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Crédit : Alexey Ruban
17 décembre 2019

Une étude sur l’état de santé alarmant des professionnels de la musique

par Paul Delahaye

Dans quel état mental et physique se trouve l’industrie musicale en France ? Voilà la vaste question à laquelle la Guilde des Artistes de la Musique (GAM) et le jeune collectif CURA ont tenté de répondre. Pour se faire, ils ont réalisé une étude auprès de 500 personnes, hommes et femmes, travaillant dans le monde de l’industrie musicale pour mettre en lumière les problèmes qui découlent de ces activités et ont organisé deux conférences à ce sujet lors du MaMA Festival en novembre dernier. Comme le rapportent dans un article nos confrères de Sourdoreille, présents lors de ce débat, le décor y avait été planté d’entrée : « Travailler dans la musique aujourd’hui amène à poser deux questions fondamentales : comment faire pour devenir le prochain Avicii, et aussi, comment faire pour éviter de devenir le prochain Avicii ?« . Une question qui révèle tout le caractère contradictoire de l’industrie musicale. Pour rappel, le DJ suédois était le premier artiste à dépasser la barre des 200 millions de streams sur Spotify (2014) avant de se suicider, en 2018, après plusieurs années de dépression.

« Travailler dans la musique aujourd’hui amène à poser deux questions fondamentales : comment faire pour devenir le prochain Avicii, et aussi, comment faire pour éviter de devenir le prochain Avicii ? »

Pour commencer, cette étude s’attarde sur l’état de santé mentale de l’industrie musicale. Sur le demi-millier de personnes interrogées, quatre sur cinq souffrent d’anxiété et avouent se sentir déprimés. Un sentiment de déprime confirmé par le fait que 23% des sondés ont réellement été diagnostiqués comme dépressifs. Une chiffre inquiétant si on le compare à la moyenne nationale puisqu’il y est près de 2,5 fois supérieur. Ces statistiques révèlent une réalité connue pourtant par beaucoup : la précarité financière, le vie professionnelle qui empiète sur la vie privée, le décalage de rythme de vie ou encore la pression sociale sont autant de raisons qui augmentent ces phénomènes de stress et de dépression.

Mais au-delà des problèmes mentaux, ce mode de vie a également des répercussions sur la santé physique de ses acteurs. L’enquête du GAM et du CURA révèle que quatre personnes sur cinq souffriraient de mauvaises habitudes alimentaires, de rythme de sommeil perturbés ou encore d’un manque d’exercice physique. Un véritable danger qu’encourent les professionnels dans cette course au succès.

À côté de ces problèmes physiques, on peut ajouter les difficultés que rencontrent les professionnels de la musique vis à vis de l’alcool, des drogues et de l’addiction. Selon l’étude, 43% des personnes interrogées estiment avoir un problème avec l’alcool (contre 10% des adultes français) et près de 30% confessent une addiction aux drogues.

Une autre question est au cœur de cette étude, celle du harcèlement. Ainsi, on découvre que la moitié des femmes étudiées ont été harcelées moralement au moins une fois dans leur vie. Également que 31% affirment avoir été harcelées sexuellement dans le cadre de leur travail. C’est bien supérieur à la moyenne nationale qui est environ de 20%.

Tout cela met en lumière le caractère problématique et le climat lourd qui pèse sur les professionnels du monde de la musique. Mais si la GAM et le CURA ont décidé de réaliser cette enquête, c’est avant tout pour alerter les professionnels et les pouvoirs publics quant au mal-être des femmes et des hommes qui travaillent dans le secteur musical. Car même si cette enquête ne peut que donner des tendances, et non pas des réalités absolues, elle permet de constater la nécessité d’investir dans la prévention et la mise en œuvre d’un plan de préservation de la santé et du bien-être des artistes et des professionnels de l’industrie musicale. 

Le collectif CURA et la GAM travaillent d’ailleurs à la rédaction d’un guide pratique de prévention à destination des professionnel.les de la musique, à paraître début 2020 et proposeront également des ateliers à partir de janvier 2020.

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