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Crédit : Warren Jones
6 septembre 2019

Tsugi 125, avec en couverture New Order en interview exclusive, est disponible en kiosque !

par Patrice BARDOT

Il y a un avant et un après “Blue Monday”. Et pas seulement pour New Order. Ce maxi 45 tours sorti en mars 1983 marque le point de bascule de nombre de rockers vers ce qui n’est pas encore la dance music (même si le titre va en devenir l’un des hymnes), mais plus sûrement la synth-pop. De la matière à danser dont devient vite accro la bande de Bernard Sumner. Sa discographie va désormais sortir du sombre cadre new wave/cold wave pour s’épanouir dans des climats quasi dancefloor, avec comme point d’orgue son cinquième album Technique, pour lequel le groupe part enregistrer à Ibiza en 1988. Si les sessions ne donnent pas grand-chose, le séjour épique infecte le quatuor du virus de l’acid-house, qu’il ramène avec lui dans le Nord de l’Angleterre. Le reste appartient à l’histoire. Depuis bientôt 40 ans, les Mancuniens n’ont ainsi jamais quitté notre planète (et nos platines), malgré quelques éclipses régulières. Logique donc d’éprouver un sentiment de fierté en les mettant en couverture de ce magazine à l’occasion d’une interview exclusive. C’est l’un des plus grands “connoisseurs” français du groupe, l’éternel Benoît Carretier, qui a rencontré Bernard Sumner à Lyon en juin dernier dans des conditions caniculesques. Et alors là, vous vous dites : mais pourquoi Lyon? C’est une bonne question. Rien de plus logique puisque l’excellent festival local des Nuits de Fourvière accueillait le lendemain de cette rencontre, une date estivale unique de New Order. Le groupe s’étant lancé dans une grande tournée pour soutenir son très bon album live au nom imprononçable ∑(No,12k,Lg,17Mif) New Order + Liam Gillick: So It Goes.. Car avec les années, les auteurs de “True Faith” sont devenus une redoutable machine scénique. Ce qui n’avait rien d’évident quand on se souvient de certaines de leurs performances cataclysmiques dans la deuxième moitié des années 80. New Order, c’était pas mieux avant.

Crédit : Nick Wilson

Vous retrouverez également dans ce numéro Last Train qui parle football (allez Sochaux !), des rencontres avec Nancy Whang (l’âme des synthés de LCD Soundsystem et des voix de The Juan Maclean), Tropical Fuck Storm, MNNQNS, Kid Loco ou Ezra Furman, une plongée dans la nouvelle scène rap marocaine ou au Sound Factory, le fou club new-yorkais des 90’s où officiait Junior Vasquez, Rubin Steiner nous dévoilant ses inspirations, Fanny Bouyagui du N.A.M.E. à l’épreuve du blindtest, une enquête (corse) sur les festivals de l’Île de Beauté… Et bien sûr votre lot habituel de chroniques, bons plans, tests de casques, souvenirs de festivals… ! Rendez-vous dès aujourd’hui en kiosque ou sur notre boutique en ligne. Mais comme on est trop sympas, on vous offre déjà le début de l’interview exclusive de New Order par Benoît Carretier.

Mètre étalon des années 80, symbole de la révolution acid-house qui a contaminé la scène indie-rock, New Order reste après presque 40 années d’activité l’une des pièces centrales de la musique britannique. Consacrant désormais la plupart de son temps à la scène, le groupe vit une deuxième jeunesse et s’offre le luxe de faire la paix avec son passé. Entretien caniculaire à l’occasion de la sortie de son meilleur enregistrement live, capté pendant une résidence exceptionnelle dans sa ville de Manchester.

