© DR

Simo Cell, E‑talking, Deena Abdelwahed… Les projets de la semaine

Nou­velle livrai­son pro­jets pour notre tra­di­tion­nelle sélec­tion de la semaine ! Et il y en a pour tout le monde. Avec l’ab­surde de Chilly Gon­za­les, la tech­no dub­step de Simo Cell, le délire psy­ché de E‑talking.… Mais aus­si Juice, Sat­ur­nia et Deena Abdel­wa­hed : suiv­ez le guide. 

 

Deena Abdel­wa­hed — Jbal Rrsas

Avec Khon­nar, un pre­mier album dense et fasci­nant de sonorités en fusion, Deena Abdel­wa­hed avait mis les pieds dans le plat du grand mix — si à la mode — entre musiques arabes et élec­tron­ique. Elle y avait apporté son grain de sel et son esprit con­tes­tataire, tout en lais­sant ses com­po­si­tions tran­spir­er d’un mes­sage poli­tique et social sal­va­teur accom­pa­g­nant la vital­ité de musiques qui, dans leurs pays, réson­naient pour les gou­verne­ments en place comme de dan­gereux trou­bles à l’or­dre social (si ce n’est moral). Jbal Rrsas, son nou­v­el album, rend hom­mage à des gen­res pop­u­laires qui ont bercé l’en­fance de Deena, comme le faz­zani tunisien, le chaâbi maro­cain, le dabke libanais ou le récent mahra­ganat (une forme de trap) que le gou­verne­ment égyp­tien com­bat avec déter­mi­na­tion. En sept titres ramassés, agencés de sonorités indus­trielles et de beats assas­sins, de mélodies tour à tour arides et lyriques, de dia­logues entre tra­di­tion et moder­nité, Jbal Rrsas impose sa déter­mi­na­tion, laisse explos­er sa révolte, insuf­fle une vital­ité plus que néces­saire à des musiques encore trop més­es­timées, tout en redonnant aux musiques élec­tron­iques leurs racines activistes. La preuve, s’il en était, que le nou­veau Sheffield est désor­mais Tunis.

 

Patrick Thévenin

 

Simo Cell — Cus­pi­de des Sirènes

On prend une grande res­pi­ra­tion et on plonge sous l’eau, le temps de douze titres, pour un voy­age aqua­tique sur­na­turel. Le DJ et pro­duc­teur nan­tais crée son pro­pre monde et con­stru­it Cuspide des Sirènes comme un nou­veau chapitre de sa car­rière. On retrou­ve bien les beats sage­ment agres­sifs et inflam­ma­bles de son mini-album YES.DJ dans “Leave me alone et “Blow the conch. Tout en injec­tant dans ce nou­v­el album une bonne dose de mys­tique, avec les sam­ples de voix de “Surface/sirens et les beats organiques de “Rapids. Simo Cell revient au coeur des influ­ences qui le guident depuis ses débuts, avec un mélange soigné de tech­no et de dub­step tout au long du pro­jet. Cus­pi­de des sirènes nous emporte au fond de l’océan, et on en rede­mande volontiers.

 

Juice — Pas­sion­né­ment

Celui qui se décrit sur son compte Insta­gram comme “rappeur et pilote auto­mo­bile pro­fes­sion­nel” a tro­qué son cos­tume du GP Explor­er 2 — auquel il par­tic­i­pait le week-end dernier — pour enfil­er un cos­tume jaune et une gui­tare. Juice dévoile l’ensoleillé Pas­sion­né­ment. La météo a changé depuis son dernier album, Pas de fleurs sans pluie, qui jonglait entre morceaux égotrip, sam­ple de “Hot­line Bling (“Aug­mente) et des mélo tristes. Finie la gri­saille, Juice chante la lib­erté (“Lib­er­ta), plane sur des sonorités retro-pop (“Noir mer­veilleux) et enchaine les refrains de loveur sur des rythmes funk (“Le Plan). Lui qui nous avait habitué à inviter ses gars sûrs (Mis­ter V, Kar­men) dans ses morceaux, signe en solo un album Pas­sion­né­ment dansant, à l’am­biance ultra esti­vale — qui nous fait presque regret­ter que le pro­jet ne soit pas sor­ti plus tôt…

 

Chilly Gon­za­les — French Kiss

En robe de cham­bre et pan­tou­fles, Chilly Gon­za­les pro­duit un slam OVNI, mélange de Philippe Kater­ine sous ecs­ta et de piano-voix dor­mant. L’artiste pousse ses morceaux bieeen au fond de l’absurde, et ne ménage pas les for­mules loufo­ques, servies sans crain­dre l’excès — et l’indigestion. Il s’entoure sur ce pro­jet de quelques têtes extrav­a­gantes qu’on n’est pas éton­né de retrou­ver sur le pro­jet, à l’instar d’Arielle Dom­basle ou encore Teki Latex. Si l’interlude instru­men­tale “Cut Dick per­met de souf­fler entre deux morceaux, French Kiss séduit par son orig­i­nal­ité mais peine à con­clure au bout des onze titres.

 

Sat­ur­nia — GUM

L’un des vis­ages du pro­jet Tame Impala signe l’euphorisant Sat­ur­nia, son six­ième album en solo. Pen­sé comme une bombe musi­cale rock, pop et folk. On est vite dérouté entre les envolées instru­men­tales + le solo de gui­tare de “Mus­cle Mem­o­ry et la douceur envelop­pante des gui­tares de “Would It Pain You To See?deux titres plus loin. Les dix tracks nous emmè­nent dans un rêve imag­iné par GUM, tan­tôt bercé par des choeurs plus que récon­for­t­ants (“Fear of Joy), tan­tôt réveil­lé par des gross­es instru effi­caces (“In a Glasshouse (With No Light)”). 

 

E‑talking — The Cos­mic Egg


C’est un double-dose de house psy­ché que délivre Manu, aka E‑talking, dans ce EP de qua­tre titres, sim­ple et effi­cace. À coups de sam­ples vocaux déli­rants sur “Pads & Frogs”, ou de BPM boost­és ambiance rave sur “Rise Up, le Français E‑talking issu du duo et col­lec­tif Num­mer, pro­pose un mix riche et ultra énergique. C’est un OUI