Pas de paie, matos défectueux… BAMBII fustige Coachella
Le week-end dernier, BAMBII jouait à Coachella. Une chance unique qui s’est transformée en déception, puisque la DJ-productrice a depuis tiré à boulets rouges sur le festival californien via ses réseaux sociaux.
En regardant le line-up de Coachella, dur de compter le nombre d’artistes du line-up sans s’arrêter sur un·e incontournable du moment. Ils se baladent tous sur un curseur de ‘connu’ à ‘mythique’ et proposent tous et toutes un show à la hauteur de l’événement. L’enjeu est de taille : le festival est un immense tremplin, s’il n’est pas une intronisation. Chaque festivalier a déboursé au minimum un SMIC. Rien que ça.
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Coachella : de rêve à cauchemar
Dans une masse de posts Instagram sous-titrés : « Merci Coachella », une des artistes programmés a entaché cette séance de congratulations. La DJ et productrice canadienne BAMBII, qui s’est produite ce vendredi 11 avril au Do LaB Tent, n’a pas seulement marqué les esprits par sa performance… Mais aussi par le malaise qu’elle a ressenti sur scène.
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La promesse d’un moment mémorable s’est vite transformée en un cauchemar technique. Lors de son set, BAMBII a fait face à des problèmes de son récurrents, des coupures prolongées qui ont laissé la foule dans l’expectative.
Loin d’un simple incident isolé, un artiste jouant avant elle, l’avait avertie que le système « s’éteignait » constamment pendant les sets de la journée et que l’équipement était « complètement défectueux ». Malgré plusieurs rappels avant qu’une tentative d’ajustement soit effectuée, le mal était déjà fait. La prestation était entachée.
« Malgré les efforts qui ont été faits par mon équipe pour alerter sur les problèmes techniques, je pense qu’il était plus confortable pour Coachella de laisser les artistes de ma scène jouer sur des platines en dessous des normes de l’industrie. Nous étions toutes considérées simplement comme des artistes soit féminines, soit racisés émergeants »
BAMBII, coup de gueule en story
BAMBII, bonne communicante, a pris la parole via ses réseaux sociaux pour dénoncer la situation avec franchise. « Il est sûr que si nous avions été des têtes d’affiche sur la scène principale, ce problème aurait été réglé bien plus tôt« , a-t-elle écrit dans une story Instagram, en référence à la priorité souvent donnée aux artistes « plus établis » dans de telles situations.
« Malheureusement, l’industrie de la musique, en particulier aux États-Unis, est très hiérarchisée, et les soins de base ne sont accordés que lorsque l’on est bien établi. »
Par ailleurs, elle n’a pas manqué de souligner le paradoxe d’un festival de la stature de Coachella, qui ne fournit pas un système sonore digne de ce nom, pour des artistes qui ne sont pas rémunérés (du moins, ceux qui jouent sur cette scène).
Parce que les détails de l’affaire vont au-delà de la simple frustration technique. En effet, BAMBII a révélé que non seulement elle n’a pas été payée pour sa prestation, mais qu’elle a aussi dû couvrir de sa poche ses frais de voyage et d’hébergement. « J’ai investi des milliers de dollars pour cette opportunité », a-t-elle écrit. Une « opportunité » pour elle, qui n’a rien d’une chance gratuite, mais plutôt d’une exigence du milieu, de devoir s’affirmer sur ces étapes incontournables de la ‘carrière rêvée’.
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Le parcours de BAMBII, artiste qui mêle électronique à des influences bass music, trap et R&B, est une démonstration d’ascension rapide conjuguée au talent. Avec des morceaux comme « Hooked« , elle s’est forgée une place dans la scène alternative en imposant un style énergique et sans compromis. Elle a ainsi prouvé qu’elle ne se contentait pas de simples événements ou de scènes secondaires. Chaque performance est une affirmation de sa vision artistique.
Mais Coachella a été sa désillusion. L’inégalité de traitement se fait plus flagrante encore, quand on réalise qu’il s’agit souvent d’artistes femmes et racisées qui subissent ce genre de négligence. « Là où la scène aurait dû résonner avec des beats puissants, le silence régnait », déplore BAMBII. Elle poursuit en questionnant la normalisation de ces pratiques, dans une industrie où l’aspiration à la visibilité est souvent mise à mal par des réalités financières et techniques.
« Je sais que de l’extérieur, jouer à Coachella semble être un privilège, mais lorsque vous n’êtes même pas payé (ou pas du tout lol) et qu’une norme de base n’est pas respectée, cela devient vraiment extractif.
J’ai parfois du mal à dire les choses de peur de paraître aigrie ou blasée, mais répondre à ce moment en postant un « thank you so much Coachella » n’est tout simplement pas honnête.
D’une certaine manière, cela normalise ces échanges injustes et la façon dont ces espaces exploitent nos aspirations à être sur leurs plateformes. »
Le passage de BAMBII à Coachella ne fait qu’ajouter une nouvelle couche à la question essentielle de l’équité dans la musique. Entre la lutte pour la reconnaissance et la gestion des attentes personnelles, le message est clair : l’art ne doit pas être une marchandise exploitée dans l’ombre.
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