Cette deuxième semaine d’octobre nous régale avec des sorties plus qu’alléchantes. Au menu : la techno envoûtante de HAAi, la trap minimaliste d’Adés the Planet, le soft-grunge planant d’Astral Bakers, le UKG groovy d’Oppidan, la techno mélodique de Birrd, la pop protéiforme de Fallen Allien et le rap nonchalant d’Ino Casablanca.
HAAi – HUMANiSE
Le deuxième album de la DJ et productrice australienne, qui faisait partie de nos plus grosses attentes de la rentrée, n’a pas déçu. Au contraire, “HUMANiSE” séduit par son équilibre subtil entre fête et introspection, sonorités organiques et machines. Tout ça sur fond de techno et de rythmes puissants avec un brin psychédélisme.
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Le résultat est sensible, envoûtant, porté par une voix bien plus présente que sur son album précédent “Baby, we’re ascending”, et qui apporte de belles éclaircies comme sur les morceaux “Shapeshift” et “Go”. Mais HUMANiSE sait aussi se faire dansant notamment sur les irrésistibles « Can’t stand to loose » et « Hey! ».
Une réussite qui doit beaucoup à Pat Alvarez, co-producteur de l’album et à un casting soigné composé de Jon Hopkins, KAM-BU, Obi Franky, James Massiah, Kaiden Ford ou encore de la chorale queer Trans voices. Foncez !
Par Cecilia Cavassoni
Adés The Planet – Bâtarde Sensible
Lauréate du Prix des Inouïs du Printemps de Bourges, Adés The Planet signe avec Bâtarde Sensible une première mixtape à son image : son titre, déjà, résume la dualité qui l’habite depuis toujours.
Au fil des treize morceaux de la compilation, la rappeuse ivoirienne se met à nu. Elle évoque ses côtés sombres dans « Vision », sa peur de devenir comme son père dans « Hollywood » ou encore l’amour inconditionnel que sa mère lui porte dans « Tattoo ».
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Si elle conserve la trap minimaliste et sincère qui a forgé son identité sonore, elle n’hésite pas à explorer de nouveaux terrains mélodiques avec ce projet, lorgnant parfois du côté de la pop — « Tattoo » en est un bon exemple, ou du rock — allez écouter « Hollywood ». On trouve même quelques sonorités électroniques dans l’euphorique « Oulala » ou le morceau de transition « 911 », qui nous donne à entendre quelques rats étouffés avant de passer au morceau suivant, l’ « Hollywood » déjà évoqué.
Pas de doute, ce n’est qu’un début pour Adés The Planet qui a d’ores et déjà annoncé un Planet Tour. On vous recommande chaudement d’aller écouter la mixtape puis de foncer choper vos places.
Par Gil Martel
Astral Bakers – Vertical Life
L’année dernière, les “boulangers astraux” – petit s/o à nos amis québecquois – nous confiaient chercher l’équilibre dans la composition de leurs morceaux afin qu’aucun instrument ne prenne la place sur l’autre et que chaque membre du groupe puisse se faire entendre.
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Une philosophie collective que Sage, Theodora, Nico Lockhart et Zoé Hochberg poussent encore plus loin sur “Vertical Life”, leur deuxième album, enregistré en live dans le studio de l’auteur-compositeur américain Sam Evian. Tous chantent, jouent et dialoguent sur ce patchwork doux et mélancolique aux sonorités soft-grunge et indie.
Un gros câlin servi par l’aérien “Mirror”, l’entêtant “Healing” ou le sublime “Within a heartbeat”. À découvrir en live lors de la release party du groupe le 13 octobre prochain au Point Ephémère. Comme dirait l’autre : la boulangerie est ouverte !
Par Cécilia Cavassoni
Oppidan – My name is OPP!
Figure montante de la scène UK garage, Oppidan, qui a réalisé en mars dernier sa première Boiler Room, ressent encore le besoin de poser les bases avec ce nouvel EP de cinq titres.
