©Tom Delion

Album du mois : Tiña, le quintette rock londonien sorti de nulle part

C’est l’al­bum du mois du Tsu­gi 135 : Pos­i­tive Men­tal Health Music, du groupe bri­tan­nique Tiña mené par son leader Josh Loftin. 

Le 10 octo­bre dernier était célébrée la journée mon­di­ale de la santé men­tale. Au pro­gramme : cam­pagnes de sen­si­bil­i­sa­tion et conférences un peu partout à tra­vers le globe. Près d’un mois plus tard, Tiña, petit quin­tette lon­donien sor­ti de nulle part, con­tin­ue le boulot avec son pre­mier album solide­ment nommé Pos­i­tive Men­tal Health Music – le ressen­ti d’un ami à pro­pos de leur musique après un con­cert du groupe – pre­mier album pour la for­ma­tion, mais également pre­mier long for­mat du label Speedy Wun­der­ground. Ce nom devrait son­ner fam­i­li­er pour quiconque s’intéresse au rock anglais en ce moment puisqu’il s’agit de l’ancien label des promet­teurs Squid, juste avant qu’ils ne bas­cu­lent chez Warp. À sa tête, Dan Carey, pro­duc­teur de Franz Fer­di­nand, Kate Tem­pest et plus récemment derrière les albums de Fontaines D.C. et black midi, deux pépites fraîches du rock anglais.

tina

Art­work

À l’instar des groupes précédemment cités, les gui­tares sont omniprésentes. Pour­tant, impos­si­ble de cat­a­loguer Tiña : on oscille tou­jours entre les styles, entre grunge, rock et même coun­try – à l’image du cha­peau de cow-boy rose que le chanteur porte tout le temps. Le tout infusé avec quelques sonorités pop, pour le ren­dre le plus catchy pos­si­ble – les synthés enivrants de « Ros­ali­na » en première ligne. « Let’s talk about men­tal health », nous assigne le chanteur Joshua Loftin au beau milieu de « Gold­en Rope ». Et la santé men­tale servi­ra effec­tive­ment de fil con­duc­teur tout au long de l’album, les paroles provenant toutes d’une dépression nerveuse du chanteur il y a deux ans de ça. Avec sa voix ver­sa­tile par­fois très grave et par­fois très aiguë, il nous fait part de ses tribu­la­tions dépressives à tra­vers des textes intimistes, per­son­nels et révélateurs.

Pour­tant, mal­gré ses paroles som­bres, le groupe ne tombe pas dans le cliché des artistes torturés. Au con­traire, il est loin de se pren­dre au sérieux, et c’est ce qui fait tout son charme. Le clip perché de « Dip » en est l’exemple par­fait : devant Big Ben, le leader chante à moitié nu au milieu des voitures, ne por­tant qu’un short rose et son fameux cha­peau de cow-boy. À la fin de l’écoute du disque, l’optimisme des mélodies prend le pas sur le thème plom­bant. Se servir des mau­vais­es expériences passées pour espérer un futur meilleur. Les « this is fine » répétés du refrain de « Bud­dha » résonnent juste­ment encore dans nos oreilles. Sim­ple. Basique. Réjouissant et cathar­tique, à la fois pour le chanteur et l’auditeur. Jusqu’à créer une com­mu­nion entre les deux : même si les paroles sont très per­son­nelles, le caractère entraînant fait que cha­cun peut s’y retrou­ver. Il y a quelque chose d’addictif dans cet album, cer­taine­ment ce mélange savant de sincérité, de cohérence et de chaleur humaine. Et l’enregistrement orig­i­nal sur cas­sette n’y est sûrement pas pour rien.

Plus qu’un groupe à suiv­re de près, Tiña se présente comme le chef de file d’un label à suiv­re de très près.

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