đ Un album, un film, un livre : les inspirations d’Hubert Lenoir
Ouragan scĂ©nique, le turbulent QuĂ©bĂ©cois Hubert Lenoir publie un second album, Musique directe, trois ans aprĂšs la rĂ©vĂ©lation DarlĂšne. Une sorte dâautoportrait sonore dĂ©lurĂ© et sensible, en forme de montagnes russes. Attention ça secoue, comme dans ses inspirations qui cavalcadent au plus large de la pop culture.Â
Article issu du Tsugi 143 : Garnier/Limiñanas, disponible en kiosque et en ligne
- Son album
Prince, Around The World In A Day (WARNER, 1985)Â
Prince Ă son niveau le plus « alien » par rapport Ă ce qui se faisait Ă lâĂ©poque. Il sort de lâĂ©norme succĂšs de « Purple Rain » et avec ce disque, il mĂ©lange Beatles, psychĂ©dĂ©lisme, Funkadelic⊠mais 100% Ă sa façon. Il a le courage de ses ambitions. Il nâappartient Ă aucune scĂšne. Toute la dualitĂ© de lâartiste est reprĂ©sentĂ©e dans ce disque avec des tubes comme « Raspberry Beret » et des titres plus difficiles comme « Condition Of The Heart » oĂč il chante comme dans une comĂ©die musicale. JâĂ©coute encore souvent « Around The World In A Day ». Prince Ă©tait extrĂȘmement expĂ©rimental pour quelquâun de sa stature. On sent un amour gĂ©nĂ©ral pour la musique. Câest vraiment un de mes hĂ©ros.
- Son film
Grey Gardens de David & Albert Maysles (1975)
Il sâagit dâun documentaire sur la vie dâune mĂšre et dâune fille, Ădith et Edie Bouvier Beale, qui vivent dans une maison insalubre des Hamptons. Elles sont la tante et la cousine de Jackie Kennedy, la femme du prĂ©sident des USA assassinĂ©. Pour moi, ce nâest pas vraiment du documentaire, il nây a pas forcĂ©ment le dĂ©sir dâinformer sur un sujet dans la narration. Câest juste une façon de filmer des individus pour raconter leur histoire. Câest Ă la fois beau et dĂ©rangeant.
- Son livre
Le guinness des records (2000)
On mâa offert ce livre quand jâavais six ans, et je lâai constamment regardĂ© avant de me coucher. Je ne dĂ©sirais pas forcĂ©ment ĂȘtre dedans. Mais ces images me sont restĂ©es. Il fait partie de mon imaginaire. Il y a quelque chose dans mon travail qui se rapporte Ă la pop culture. Jâen ai beaucoup consommĂ© parce que mes parents ne venaient pas dâun milieu artistique.
- Son dernier disque
Musique directe (SIMONE RECORDS/A+LSO/SONY MUSIC)
AprĂšs la sortie de DarlĂšne et la tournĂ©e qui a suivi, je me suis retrouvĂ© dĂ©boussolĂ©. Je ne voulais mĂȘme pas faire des concerts avec ce disque, câest juste un album pour un roman. Ce succĂšs Ă©tait trop inattendu pour moi, je ne savais plus qui jâĂ©tais. Mais Ă un moment, je me suis raccrochĂ© Ă des milliers dâenregistrements de conversations, de sons de la rue, que jâavais faits au cours des trois derniĂšres annĂ©es, mais sans imaginer Ă la base un but artistique. Je trouvais que câĂ©tait le point de dĂ©part de quelque chose. Câest comme si jâavais documentĂ© toute cette pĂ©riode tumultueuse de ma vie. Jâai repensĂ© au cinĂ©ma direct et Ă la maniĂšre dont ces rĂ©alisateurs partaient du rĂ©el pour aboutir Ă des Ćuvres. Jâai suivi la mĂȘme mĂ©thode pour dresser un autoportrait musical. Cet album est 100% personnel. Câest ce que je ne suis : pas plus, pas moins. Câest qui me rend le plus fier et câest aussi un hommage Ă toute la musique que jâaime, aussi Ă©clectique que cela puisse paraĂźtre. Il y a une phrase de Jean Michel Basquiat qui dit « The more I paint the more I like everything ». Musicalement, cet album câest ça.
â