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26 octobre 2017

Techno, Kompakt, Skryptöm et famille : on a rencontré Maxime Dangles

par Antoine Tombini

Maxime Dangles a un profil atypique dans le monde des producteurs de musiques électroniques. Originaire de Valence, il a commencé sa carrière très fort en signant sa première sortie sur l’illustre label de Cologne Kompakt, et sa fameuse série Speicher. Bricoleur et fan de modulaires en tout genre, le producteur français enchaîne les sorties sur des labels locaux comme Scandium Records et Bambù Records, et continue en parallèle son aventure sur Kompakt et ses sous-labels. En 2010, il rejoint le label Skryptöm, fondé par Electric Rescue en 2006, pour ne plus jamais le quitter par la suite. Depuis, l’artiste s’est aussi bien illustré en studio avec son premier album Resilience, sorti en 2015 sur Skryptöm, qu’en live au sein du trio de choc Mod3rn – avec Electric Rescue et Traumer – ou encore de son alias DNGLS, avec lequel il sortait un album plus electronica que techno, Lukarne, en février 2016.

Bonne nouvelle ! Maxime Dangles sera à l’affiche du Big Bang Festival 2017, aux Docks de Paris à Aubervilliers ce vendredi 27 octobre. Avant de le retrouver en compagnie de Len Faki, Blawan, Paula Temple, Avalon Emerson ou encore Madben, on lui a posé quelques questions sur son entrée dans le monde de la production, ses recontres et ses différents projets.

Tu as sorti en 2006 ton premier morceau sur le label Kompakt Extra et leur série Speicher. On ne peut pas faire d’entrée en matière plus fracassante. Comment es-tu
entré en contact avec eux ? J’ai vu que tu étais de fringues avant, comment en es-tu arrivé à produire ?

Il s’est passé 10 ans depuis tout ça c’est loin ! Il y a beaucoup d’influences qui m’ont poussé à commencer. D’abord, mes parents qui écoutaient du Jean Michel Jarre ou du Balavoine. Je n’aimais pas forcément la musique qu’ils écoutaient mais j’étais fasciné par les sons utilisés, les synthétiseurs et tout ce qui était électronique. Mais au début oui, j’étais vendeur chez Jules et je ne comptais pas faire de la musique professionnellement. J’étais content de la vie que je menais, j’avais une super équipe, et ce sont des amis que je vois encore. À l’époque je n’y connaissais rien en musique électronique. C’est mon ami disquaire Nico qui m’a mis en contact. Je lui ai fait écouter mes démos comme à un pote et il m’a recommandé Kompakt. Je leur ai donc envoyé le titre, et je me rappelle que j’étais en train de jouer à la pétanque avec des potes quand ils m’ont appelé. Le mec parlait allemand et je ne comprenais rien (rires). J’ai ensuite appelé mon pote et je l’ai remercié en lui annonçant que je venais de signer chez Kompakt. Il ne me croyait pas. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte que c’était un truc de fou, et je pense qu’actuellement ce serait plus difficile, l’industrie du disque n’étant pas la même. À l’époque, Kompakt sortait un Speicher par mois, maintenant le label n’en sort que deux par an. Après ça, j’ai signé cinq sorties chez eux, ils m’ont booké pour des labels nights, ce qui m’a permis de jouer dans des gros clubs et dans des gros festivals, alors que je sortais de nulle part. J’étais dans ma campagne, j’avais entre 20 et 21 ans, et je ne comprenais rien à ce qui m’arrivait.

Je t’ai connu avec ton morceau « 4 heures de retard », et j’ai découvert que tu ne l’avais pas sorti officiellement, pourquoi ?

En fait, elle est sorti sous un autre nom, « Djellaba », sur un label de potes de Montpellier qui s’appelle Bambù Records. J’avais aussi sorti « Deuxième Voyage » sur le même vinyle. Le morceau s’appelle « 4 heures de retard » parce qu’à l’époque et encore aujourd’hui, les mecs venaient voir les titres sur les CDJ quand tu jouais. Je l’avais appelé « 4 heures de retard » dans mon studio, et quelqu’un avait vu le titre quand je jouais, avant de l’upload sur Youtube sous ce nom.

En 2010, tu débarques sur le label Skryptöm avec ton EP Astroneff. Comment as-tu rencontré Antoine Husson/Electric Rescue en premier lieu ?

C’était dans le sud via le label de Paul Nazca, Scandium. Antoine y avait sorti plusieurs EPs en 2005, et on avait fait les dix ans du label dans un amphithéâtre. Antoine était venu faire un live et on s’est rencontré comme ça. Skryptöm venait juste de sortir « Air Conditionné » de Julian Jeweil à l’époque. C’est un mec en or. Je voulais vraiment bosser avec lui, et depuis on est devenu amis. C’est parti pour toute la vie !

J’ai vu que tu parlais du label comme d’une famille, un crew bien soudé. Comment penses-tu qu’Antoine a influencé ta musique ?

