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© Kim Hiorthøy
24 septembre 2020

Tsugi Podcast 601 : Kelly Lee Owens

par Alix Odorico

Elle signe le 601ème podcast de Tsugi : Kelly Lee Owens. Un mix entre passé, présent et futur pour la Galloise, comme un écho à son très bon deuxième album Inner Song sorti fin août.

Ouvrir un album par une reprise de Radiohead, même instrumentale, n’a rien d’aisé. Mais la Galloise Kelly Lee Owens s’est affirmée depuis son premier album – plus spontané et expérimental – et elle semble ici sortir d’un voyage introspectif bénéfique. On le sent autour de ces dix titres. Son éducation techno développée à la fin des années 2000 aux côtés d’Erol Alkan et de son voisin anglais Daniel Avery n’est pas oubliée, et sa voix toujours plus envoûtante que jamais, paraît moins effacée. Au contraire, elle surfe avec grâce sur les beats qui parsèment Inner Song. Elle s’autorise même un lente descente sous hypnose avec le timbre brut de John Cale, ex Velvet Underground. Preuve d’une artiste encore prometteuse qui entend bien rester maître d’elle.

Son mix pour Tsugi est plus nerveux. Peut-être celui d’une femme qui balaye d’un kick ses angoisses du passé. Entre breaks, techno et experimental, voici une autre facette de la jeune Galloise.

« Créer quelque chose que je trouve beau à partir de quelque chose de vraiment douloureux et sombre a définitivement été un exutoire pour moi. »

En quoi cet album marque t-il un tournant dans ta carrière artistique ?

Je pense que tout album est un tournant dans la carrière d’un artiste, mais celui-ci en particulier parce qu’il représente vraiment mon nouveau visage, comme une rebuffade complète de qui j’étais. Il représente vraiment la « Jenny » que j’ai été, très brute et honnête, et je pense qu’à cause de cela, les choses ont été influencées, comme mes productions où ma parole était beaucoup plus claire, parce que je dois porter et dire des messages. Donc peut-être que certains titres sont plus accessibles que dans l’album précédent, et peut-être qu’il pourrait être un tournant, en cela qu’il permettrait de connecter plus de gens ensemble.

Kelly-Lee Owens

© Sarah Stedeford

Tu as dit que cet album était une « découverte » de toi-même, qu’as-tu appris sur toi ?

J’ai beaucoup appris sur moi-même, probablement trop pour mettre des mots dessus. Je devais faire ce travail intérieur, je devais aller en thérapie, et je devais tout regarder et reprendre depuis le début. Je dois prendre la responsabilité de ma propre douleur, de mes propres comportements, de mes propres patterns et cela ne veut pas dire que je suis guérie, que je suis une personne parfaite et que mes relations sont parfaites, mais c’est sur le point de prendre forme. J’apprends à me fier plus que jamais à mon instinct, surtout artistiquement, et à ne jamais laisser ma voix être diminuée par qui que ce soit.

Cet album fait aussi référence aux trois années les plus compliquées de ta vie. Il sonne comme un exutoire pour toi ?

Je pense, oui. Créer quelque chose que je trouve beau à partir de quelque chose de vraiment douloureux et sombre a définitivement été un exutoire pour moi, et c’est une expérience de transmutation que je pense importante. Savoir se servir de ses expériences pour créer quelque chose de bien est une qualité que les humains ont, l’une des plus belles, et je suis vraiment reconnaissante d’avoir cette capacité. Quand je crée, je me sens plus en paix, comme si j’entrais en méditation. Surtout quand tout se passe bien à côté, j’ai l’impression qu’il n’y a rien d’autre. C’est toujours cathartique de faire de la musique, surtout à cette période de ma vie.

« C’est beau et personnel de mélanger le passé et le présent, et d’apporter un peu de futur dans un mix. »

Peux-tu me parler de ce mix pour Tsugi ?

C’est une sélection de certains tracks, pour la plupart nouveaux, que j’écoute en ce moment, et certains d’entre eux ne sont pas publiés. J’ai beaucoup de chance de recevoir pas mal de promos. L’autre jour, j’ai joué un morceau d’un artiste non-édité lors d’un DJ set et depuis, il est sorti ! C’est plutôt amusant d’avoir une certaine influence. Voilà, c’est donc un peu un mélange de nouveaux tracks, de bons classiques et d’anciens que je garde avec moi. C’est beau et personnel de mélanger le passé et le présent, et d’apporter un peu de futur dans un mix. C’est comme une sorte de voyage.

C’est quoi la suite pour toi ?

Il y a quelques morceaux qui ne font pas fait partie de Inner Song que j’aimerais sortir, mais je ne sais pas sur quel support. J’ai aussi une vidéo qui sort cette semaine, mercredi. Ensuite, mes projets vont simplement être de faire réinterpréter Inner Song par d’autres artistes d’ici la fin de l’année, et de collaborer de cette manière. Je vais peut-être aussi faire un DJ set en livestream, mais j’essaierai de le rendre plus spectaculaire que les habituels shows où le DJ se tient simplement debout. On verra bien !

Tracklist du podcast :

1.ASUSU – Serra
2.Repave – De Sluwe Vos
3.When The Fields Collapse – De Sluwe Vos
4.Pipeline – OneOneOne
5.Abele Dance – Simonchino Beyond
6.Erotic Discourse – Dense & Pika Paul Wooldford remix
7.DNO – Inga Mauer
8.The Start Up – Breaka
9.Clatter (Suze Heeley mix) Delay Ground
10.Wallys Groove World – Locked Groove
11.The Ambush – Breaka
12.Reflex – Midland
13.Raita YKSI – Cari Lekebusch
14.Fuckin’ Society – PVS
15;Convolution – Skudge
16.Jon Hopkins – Singularity (anna remix)
17.Pigeon Epilepsy – Vladimir Dubyshkin
18.Illusion – Keith Carnal
19.Meglomania
20.The depth – posthuman

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