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“My name is OPP!” synthétise ce que la DJ sait faire de mieux : des beats groovies et entraînants mêlant 2-step, UKG et bass music. On y retrouve également un remix « bumpy » de “Mint”, morceau sorti en mai, avec le producteur mancunien Strategy.
Autre collaboration notable : le californien Hans Gladder sur le très réussi “AH BEAT”. En résumé, « My name is OPP! » est un EP vibrant, taillé sur mesure pour que vous vous déhanchiez ce week-end, et tous les autres jours, on l’espère.
Par Cecilia Cavassoni
Birrd – Takeoff
Après avoir dévoilé le single « Khamsin » en collaboration avec Fakear en mai dernier — un avant-goût qui nous avait déjà mis l’eau à la bouche — Birrd présente enfin son premier album, Takeoff.
Pensé comme un voyage à travers des paysages sonores variés, Takeoff — littéralement « décollage » — navigue entre techno mélodique, électronica planante, trance et house solaire, le tout avec quelques influences UK. On retrouve cette palette de sonorités dans « Khamsin » — vent du sud qui transporte le sable du désert vers le nord de l’Egypte —, où l’influence de la musique du Moyen-Orient se fait particulièrement sentir.
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De l’album, on retiendra également la collaboration avec Juxe sur « Cloud Surf », un titre aux basses profondes et aux rythmiques drum and bass, ainsi que « Black Box », beaucoup plus acid, taillé pour hypnotiser les danseuses et danseurs en clubs. On ne veut plus atterrir.
Par Gil Martel
Fallen Alien – Same Fault Different Scales
Voilà enfin l’EP tant attendu de Fallen Alien ! Le duo frère-sœur, dont le nom fait explicitement référence au track du même nom par FKA Twigs, revendique sans détours l’influence de la chanteuse britannique. La (magnifique) voix éthérée de Coline Le Moine-Veillon rappelle souvent celle de FKA Twigs — en particulier dans l’introduction de « Spaceless ».
La pop de Fallen Alien est protéiforme, éloignée des structures classiques du genre et pétrie d’influences. Là où les nappes de synthés aux sonorités 80s dominent dans « Spaceless », « A Curious Day » lorgne davantage du côté de l’indie pop et du spoken word, flirtant avec les univers de King Krule, Nilüfer Yanya ou Kae Tempest. Avec son mélange de clavecins, de violoncelles dissonants, de guitares et de synthés syncopés, « Same Fault Different Scale » – dernier titre dévoilé – explore un univers plus sombre et envoûtant, entre dark wave et synth pop.
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On a adoré découvrir, avec la sortie de l’EP, l’étrange « Porosity », aux synthés analogiques et « Nevermind the end », conclusion aérienne et électronique orné d’une guitare électrique et d’une basse que l’on ne risque pas d’oublier. Une chose est sûre, on va les suivre de près.
Par Gil Martel
Ino Casablanca – EXTASIA
Après avoir dévoilé “Tamara” en début d’année, Ino Casablanca est de retour avec “Extasia”, un EP composé de 10 titres qui confirme sa place parmi les rookies les plus prometteurs du rap francophone.
Le jeune rappeur poursuit ici, dans la lignée de son précédent projet, une formule qui lui est propre : un flow nonchalant, des influences méditerranéennes entre Maroc et Espagne, le tout porté par des productions ultra-léchées. Ino s’entoure également de featurings bien choisis. On pense à la rappeuse LinLin, qui livre un refrain percutant sur le très egotrip “Blicky” ou encore à Draganov, rappeur et producteur marocain qui l’accompagne sur le mélancolique “Moula Solitude”.
Parmi les temps forts, on retient les bangers “Extaz” et “Dima Rave” ou encore le titre plus introspectif “Kitlé”. Le rappeur sera sur la scène du Grünt Festival, le 24 octobre prochain.
Par Cecilia Cavassoni