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24 juin 2024

Une nuit avec… Kazy Lambist à Mexico

par Benoît Carretier

Avant de prendre la route cet été avec un nouveau live pour défendre son troisième album Moda, Arthur Dubreucq, alias Kazy Lambist, a effectué il y a quelques semaines une petite tournée américaine qui s’est achevée à Mexico City. Mais entre la douche froide, les problèmes de son et le carré VIP agglutiné autour de lui, son set a débouché sur une expérience toute particulière. Plutôt baroque même.

Article issu du Tsugi mag 171 : L’Impératrice mène la danse (disponible à la commande

 

Kazy Lambist

Kazy Lambist © Antoine Henault

« Le 12 avril dernier, je jouais à Mexico City. Je reviens de trois semaines en tour bus avec Kid Francescoli, dont j’ai assuré la première partie sur les dates américaines et canadiennes. Lui rentre en France et il n’a pas très envie de partir. On était pris dans ce quotidien un peu étrange du tour bus, où l’on dort dans des couchettes et où l’on se réveille tous les matins dans une nouvelle ville. Je n’avais jamais vécu ça, mais c’est une petite bulle : installer le matos, gérer les aléas techniques, flipper pour le soir, être soulagés, aller se coucher et tout recommencer.

De Los Angeles, lessivés par trois semaines de concerts, nous partons pour Mexico, Davey, mon ingé son, et moi. Nous arrivons dans le quartier de Condesa, crevés. Première surprise, pas d’eau chaude à l’hôtel, mais je suis tellement fatigué que je fais sans. Je m’endors, et au réveil, je trouve plein d’appels manqués : il faut aller faire les balances au LooLoo, le club où nous jouons le soir même. On arrive, il y a des techniciens en train de monter un décor avec des fleurs partout, des fougères… et une coupure électrique quand on entre dans la salle.

Il n’y a pas la moitié du matos qu’on a demandé, et on sent que ça va être un peu funky d’un point de vue technique : c’est équipé comme une boîte de nuit, donc je chante sur scène avec un système Function One qui pointe sur la piste, les murs, etc. C’est très difficile de ne pas avoir du larsen dans ces conditions, on commence à se dire que ça va être chaud.

Et là, pas de cabine pour l’ingé son et on nous dit que Davey et sa table de mix seront placés sur scène, à côté de moi. Il n’est pas du tout enchanté. On continue de se préparer à la lampe torche, la coupure n’a l’air de gêner personne. Finalement, ça se passe bien et on part manger des tacos au restaurant avec l’équipe.

Je suis censé jouer à 22 h, mais le restaurant est réservé à 21 h 30, et j’apprends que le set a été reporté à 1 h du matin. Une fois le repas fini, je pars jouer. Le club a prévu une sécurité disproportionnée : quand j’arrive, quatre agents m’escortent à la sortie du taxi.

Je crois qu’ils ont fait ça pour attirer l’attention. Si j’étais entré dans le club tout seul, personne ne m’aurait rien dit. Mais là, c’est comme si j’étais Lady Gaga, les gens se pressent autour de moi en disant « une photo, une photo » et je suis stressé. Ça crée un truc bizarre, de la cohue et ça me starifie. On m’emmène dans une pièce sombre, où je suis seul avec un serveur qui me demande ce que je veux comme cocktail. Les murs sont tapissés de velours, on dirait une backroom.

J’attends, et mon tour venu, on m’escorte sur scène. Et là, je réalise qu’ils ont vendu des places VIP qui donnent le droit d’être sur scène avec moi ! Un carré VIP sur scène ! Il y a bien une quarantaine de personnes avec nous. C’est improbable comme truc, et à aucun moment ils se disent que cela peut nous gêner – bon, dans le même temps, ils nous proposent une tequila toutes les deux minutes.

 

Également sur tsugi.fr : Kazy Lambist, Kay The Prodigy, Maison Close… Les projets de la semaine

 

Avec Davey, on se regarde en se disant que c’est n’importe quoi. Je suis même obligé de dire aux gens de reculer un petit peu. Ça fait un peu Boiler Room, mais pourquoi pas ?

On commence vers 2 h, le son est horrible, mais les gens sont contents. Il y a une grosse énergie et une forêt de téléphones dans le club, car tout le monde veut faire sa story. C’est quand même sympa, très cool même. À part la fille derrière moi qui n’arrête pas de me demander pendant tout le set de rejouer le même morceau. Ça, c’est l’enfer. Pour Davey aussi c’est dur, ça sonne mal mais on ne peut rien faire. C’est impossible de gérer mais dans l’histoire, il a de belles photos de lui sur scène.

On sort tard du LooLoo. Le taxi pour l’aéroport doit passer nous prendre à 7 h à l’hôtel et je me souviens que je ne me suis pas occupé de la douche. Donc la nuit est très courte et c’est l’enfer pour se réveiller, avec en plus cette horrible douche froide avant l’avion pour Toronto puis Paris. Avec le recul, c’est un souvenir sympa, mais heureusement, ce n’est pas comme ça tous les soirs. »

 

Kazy Lambist

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