🤝 Jacques est de retour : « J’aurai toujours besoin de vous »

par | 3 06 2021 | magazine

Jacques est de retour. Et il a découvert les NFTs.

Fin mai, de mystérieux panneaux publicitaires au Maroc, en Russie et en Thaïlande affichaient Jacques pointant le public du doigt. Écrit dans leur langue respective, ce message tout aussi crypté, « je suis heureux de faire partie de vous ». Aujourd’hui, nous avons enfin la réponse à ces petites manigances de Jacques et du nouveau label d’Etienne Piketty (Pain surprises) sur lequel ce retour est signé, Recherche & Développement : deux nouveaux morceaux du Français exilé trois ans au Maroc, « Vous » et « Attends ».

 

À lire également
🌍 Les NFTs sont en train d’envahir le monde de la musique

 

Mais comme Jacques ne fait jamais les choses comme tout le monde, ce track « Vous » ne sort pas n’importe comment. Comme nous, il a découvert l’existence des NFTs et y a vu l’opportunité de créer quelque chose d’originale : chaque seconde du morceau peut s’acheter en NFT. Ainsi, 180 personnes peuvent acheter une seconde de « Vous » et ainsi toucher une partie des recettes du titre. Le message derrière ? Aussi indépendant soit-il, Jacques aura « toujours besoin des autres et par extension, de vous. » Oui, il faut donc comprendre que Jacques a prévu de revenir parmi nous, en France, en tournée, avec de nouveaux sons, et ça nous a donné l’occasion – qu’on ne rate jamais – de lui poser quelques questions.

Ça fait trois ans que tu as quitté la France pour le Maroc. Aujourd’hui tu as envie de revenir « parmi nous » parce que tu as compris que tu pouvais te passer de beaucoup de choses, mais pas du contact social. Qu’as-tu compris/appris d’autre durant ces trois années ? Et qu’est-ce que le musicien a compris/appris également ?

Je suis surtout parti de la ville vers la campagne, de l’exhibition vers la pudeur, de la représentation vers la création. Dans le morceau « Vous », le « vous » est une projection imaginaire des autres selon moi, et donc des habitants des villes et des campagnes de la France, du Maroc, de partout dans le monde. Ce sont les sept milliards d’autres humains qui peuplent la planète. J’ai appris pas mal de trucs, j’ai appris à vivre en couple, déjà. J’ai appris à cuisiner asiatique, à tirer les noodles à la main grâce à Peter pulls noodles. J’ai appris à faire de la retouche vidéo sur AfterEffects et de la 3D sur Blender, j’ai commencé à conduire un scooter, à me lever tôt, à caler des vinyles même si je galère encore un peu. Niveau musique, je suis devenu un crack de synthèse FM avec Operator, je suis de plus en plus chaud sur Serum, et j’ai aussi appris à me servir de synthétiseurs analogiques : le Moog Voyager que m’a offert Agoria suite à mon cambriolage et un prophète Rev 2 que j’ai acheté pour aller avec. Mais niveau son, c’est surtout que j’ai appris à écouter réellement ce que je fais comme si j’étais un auditeur et non pas avec mon oreille biaisée de musicien qui espère faire de la grande musique.

« Là, je suis encore en train de me chauffer, j’envisage de niquer le game tranquillement lorsque le Covid permettra d’aller jouer devant des gens. »

Jacques

©Edouard Sanville

Tu reviens avec deux nouveaux morceaux. Mais est-ce qu’un album se trouve au bout du chemin ? Et c’est quoi l’état d’esprit du moment : « je vais niquer le game » ou « j’y vais tranquille et on va voir ce qu’il se passe » ?

En fait, ça peut paraître étonnant mais pour moi l’album se trouve non pas au bout du chemin mais au début d’un chemin qui n’a pas encore commencé et qui sera jonché de plein d’albums. Là, je suis encore en train de me chauffer, j’envisage de niquer le game tranquillement lorsque le Covid permettra d’aller jouer devant des gens. En attendant, je reste chez moi, je profite de la période.

« Les 180 personnes qui ont acheté les secondes de mon morceau représentent désormais le morceau auprès du reste du monde. »

Ce nouveau single « Vous », tu le vends en NFT, mais découpé en plusieurs secondes que les gens peuvent acheter, posséder. Comment t’es venue l’idée ? Aussi, les NFTs, c’est le futur de l’industrie musicale selon toi ?

L’idée de vendre les droits d’un morceau au public est une sorte d’évidence devenue possible grâce à la démocratisation des NFTs. En temps que musicien, j’ai intérêt à ce que les droits de mes morceaux appartiennent en partie à moi, et en partie à des gens qui vont se bouger pour que les morceaux soient entendus et exploités commercialement. Les 180 personnes qui ont acheté les secondes de mon morceau représentent désormais le morceau auprès du reste du monde, ils ont un intérêt financier à ce que mon morceau marche. C’est quand même ouf, nan ? En revanche, je ne crois pas que les NFTs soient l’avenir de la musique. Si j’ai utilisé la blockchain NFT d’une façon que je trouve intéressante, en m’appropriant leur fonctionnement, je ne crois pas que ça intéresse grand monde de faire pareil et je crois que les NFTs pourraient juste être cette bulle de hype spéculative et finir par se dégonfler d’elle-même. Par contre, je pense que d’autres blockchain/crypto vont continuer de révolutionner les rapports économiques entre les humains et que ce changement permettra une meilleure traçabilité des œuvres digitales, facilitera aussi bien les transactions que les répartitions d’argent qui s’en suivent et donc je suis assez optimiste quant à la gestion des droits des artistes dans un futur pas si lointain.

Je vois que la seconde est à 0,065 ether, soit 145€. Ça fait pas un peu cher la seconde ?

Tout dépend si tu crois en mon projet ou pas. C’est comme tout, c’est cher si tu penses que ça vaut moins, c’est pas cher si tu penses que ça vaut plus. Perso, je trouve que c’est pas cher, j’étais parti pour mettre à 250 euros, puis je me suis dit que pour une première, je préférais que tout soit vendu plutôt que de faire plus d’argent.

Je vais jouer le bad cop deux minutes : souvent, on quitte Paris pour l’ailleurs, mais est-ce que revenir n’est pas un aveu d’échec ?

Oui, mais les aveux d’échecs ne sont-ils pas des victoires ? Je dis ça mais je n’ai pas prévu de revenir à Paris, à part évidemment pour les promos et les concerts – et quelques resto chinois parce que j’adore manger chinois. Avec mon amoureuse, on pensait s’installer en Bretagne à l’occasion, sinon pourquoi pas vivre en tournée pendant un an ou deux. Tout cela dépend aussi de vous… 😉

Jacques

©Edouard Sanville