Lyon, 21 janvier 1989. New Order monte avec deux heures de retard sur la scène du Transbordeur, inauguré la veille, dans une ambiance électrique. Comble, la salle attend impatiemment la toute première date du quatuor mancunien dans la capitale des Gaules. Malgré le jeu de basse approximatif d’un Peter Hook passablement ivre et les “fuck” lancés à tout-va par le chanteur-guitariste Barney Sumner, le concert laisse un souvenir impérissable aux quelque 1800 spectateurs présents et entre dans l’Histoire locale. Lyon, 28 juin 2019. New Order s’apprête à jouer dans la ville pour la troisième fois de son histoire. Le splendide théâtre antique de Fourvière est plein comme un œuf. Dans le public à majorité quadragénaire, qui s’est rué sur les places, une bonne partie se trouvait sûrement au Transbo 30 ans auparavant. Sur scène, le groupe a connu quelques bouleversements. New Order est désormais un quintette, Tom Chapman a remplacé Peter Hook, qui a claqué la porte en 2006, et Phil Cunningham, arrivé en 2001, est devenu l’un des deux guitaristes du groupe. Quant aux trois membres fondateurs, seul le poids des ans témoigne d’un réel changement. Les silhouettes se sont alourdies, mais Stephen Morris, Gillian Gilbert et Barney Sumner restent peu ou prou les mêmes. Morris est toujours cette boîte à rythmes humaine qui concasse ses fûts de batterie quand Gilbert est toujours stoïque derrière ses claviers. Et Sumner ? Délesté de Peter Hook, avec qui les relations étaient devenues impossibles, lui qui détestait tant tourner s’épanouit enfin sur scène. À 63 ans révolus, il s’amuse comme un môme, échange avec le public, danse, et participe même au traditionnel lancer de coussins qui conclut chaque concert à Fourvière, les renvoyant dans la fosse. À l’échelle du groupe de Salford, ce n’est pas un changement, c’est un tsunami. Car la résurrection miraculeuse de New Order en 2011 aura permis au groupe de trouver un nouvel équilibre et d’assumer son héritage. Alors que Sumner avait toujours rechigné à s’attaquer à Joy Division, les morceaux du groupe mythique trouvent de plus en plus leur place depuis quelques années dans les concerts de New Order, et quitte à regarder dans le rétroviseur, le groupe s’est attelé il y a deux ans à une véritable excavation de son histoire musicale. Pour l’édition 2017 du Manchester International Festival, le groupe avait disséqué une partie de sa foisonnante discographie pour la restituer accompagnée d’un orchestre de douze synthétiseurs lors de cinq nuits intitulées ∑(No,12k,Lg,17Mif) New Order + Liam Gillick: So It Goes.. dans les studios d’Old Granada, où Joy Division avait fait sa première télé. À quelques jours de la sortie discographique de cet exercice de style brillamment exécuté, rendez-vous était pris sous une chaleur caniculaire avec Bernard Sumner pour aborder la nouvelle vie de New Order, placée sous le signe de l’hédonisme.

Ce qui surprend à l’écoute de ∑(No,12k,Lg,17Mif) New Order + Liam Gillick: So It Goes.., c’est le sentiment de joie qui s’en dégage. Vous étiez si heureux de donner ces cinq concerts ?
On était surtout excités. On avait embarqué avec nous douze étudiants d’une vingtaine d’années, et leur énergie était communicative, infectieuse même. Pour eux, donc pour nous, c’était l’éclate!

Vous aviez carte blanche pour ces concerts au Manchester International Festival ?
À peu près, nous disposions d’un brief stipulant que nous devions offrir une performance originale et moderne, ce qui se traduisait aussi par “jouez des titres que vous ne jouez pas souvent, et pas de ‘Blue Monday’”. C’était intrigant. Nous avons commencé à réfléchir à commander de nouveaux remixes, que nous aurions ensuite interprété. C’était une proposition artistique intéressante, mais infaisable dans le temps qui nous était imparti. J’ai eu cette idée de prendre notre musique, de la ramener à sa structure presque moléculaire et à partir de là de coucher nos titres sur partition pour un orchestre de synthétiseurs.

… La suite à retrouver en kiosque ou sur notre boutique en ligne

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