­choquent dans une sacrée poésie. On vous le décrypte.

On vous présen­tait Sab­ri­na Bel­laouel dans le Tsu­gi 134 comme ‘le futur de la musique’. Deux ans après, le nom de son pre­mier album se traduit par ‘le temps présent’. Si vous n’y voyez pas un signe, on le fait pour vous. L’in­trépi­de pro­duc­trice et chanteuse aven­turière s’af­firme comme une artiste dans l’air du temps, où les fron­tières n’en­trent plus en vigueur et où la cohérence hétéro­clite qu’elle nous pro­pose dans Al Hadr bal­aye n’im­porte quelle faille spatio-temporelle.

Mais si son tra­vail est basé sur cet éclec­tisme, son iden­tité se fonde sur sa foi et sur l’amour qu’elle véhicule, qu’on lui envoie et qu’elle offre. Et on vous assure : elle en donne pas mal. Dans ce pre­mier album, Sab­ri­na Bel­laouel slalome entre les langues ‑français, anglais et chaoui- et tend son art vers de mul­ti­ples direc­tions. On peut y retrou­ver des morceaux saupoudrés de hip-hop (“Rap­ture”), avec une empreinte RnB forte (“Legit”) ou avec des sym­phonies lyriques ren­voy­ant à son gospel de for­ma­tion dans “Good­bye”, en col­lab­o­ra­tion avec Bon­nie Banane.

Le titre “Clé­mence” ne con­cède que pureté en s’ou­vrant à une soul poé­tique et exaltée. À tra­vers la spir­i­tu­al­ité, thème phare d’Al hadr, la musi­ci­enne y voit “une énergie supérieure qui [lui] apporte l’amour de soi et la con­nex­ion aux autres”. Dans “Jah”, Sab­ri­na chante en français sa croy­ance “Jamais peur d’être seule, pour le pire et le meilleur/ À genoux je prie mon seigneur” sur une har­monie élec­tron­ique complexe.

On pour­rait aus­si vous par­ler du côté tech­no à admir­er dans “Eclipse” où quelques ryth­miques ori­en­tales appa­rais­sent furtive­ment, ou de “Trust” : titre qui mêle hyper­pop explo­ratrice et élec­tro gron­dante. Dans la même famille, “Shop” offre une savante asso­ci­a­tion d’hy­per­pop où l’élec­tron­ique se fond der­rière chant et slam. Mais à choisir, il faut réé­couter non-stop “Peri­od Point Blank”. Sab­ri­na Bel­laouel y pro­pose son chant soul sincère sur un rythme défini­tive­ment élec­tron­ique : une fusion énergique qui n’est pas prête de s’en­v­ol­er de notre playlist.

Avec ce pre­mier album, la franco-algérienne puise dans sa richesse intérieure pour nous pro­pos­er un échan­til­lon auda­cieux et éclairé de sa musique dis­parate et actuelle. Comme elle le dit elle-même sur Insta­gram “le pou­voir est dans le présent” : pas de doute à avoir con­cer­nant sa puis­sance et son tal­ent alors.

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