C’est sûr qu’il m’a influencé. Dans la vie, il y a des hauts et des bas. J’ai traversé des périodes assez difficiles, ce n’était pas évident de faire de la musique à ce moment-là et il m’a beaucoup aidé. C’est pour ça que je dis que c’est une famille. Je n’étais plus du tout productif et il aurait pu m’abandonner. Il s’est passé complètement l’inverse. Il m’a boosté, il m’a envoyé des tracks en me demandant d’écouter ci et ça. Il m’a clairement sorti la tête de l’eau. C’est une personne très attachée aux gens, et quand il prend quelqu’un sous son aile ce n’est pas pour rien. Il est comme ça. Avec Kmyle ou encore Traumer c’est la même chose. Traumer sans Antoine ce n’est pas Traumer. J’aime bien le dire, parce qu’il est assez humble, et il ne le dit jamais alors que sans lui on ne serait pas là. En plus, on fait de la musique chacun de notre côté, donc on reste assez seul finalement.

Et c’est pour ça que vous avez créé Möd3rn, pour se voir et pour jouer ensemble ?

Exactement, l’idée de base c’est ça. Passer plus de temps ensemble et se marrer. On a de la chance de pouvoir faire ça et on est heureux d’avoir cette opportunité-là. C’est un peu l’apothéose de toutes ces années de travail que l’on a fait avec Antoine et Skryptöm.

Et ça se passe comment en live ?

C’est un peu comme une grosse jam, bien à l’arrache. Rien n’est préparé. Encore une fois, on se respecte mutuellement et on est tellement potes qu’il n’y a pas de problèmes avec ce live-là, ça marche parce qu’on s’écoute et on se connaît.

Tu es à l’affiche du Big Bang Festival 2017, c’est ta première fois ? Et vu les poids lourds techno qui t’accompagnent sur le Lunar Stage que prévois-tu de jouer ?

C’est mon premier Big Bang oui. Je t’avoue qu’en DJ-set, je prépare mes morceaux comme un bac à vinyles à l’ancienne, sauf qu’à la place des disques, j’ai mes clés USB avec 80 tracks à peu près. Je prépare en amont mes idées, et j’adapte en fonction de mon heure de passage et du public. Mais vu l’affiche, la soirée risque d’envoyer de la grosse techno. J’ai vu qu’il y avait Len Faki, Blawan, Paula Temple. Je vais peut-être justement prendre le contrepied de tout ça et ne pas envoyer de la techno d’autoroute. Peut-être essayer de me démarquer avec trucs un peu plus mentaux ou émotionnels.

En 2015 tu sors ton premier album Résilience (capacité de certains enfants de triompher de certains traumatismes). Quel a été ton traumatisme à toi ?

En cinq ans, j’ai dû faire le deuil de plusieurs personnes qui me sont chères. Et « résilience » veut dire ce que ça veut dire. Tu rames pendant très longtemps et puis un jour tu passes le cap, et tu continues à vivre. Le top de la résilience, c’est quand tu arrives à rigoler du passé. J’ai appelé cet album-là comme ça, car j’ai produit des morceaux pendant cette période et après, et j’avais envie de marquer cette phase avec un coup de tampon, pour vraiment passer à autre chose. Et Antoine m’a suivi dans ce délire-là voilà pourquoi je l’ai appelé comme ça.

Dans la foulée, tu dévoiles un autre projet live, DNGLS, avec un nouvel album, Lukarne. Peux-tu nous expliquer la différence entre Maxime Dangles et DNGLS ?

Il n’y avait pas énormément de différence entre Résilience et Lukarne. Aujourd’hui, il y a une grosse distinction, surtout dans le fait que DNGLS est un projet live beaucoup plus electronica et moins techno. J’ai fait une date à la Géode à Paris, où ils avaient projeté un film sur l’espace et j’avais joué ma musique par-dessus. Ça décrit vraiment l’idée du projet DNGLS.

Et quelle est la suite de tes projets ?

On va faire un EP avec Skryptöm qui doit sortir en décembre je pense. Et puis pour 2018/2019, j’aimerais bien refaire un album sur Skryptöm, sous Maxime Dangles cette fois.

Est-ce que tu penses monter ton propre label?

Non du tout. Skryptöm c’est la maison mère, et j’y suis trop attaché. Je fais de la musique mais je ne suis pas du tout businessman. J’ai une petite fille à qui je donne énormément de temps, et si je pouvais je lui en consacrerai encore plus.

Dernière question, ton morceau de peak time en ce moment ?

C’est tout con, c’est une démo de Moteka qui va sortir sur Skryptöm justement. C’est la folie. Je n’ai même pas encore eu l’occasion de le jouer. Mais quand je l’ai reçu il y a deux semaines, j’ai directement appelé Antoine. J’ai regardé mon calendrier pour voir quand est-ce que j’allais jouer en DJ-set, et la prochaine date c’est le Big Bang, donc c’est sûr que je vais la passer !

Maxime Dangles sera au Big Bang Festival 2017 à Paris, ce vendredi 27 octobre. Plus d’informations concernant l’évènement par ici.

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