đ Album du mois : Buzzy Lee alias Sasha Spielberg, un travail dâorfeÌvrerie pop
Câest lâalbum du mois du TsuÂgi 137 : Spoiled Love de Buzzy Lee alias Sasha SpielÂberg, vient de sorÂtir chez Future ClasÂsic.
Chronique issue du TsuÂgi 137 : Bicep, la house prend feu, disponible en kiosque et en ligne le 5 fĂ©vrier.

© Janell Shirtcliff
En 2013, le New York Times titrait « oubliez leur papa, contentez- vous de les eÌcouter » au-dessus dâun artiÂcle conÂsacreÌ aÌ Wardell, fugace duo folk-pop comÂposeÌ de Theo et Sasha SpielÂberg, dont lâattrait, malÂgreÌ ce quâen disÂait le jourÂnalÂiste, tenait plus aÌ leur nom de famille quâaÌ leur musique. Quelques anneÌes plus tard, force est de conÂstater que la seule chose quâon a oublieÌe, câest Wardell. On ne se hasardera donc pas aÌ reÌiteÌrer pareille injoncÂtion au moment dâeÌvoquer le preÂmier album de Buzzy Lee, pseuÂdoÂnyme un peu passe-partout derrieÌre lequel on retrouÂve Sasha SpielÂberg, cette fois sans son freÌre. AÌ quoi bon, de toute façon ? Il nây a pas vraiÂment de raisons de penser aÌ son peÌre aÌ lâeÌcoute de ce disque meÌlancolique et intimiste, dont la conÂcorÂdance cineÌmatographique, sâil falÂlait en trouÂver une, serait plus aÌ aller chercher du coÌteÌ dâune autre « fille de », Sofia CopÂpoÂla. Pour la musique, qui ne jurÂerait pas dans lâun des films de la reÌalisatrice ameÌricaine, et parce que Sasha pourÂrait tout bonÂnement ressemÂbler aÌ lâun de ses perÂsonÂnages : une jeune CalÂiÂforniÂenne senÂsiÂble et anxÂieuse, aÌ qui la vie devrait sourire, parÂtie au milieu dâune rupÂture amoureuse enregÂistrÂer un disque dans le nord de lâItalie⊠En attenÂdant que Sofia CopÂpoÂla ne sâattelle au tourÂnage, on savourÂera la bande-son, qui est de toute beauteÌ.
Trois ans apreÌs FaceÂpaint, son preÂmier maxi solo qui deÌvoilait cinq titres eÌleÌgants, la chanteuse a, pour habiller sa voix, une nouÂvelle fois fait appel aÌ NicoÂlas Jaar, dont la capaciteÌ aÌ enchaiÌner les proÂjets heÌteÌrogeÌnes nâest plus aÌ deÌmontrer, que ce soit pour ses morceaux house soyeux ou la proÂducÂtion de blues creÌpusculaire avec Dave HarÂringÂton ou de R&B deÌsarticuleÌ pour FKA Twigs. Le proÂducÂteur chilien est une conÂnaisÂsance de longue date â elle lâa renÂconÂtreÌ sur les bancs de la fac â, avant de forÂmer aÌ ses coÌteÌs le duo eÌlectro-pop Just Friends au deÌbut des anneÌes 2010. Sans trop de surÂprise, celui-ci a fait le choix de la sobrieÌteÌ pour metÂtre en musique ses textes aÌ fleur de peau et sa voix cristalline. Piano deÌlicat et nappes vaporeuses conÂstituent lâessentiel des morceaux, eÌpureÌs, sans que cette fruÂgaliteÌ ne sonne deÌpouilleÌe. Un spleen soul soutenu de temps en temps par une rythÂmique leÌgeÌre. Il faut dâailleurs attenÂdre la quatrieÌme piste pour entenÂdre la premieÌre pulÂsaÂtion dâune batÂterie. Ce nâest ni trop toÌt ni trop tard, car outÂre sa qualiteÌ meÌlodique, le magneÌtisme du chant de SpielÂberg et la finesse des prods de Jaar, lâune des grandes reÌussites de cet album court â 35 minÂutes â est son sens du timÂing. Tout semÂble arrivÂer exacteÂment au moment ouÌ il faut, refrain, pont, enchaiÌnement, intermeÌde. Un traÂvail dâorfeÌvrerie pop qui confeÌre aÌ lâalbum un caracteÌre impecÂcaÂbleÂment fluÂide et homogeÌne. On a beau affecÂtionÂner les disÂques retors, sales et deÌglingueÌs, il est parÂfois appreÌciable dâeÌcouter leur contraire.
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