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© Andrea Mae Perez
28 septembre 2018

« The Dog & the Future », le premier album audacieux d’Agar Agar

par Dylan Leport

Merci au bibliothécaire des Beaux Arts de Cergy. C’est lors de son pot de départ que Armand et Clara, étudiants dans cette école et futurs Agar Agar, ont joué ensemble pour la première fois. Avec « Prettiest Virgin » comme unique morceau, ils se retrouvent parmi les dix lauréats du concours des Inrocks Lab en 2016. En maintenant presque trois ans d’existence, Agar Agar a réalisé la prouesse de tourner en France et en Europe avec un seul EP à son actif. Deux ans jour pour jour après la sortie du très apprécié Cardan, Agar Agar présente son premier long format, toujours sur Cracki Records. Résultat d’un isolement en terres basques, The Dog & The Future risque de surprendre les premiers adulateurs du duo. Moins dansants qu’à l’accoutumée, pas forcément jouable en live, les dix titres de l’album découlent d’une sérénité liée à son lieu de production, et synthétisent les deux personnalités de ses compositeurs. Qu’ils soient doux ou plus électriques, on reconnait néanmoins la signature du duo sur chacun des morceaux. Reste à savoir si le public d’Agar Agar souhaitait vraiment se calmer. 

Vous avez enchaîné les dates après la sortie de votre EP Cardan, comment l’avez-vous vécu ? 

Clara : On avait chacun un appartement à Paris, mais on n’avait même plus l’impression d’y vivre. Pendant notre tournée, on était tout le temps accompagnés par notre équipe technique : ingénieur du son, ingé lumière, tour manager… À force d’être toujours entouré, quand tu rentres chez toi tu n’as plus vraiment envie de voir du monde. J’ai été un peu associable pendant un temps mais ça va mieux. On adore ce qu’on fait, mais au début c’est déroutant.

Armand : C’est vrai que cette vie un peu « hors sol » nous est tombée dessus assez rapidement, mais on ne va pas s’en plaindre, on apprend. On a fait une croix sur les choses sédentaires mais encore une fois, on est super contents de tout ça. Ça fait deux ans maintenant ; on s’est adaptés.

Après avoir été encensés dès le départ, on vous retrouve là où l’on ne vous attendait pas, avec un album plus calme qui risque de surprendre votre public. Vous n’avez pas peur qu’il soit trop éloigné de ce qui a fait votre succès ? 

Clara : Ce qui est cool quand on a des gens qui nous écoutent, c’est qu’on peut prendre des risques, et faire ce qui nous plait sans penser forcement à composer des tubes ou à chercher la grande audience. On est dans un label où on contrôle vraiment tout l’artistique. Cracki nous laisse une liberté absolue, alors on a simplement fait ce dont on avait envie.

Armand : D’être écoutés pourrait nous mettre une sorte de pression, alors que c’est le contraire. On se dit qu’on peut tenter des choses précisément parce qu’on a un public. Ça nous permet de risquer des choses nouvelles et d’obtenir une réaction.

Quelle différences entre la composition de Cardan et The Dog & The Future ?  

Armand : L’EP Cardan a vraiment été composé dans un but live. On faisait beaucoup de concerts à ce moment-là et il nous fallait du contenu. Quant à l’album, il s’articule deux parties : des morceaux qui datent de cette époque où on composait beaucoup pour le live, et des morceaux qui sont vraiment dans une optique studio, isolés de tout ça.

Clara : On a pris des chemins un peu différents, on s’est rendus compte qu’on n’avait jamais passé de longs moments à créer ensemble, dans un lieu particulier, livrés à nous même. On a loué une maison dans le Pays basque pendant trois mois, et on s’est aperçus qu’on avait envie de faire des choses moins rythmées, plus libres.

Armand : On s’est créé un petit laboratoire propice à la création. On a composé de la musique évidemment, mais pas que. On a beaucoup parlé, on a dessiné, peint, sculpté, on a aussi fait des vêtements.

Pourquoi ne pas s’être occupé de l’artwork ? 

Clara : On a décidé de laisser ça à quelqu’un d’autre, de se concentrer sur la musique. Et c’est intéressant d’avoir une autre vision. En l’occurrence on adore ce qu’a fait Keith Rankin pour l’album.

Armand : Je pense que ça permet de faire grandir les choses et extérioriser un peu tout ça. Comme on est deux, si on réalisait notre pochette nous même, il faudrait trouver une espèce de fusion graphique, c’est quelque chose qu’on a pas recherché jusqu’ici. Les artistes que l’on a choisi ont justement trouvé cette fusion entre nous deux. Ce qui nous a séduit.

Vous vous êtes isolés pour trouver l’inspiration, ou pour produire un album déjà conceptualisé ? 

Armand : On avait déjà pas mal de morceaux, mais rien de très défini. Certains avaient été composé chacun de notre coté il y a longtemps et on voulait les intégrer à l’album. Du coup l’idée c’était vraiment de concrétiser tout ça, mais aussi d’écrire de nouveaux titres.

Clara : Certains avaient été composés avant même qu’on se connaisse, on joue d’autres sur scène depuis super longtemps, et d’autres encore, plus récents, ne seront même pas jouables en live. Grâce au contexte dans lequel on s’est plongés et l’atmosphère dans laquelle on était, on s’est donné beaucoup plus de liberté dans la création. D’où certains morceaux où il n’y a pas forcement de boîte à rythmes, un peu plus légers.

Armand : En fait cet album, c’est presque un copié/collé de nous même et pas seulement d’Agar Agar. The Dog, c’est vraiment nous.

À ce propos, pourquoi est-ce que le chien revient quasi systématiquement dans vos chansons ? 

Clara : C’est un animal qu’on affectionne particulièrement, mais aussi et surtout parce qu’on aime bien l’idée de se comparer à des petits chiens joueurs dans notre façon de composer. On est très instinctifs, on s’est rendus compte de ça au cours de nos trois mois à Bidart. On se met devant nos machines et on s’amuse, c’est vraiment comme ça qu’on fonctionne.

Armand : Oui c’est précisément ce qu’on fait : la musique de deux petits chiots qui s’amusent.

 

En tournée à partir du 8 novembre à La Carène (Brest), le 6 décembre à l’Olympia, (Paris) puis dans toute la France.

Retrouvez toutes les dates de concert ici.

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