Walter Astral, voyage chamanique à La Cigale | INTERVIEW
À la Cigale le 15 mars, Walter Astral viendra performer son dernier album Eclipse sorti le 24 janvier.
Tristan Thomas et Tino Gelli viennent renouveler leur promesse : entrainer le public parisien entre les nébuleuses pour tenter de s’approcher du nirvana. Sacré programme ! Intrigués, on les a sondés en avant-première pour capter l’effervescence du projet et de cette date clé de leur tournée.
Depuis vos débuts, on retrouve des sonorités orientales qui peuvent faire penser à des projets comme Acid Arab ou Altın Gün. Pour donner une dimension encore plus internationale à vos morceaux, la question d’utiliser l’anglais ou une autre langue, s’est-elle déjà posée ?
Tristan Thomas : Jamais. L’utilisation du français a toujours été dans l’ADN du projet. En plus il y a un peu de défi. Ça nous plait de trouver des mots dans notre langue qui sonnent et réagissent avec la musique.
Moi, c’est une habitude, j’ai toujours écrit en français. Pour Tino, ce fut un gros effort : le grand saut. On a rencontré récemment une auditrice d’Allemagne qui s’est fait une joie de passer toutes nos paroles sur Google Translate. Ça n’a pas mis de barrière à l’exportation de notre projet pour le moment. Peut-être qu’un jour, on s’y mettra mais ce n’est pas un désir profond pour le moment. La musique est elle-même assez universelle, ou en tout cas vient jouer sur plein de champs différents, donc c’est intéressant de se concentrer sur le français.

© Astrid Staes
La racine du projet Walter Astral, c’est ce rapport aux astres et aux éléments. Comment concilier nature et sonorités électroniques ? Cette symbiose passe-t-elle par le côté mystique des sujets ?
Tristan Thomas : C’est un peu l’essence du projet. On a trouvé des mots qui nous amusaient comme « cyberdruidisme ». Durant le confinement, on a été très connecté à une temporalité beaucoup plus lente. Ça nous a ramené l’essentiel : être humain, ce qu’on oublie vite dans les villes. Même si ça nous a beaucoup inspiré, on reste des rats des villes qui ont beaucoup vécu la musique électronique et les clubs. Cette vie électrisante, elle fait aussi partie de notre inspiration.
Cette symbiose passe aussi par la magie du banjo, très présent dans l’album. C’est un instrument acoustique qui gagne sa place au milieu de kicks et de basses très électroniques. On pourrait l’avoir au coin du feu ; nous, on le ramène au milieu du club.
Est-ce que l’apprentissage du banjo est venu avec le développement du projet ?
Tristan Thomas : J’ai eu beaucoup de chance. Il se trouve que j’avais déjà joué un peu de banjo dans d’ex-projets folk. Mais celui-ci est un spécial puisque j’ai eu la chance de tomber sur un banjo guitare… C’est complètement un hack du système des banjos : (rires) c’est comme une guitare : six cordes accordées pareilles. Je n’ai pas eu à me prendre la tête, à maitriser un nouvel instrument. Je pense que c’est pour ça qu’il a pris une place pareille dans le projet.
À savoir que c’est toujours le même depuis le début, il a beau être très capricieux et très compliqué à sonoriser, c’est toujours le même. On l’aime, il est magique.
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© affiche colorisée par Tino Gelli et réalisée par son père
Comment la transe que l’on retrouve dans les morceaux de Walter Astral se transmet-elle sur scène ?
Tino Gelli : En 10 000 fois plus extrême ! (rires)
Tristan Thomas : C’est le moment où on peut vivre cette transe avec les gens. On n’a pas peur d’en rajouter, d’étendre ce moment pour aller encore plus loin. Le gig à la Cigale sera transcendantal.
Tino Gelli : On l’espère en tout cas, parce qu’on va jouer sur deux styles musicaux qui le permettent. On a l’opportunité dans des boucles de créer des états un peu progressifs pour rentrer dans le cerveau des gens et dans le nôtre aussi. (rires)
À l’écoute de votre album, on a l’impression qu’il est taillé pour la performance live. Est-ce que c’était une intention lors de la formation de ce nouveau projet ?
Tristan Thomas : C’est entre le oui et le non. On a des morceaux très longs dans lesquels on laisse le temps couler, une volonté qu’on avait déjà en studio. Mais effectivement, on se disait quand même ‘ça en live, ça va être super cool’.
Tino Gelli : Sur certains morceaux, il y a une communication entre le studio et la scène, parce qu’on a composé cet album alors qu’on était en tournée. On a eu beaucoup de moments d’intensité pendant les concerts où on jammait des morceaux en live. On a trouvé des nouveaux riffs ou des nouvelles manières de les interpréter. Et après, quand on allait en studio, on se disait : « Ah mais ça, c’était vachement bien. Toc, mettons-le ». C’était poreux.

© Astrid Staes
Quel titre d’ Eclipse attendez-vous le plus de performer sur la scène de la Cigale ?
Tino Gelli : Il y a déjà beaucoup de tracks qu’on a jamais joué avant. Personnellement, je dirais « Eclipse ». C’est un morceau très long qui passe par plein de phases différentes. J’ai la sensation qu’on va bien remuer les fesses.
Tristan Thomas : Je pense à « Crépuscule ». C’est un morceau qui a beaucoup de phases et avec qui on a une collaboration. C’est LEÏ, un duo de chanteuses, qui sera à la Cigale et ce moment, je pense, va être très fort émotionnellement. C’est autant un morceau sur lequel on se donne physiquement, qu’un titre qui me touche.
Qu’est-ce que la Cigale représente pour vous à la fin de votre tournée ?
Tristan Thomas : C’est la conclusion de ces deux ans de tournées très intenses. Elle viendra clôturer un chapitre. Même s’il nous reste encore quelques dates, la Cigale sera le climax.
Après la Cigale, vous prendrez une pause pour chercher de nouvelles inspirations ?
Tristan Thomas : Exactement ! C’est vraiment ce dont on a besoin. Ce petit moment où on va pouvoir un peu laisser passer le temps et attendre que les poissons viennent à nous.
On a déjà comme projet de partir au Mexique ensemble, pour trouver des idées. On nous a même proposé une résidence en Indonésie. Donc tout est possible. On a juste envie de changer notre manière de faire, qui a été très ancrée dans notre studio du Berry. Là, on a envie d’aller choper des idées autre part et sûrement sur la route avec un set up totalement différent.
Walter Astral sera sur la scène de la Cigale, le 15 mars et pour le reste la billetterie, c’est ici !