Trump signe un décret contre les revendeurs de billets
Trump a signé ce lundi un décret pour protéger les fans des reventes abusives de billets et introduit « des réformes de bon sens » dans la tarification des événements de divertissement en direct. Le tout avec le soutien de Kid Rock, dans une séquence filmée dans le Bureau ovale. Une information étonnante que Tsugi décrypte avec vous.
L’image semble lunaire. Dans le Bureau ovale, Donald Trump couleur Cheetos et Kid Rock en mascotte rockabilly de l’Oncle Sam, parlent Culture. Tandis qu’A. Lincoln doit se retourne dans sa tombe, les deux hommes signent un décret pour mettre fin aux pratiques des revendeurs de tickets, qui font gonfler les prix des billets de concerts.
À la rédaction, découvrant l’info un mardi 1er avril, on n’y a d’abord pas cru. Mais ce n’est pas forcément une blague, c’est Washington en 2025.
Entre deux diatribes contre les élites culturelles et un sourire tendu à ses soutiens médiatiques, Trump s’attaque donc aux « scalpers » : ces revendeurs qui font grimper les prix des billets sur le marché secondaire.
« Toute personne ayant acheté un billet de concert au cours des dix, voire vingt dernières années – peu importe ses opinions politiques – sait que c’est un casse-tête » – Kid Rock.
Cette frustration, ils l’ont cristallisé autour des « vendeurs intermédiaires » et veulent la combattre par le respect des règles de l’Internal Revenue Service (IRS) adopté au début du mandat Joe Biden et mis en œuvre en 2023. Cette loi oblige les plateformes de commerce en ligne à signaler à l’IRS les reventes de billets dépassant 600 dollars. Tous gains au-delà de ce pallier doivent être renseignés et peuvent entrainer des taxes supplémentaires. Cette prolongation du décret, signé le 31 mars par Trump, durcit cette loi en ciblant ces « intermédiaires sans scrupules qui imposent des frais exorbitants ». Dans ce document signé par Trump déclare :
« Les revendeurs de billets utilisent des bots et d’autres moyens déloyaux pour acquérir en masse des billets à leur valeur faciale, avant de les revendre à des prix exorbitants sur le marché secondaire, escroquant ainsi les consommateurs et privant les fans de la possibilité d’assister aux concerts de leurs artistes préférés sans payer des sommes astronomiques »
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« Je ne connaissais pas grand-chose à ce sujet, mais j’ai creusé et c’est un gros problème » annonce Trump. Une prise de conscience soudaine, bien que tardive, après le fiasco du Eras Tour de Taylor Swift qui avait vu les tarifs flamber et le Sénat s’en mêler. Trump réitère et se place là où le vent du mécontentement souffle, transformant une réalité économique en croisade populiste.

© Associated press / Trump gets boost from Kid Rock for executive order on ticket sales – 1er avril 2025
Quoi de mieux qu’un bon vieux rocker réactionnaire pour donner un peu de glamour patriotique à l’opération ? Kid Rock, visiblement soucieux des « working-class heroes« , a ainsi pris la parole pour appeler à plafonner les prix des reventes. « Il y a assez d’argent pour tout le monde », a-t-il proclamé, avant de se déclarer « trop payé » – un moment d’auto-critique à méditer.
Pendant ce temps, Live Nation, grand manitou de l’industrie du spectacle, a applaudi la réforme, tout en rappelant qu’il fallait surtout renforcer les lois existantes contre les bots acheteurs de billets. Quand l’administration Trump feint de s’attaquer aux monopoles, c’est qu’elle les a déjà rassurés en coulisses.
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Mais au-delà du folklore de la cérémonie, il reste un goût amer. Car cette bataille contre les « scalpers » détourne l’attention d’enjeux plus importants encore. Ticketmaster, mastodonte du marché, a été poursuivi pour abus de position dominante sous Biden, mais Trump préfère lui offrir une image de partenaire réformiste plutôt que d’en faire un réel adversaire. Comme toujours, la cible, ce sont les petits profiteurs – pas les véritables faiseurs de prix.
Au final cette mise en scène a tout d’une grande opération de communication : Trump s’achète une crédibilité « pro-fans », Kid Rock joue les Robins des bois. Et les monopoles n’ont plus qu’à sortir la crème solaire avant de profiter de l’été. Pendant que l’on détourne le regard, la concentration du pouvoir dans l’industrie musicale reste inchangée. « Make America Fun Again » ? Plutôt « Make America Distracted Again ».
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