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Violences sexistes et harcèlement en club : Paloma Colombe ouvre la voix

Le 10 juin 2023, la DJ Palo­ma Colombe a vécu une soirée d’en­fer au Cabaret Sauvage. Dans le ‑très- mau­vais sens du terme. Invitée par le col­lec­tif Mahal­la, la jeune artiste s’est faite harcelée par un pub­lic qui, vis­i­ble­ment, ne con­naît pas les bases du respect. Plusieurs fois, elle a “pen­sé à arrêter son set”. Elle raconte.

Il y a peu, on vous relatait que la part de femmes DJ et pro­duc­tri­ces pro­gram­mées en fes­ti­vals était en baisse. 15% en 2022 con­tre 21% en 2021. Mais ce dont on n’a pas par­lé, ce sont des intim­i­da­tions, du har­cèle­ment et des agres­sions que le peu de femmes à l’af­fiche subis­sent. Le 10 juin 2023, Palo­ma Colombe allait au tra­vail : elle était invitée à mix­er au Cabaret Sauvage par Mahal­la, un col­lec­tif qui donne de la vis­i­bil­ité aux artistes de la région SWANA (Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord). Dix jours plus tard, elle fait un post alar­mant sur Insta­gram.

 

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En tant que femme et en tant qu’artiste, je ne veux plus jamais revivre ce que j’ai subi le 10 juin dernier.” C’est ain­si qu’elle débute son réc­it. Ce que Palo­ma Colombe a vécu, c’est une énième sit­u­a­tion de har­cèle­ment sex­iste en club. Pre­mière­ment, avec un agent de sécu­rité qui ne la laisse pas ren­tr­er dans le Cabaret Sauvage sous pré­texte que “c’est pas écrit sur ton front que tu es DJ.” Deux­ième­ment, par des hommes du pub­lic com­plète­ment “déchaînés” et en état d’ébriété. Seule der­rière un DJ booth en plein milieu de la foule ‑1500 personnes- pen­dant deux heures, Palo­ma Colombe n’a cessé de se deman­der si elle devait arrêter son set.

La rai­son ? Des hommes qui, dès qu’elle a com­mencé à met­tre de la musique se sont mis à lui hurler dessus, à lui dire quoi jouer, quoi faire, à lui faire des doigts d’hon­neur et à s’in­tro­duire physique­ment dans son espace de tra­vail… mal­gré les signes de l’artiste leur deman­dant fer­me­ment d’ar­rêter. Sans sécu­rité autour d’elle, ce sont ses proches qui ont dû s’in­ter­pos­er tout le long de sa per­for­mance, se prenant des injures sex­istes : “pute”, “con­nasse” et autres agres­sions ver­bales puis physiques. Pen­dant tout son set, per­son­ne n’est venu lui deman­der si tout allait bien.

 

Il faut que cela cesse

Bien sûr, Palo­ma Colombe ne cherche pas à accuser le Cabaret Sauvage (qui s’est excusé) ni à stig­ma­tis­er le col­lec­tif Mahal­la (qui a fait un post Insta­gram se désol­i­darisant de toutes pra­tiques sex­istes). Elle dénonce une forme glob­ale d’ir­re­spect, de vio­lence, envers les femmes artistes. Dans ce milieu depuis dix ans, elle dit avoir vécu grand nom­bre de sit­u­a­tions sim­i­laires. Mais celle-ci est de loin la pire. C’est pour cela qu’elle a décidé de pren­dre la parole publique­ment. En faisant ça, elle souhaite faire de “cette expéri­ence trau­ma­ti­sante un moteur de réflex­ion”. Ain­si, elle invite les actri­ces et acteurs de lieux fes­tifs à agir ensem­ble pour la sécu­rité de toutes et tous : en se for­mant auprès de Con­sen­tis ou Act Right, en entourant les artistes, en leur deman­dant régulière­ment si elles ou ils vont bien, en faisant de la préven­tion con­tre les discriminations…

Palo­ma Colombe et les artistes qui subis­sent ces pres­sions ‑par­fois au quotidien- ont tout notre soutien.