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17 mai 2013

Tsugi parie sur… Thunderbird Gerard, l’interview

par rédaction Tsugi

Après lui avoir donné une jolie fenêtre d’exposition dans le dernier Tsugi, on a donné la parole à cet excellent rappeur, qui ne mérite que d’exploser.

 

Peux-tu te présenter ?

Je suis Thunderbird Gerard, je rappe, chante, écris et produis. Je suis Américain mais je vis à Berlin et mon premier EP T.R.O.U.B.L.E. est sorti le 6 mai. J’ai grandi dans une petite ville du nord de l’état de New York. Je suis né à la ville mais abandonné à la naissance, j’ai passé 9 mois dans un orphelinat. Mes parents (je refuse de les appeler mes parents adoptifs) venaient d’arriver dans le coin pour le travail de mon père, ingénieur pour IBM. Ma mère enseigne les maths. Ils étaient pointilleux sur l’éducation, voulaient que je sois médecin ou avocat. J’ai rejoint un cirque à la place.

 

Quelle influence ont eu tes parents dans ta trajectoire musicale ?

Ma famille vient du Sud, tu n’échappes jamais vraiment à la culture du sud des USA. À New York on fréquentait une paroisse de l’Église Baptiste du Sud, notre alimentation était sudiste, les amis de mes parents étaient sudistes aussi. Mon père était un gros fan de jazz mais la maison était aussi baignée dans le gospel du sud, une philosophie terrestre, des racines folk et blues. J’ai réalisé que mon cœur était là-bas, que ce que je produisais de meilleur me ramenait à cette culture.

 
Comment t’es-tu mis à la musique ?

J’écris des poésies et des raps depuis que j’ai 10 ans. J’ai joué de la trompette et de la batterie dans des groupes à l’école. Pour mon père c’était fondamental que j’apprenne un instrument parce qu’il était trop pauvre pour le faire dans sa jeunesse. J’étais et je serai toujours un batteur dans l’âme. J’ai commencé à prendre des vrais cours à 15 ans. En arrivant en Angleterre j’ai joué avec différents groupes. Je les observais et ai commencé à produire moi-même, acheté un premier synthé, chopé une version crackée de Logic Express etc.

 

Quel a été le premier morceau que tu as écrit ?

J’ai écrit beaucoup de conneries petit. À 11 ans j’ai commencé un groupe de rapnommé X-Red, avec deux amis, j’écrivais les couplets de tout le monde. C’était plutôt ridicule, du rap de vantard, pseudo politique, vaguement menaçant… Mais je faisais ça très sérieusement. Au même moment je fondais mon propre gang, pour tester mes limites.

 

Tu as quitté les États-Unis pour l’Europe, bizarre pour un rappeur non ?

Ça me semblait être la chose à faire, je voulais voir le monde. Je n’étais pas en accord avec les politiques menées aux USA, pas content du climat social, je voulais aller là où je ne me considèrerais plus que comme un “homme de couleur”. La question raciale là-bas était vraiment un gros poids sur mes épaules. Et puis beaucoup de ce que j’écoutais venait de France ou d’Angleterre. Mais des gens comme Kanye ou Outkast ont depuis vraiment ouvert les portes pour des gens comme moi. J’aime le street-rap, mais les maisons de disque entretenaient ce fétichisme du rappeur voyou, auquel je n’aurais jamais pu coller. J’ai fui de l’avant, vers une image de ce que j’imaginais pouvoir être. Je suis toujours au cœur de ce périple.

 

Qu’as-tu vécu en Europe ?

Pour faire court : un garçon a un rêve, il quitte la maison, rencontre une fille, perd la fille, finit dans les égouts, rencontre une autre fille, la fille sauve le garçon, ils quittent le pays ensemble et fondent un foyer (de l’Angleterre à Berlin, ndlr). Je suis assez chanceux pour que la fille en question soit aussi la femme qui réalise toutes mes vidéos.

 

Qui sont tes plus grandes influences musicales ?

Il y a les évidences, Michael Jackson, Tom Waits, Nas, Notorious B.I.G., Outkast, James Brown, Prince etc. Mes les leçons les plus profondes et importants je les ai apprises de gens que je connais. Mon professeur de batterie a eu un énorme impact sur moi. Spider J, le meneur du groupe de Lee Scratch Perry a aussi compté, comme compte aujourd’hui DJ Stickle. Mon père est évêque de l’Église de Pentecôtiste, j’ai grandi en l’écoutant prêcher, ça m’a influencé plus que n’importe quel disque.

 

On parle de toi autant pour ta musique que ton style. Qui t’a influencé en terme de mode ?

J’aime juste les gens qui s’habillent bien, c’est le cas de mes deux parents. Je n’avais pas le droit de porter des jeans à l’école, un vêtement considéré comme un vêtement de pauvre. Je me suis rebellé un temps contre cette obligation d’avoir l’air sophistiqué, puis je me suis rendu compte que ça faisait partie de moi.

 

Quels sont tes plans pour les prochains mois ?

Je suis en studio à Londres à ce moment, amassant des morceaux pour les prochains EPs, l’album et quelques sorties collaboratives. J’apparais sur la compilation des 10 ans d’Ed Banger, dans un morceau avec Busy P. J’ai passé du temps en studio avec Mr. Hudson, Paul White, Two Inch Punch, Don Diablo… The Berlin, Krabbe Gang, DJ Stickle et Steddy, qui ont produit la plupart de mon EP, me disent que je devrais arrêter d’enregistrer. Haha. Je suis accroc pour le moment.

Propos recueillis par François Blanc

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