Crédit photo : Patrice Bardot

Techno maximale pour Richie Hawtin à l’Olympia

Depuis Lau­rent Gar­nier en 1998, on ne compte plus les artistes issus des musiques élec­tron­iques à s’être pro­duits à l’Olympia ; il n’empêche, la présence de l’un d’entre eux dans le tem­ple de la chan­son française con­stitue encore un petit événe­ment, signe que la per­for­mance scénique à venir ne sera pas ordi­naire. Devant l’entrée de la célèbre salle parisi­enne, imman­quable­ment, ils sont nom­breux à immor­talis­er les let­tres rouges annonçant la présence de Richie Hawtin. A l’intérieur, si la salle n’affiche pas com­plet, elle est copieuse­ment gar­nie d’un pub­lic assez dis­parate, allant de la ving­taine à la cinquan­taine, reflet de la longévité du Cana­di­en, aux platines depuis les années 90, mais jamais dépassé par le temps. Dans cette course, Richie Hawtin essaie tou­jours d’avoir une longueur d’avance, et la scène sem­ble être son nou­veau lièvre. Présen­té pour la pre­mière fois l’an dernier à Coachel­la, CLOSE a ain­si pour ambi­tion d’abolir la fron­tière entre live et DJ set, et de faire évoluer le rap­port à la scène des artistes tech­no. On les soupçonne de jouer des sets préen­reg­istrés ? Alors place à la transparence.

Richie Hawtin, dont la sil­hou­ette fil­i­forme se détache au cen­tre de la scène, joue tables ouvertes, cha­cun de ses gestes étant filmé et dif­fusé sur grand écran, même si en réal­ité, on dis­tingue mal ce qu’il fait, les vidéos pas­sant au tra­vers de mul­ti­ples fil­tres graphiques. Ceux qui espéraient un cours magis­tral en seront pour leur frais. En revanche, ceux qui sont venus pour en pren­dre plein les yeux et les oreilles sont servis. L’Olympia con­stitue un lieu idéal pour ce type de per­for­mance, suff­isam­ment large pour don­ner un aspect grandiose au spec­ta­cle, suff­isam­ment petit pour préserv­er une cer­taine prox­im­ité. Musi­cale­ment, c’est beau­coup plus dense que ce qu’Hawtin pou­vait pro­pos­er il y a quelques années, lorsqu’il était le pape de la min­i­male ; il faut dire qu’il mixe en per­ma­nence plusieurs dis­ques simul­tané­ment, aux­quels il ajoute effets, tex­tures et abon­dance de claps. Les bass­es sont sur­puis­santes, et il appa­raît assez claire­ment dès le départ que ce n’est pas parce qu’il est 21h que le pub­lic ne dansera pas comme à 3h du mat’. Ça cogne vite et fort, et Hawtin, qui n’a de cesse d’aller d’une table à l’autre, de tri­t­ur­er ses bou­tons, donne l’impression d’être en train d’essayer de dompter un mon­stre de câbles et d’acier, machine à con­cass­er le dance­floor. Une heure et demi plus tard, lorsque les lumières se ral­lu­ment, les tym­pa­ns bour­don­nent et les jambes fla­geo­lent. On en revient finale­ment tou­jours à ça.

Meilleur moment : A peu près toutes les cinq min­utes, quand s’abattait un nou­veau rouleau de basses.

Pire moment : A en croire les gens à la sor­tie, ce fût la fin, jugée trop abrupte. Ils étaient plusieurs à penser que le Cana­di­en était cen­sé jouer deux heures au lieu d’une heure et demie.