Au Palais de Tokyo, une expo inspirée de “La Haine” par l’école Kourtrajmé

Du 29 août au 7 sep­tem­bre 2020, Math­ieu Kasso­vitz, Ladj Ly et JR investis­sent le Palais de Tokyo avec l’é­cole Kour­tra­jmé et organ­isent “Jusqu’i­ci tout va bien”, une expo­si­tion cap­sule sous forme de work­shop. Un pro­jet mul­ti­dis­ci­plinaire autour de la fil­i­a­tion entre La Haine de Math­ieu Kas­sowitz et Les Mis­érables de Ladj Ly. 

En 1995, La Haine don­nait un autre regard sur les ban­lieues et les vio­lences poli­cières et sociales qu’elles subis­sent. Vingt-cinq ans plus tard, en 2019, l’« enfant de la Haine » Ladj Ly réal­i­sait Les Mis­érables qui reten­tis­sait comme un écho à La Haine et rap­pelait que la ban­lieue était tou­jours un espace mau­dit en France. De cette fil­i­a­tion entre les deux films qui mar­quent deux généra­tions est né le pro­jet « Jusqu’ici tout va bien », dans lequel une trentaine d’étudiants de l’école Kour­tra­jmé vont s’approprier les thèmes qui ressor­tent des films. « L’idée, c’est qu’ils répon­dent à la ques­tion : qu’est-ce qui leur fout la haine aujourd’hui ? Le but n’est pas qu’ils illus­trent les films, mais qu’ils par­tent des con­stats et des sujets qui y sont évo­qués pour créer des œuvres. Et ce tou­jours dans la méth­ode qui leur est enseignée à l’école Kour­tra­jmé : l’urgence et la débrouil­lardise. On va créer une expo­si­tion très vivante qu’on pour­ra mod­i­fi­er jusqu’à la dernière minute pour créer la sur­prise », nous explique Hugo Vit­rani, com­mis­saire de l’exposition.

L’idée, c’est qu’ils répon­dent à la ques­tion : qu’est-ce qui leur fout la haine aujourd’hui ?”

La Haine, Math­ieu Kassovitz

L’école Kour­tra­jmé, qui a récem­ment ouvert un deux­ième cam­pus à Mar­seille, a été fondée en 2018 par Ladj Ly à Clichy-Montfermeil. Elle forme aux métiers du ciné­ma et repose sur des principes qui font sa par­tic­u­lar­ité : elle est gra­tu­ite, ouverte à tou·te·s, sans con­di­tion de diplôme ni lim­ite d’âge. Ladj Ly a crée l’école qu’il aurait aimé faire, une école qui élar­git le champs des pos­si­bles et offre une oppor­tu­nité à tous les pro­fils. « Il y a des par­cours très dif­férents. Par exem­ple, l’élève le plus âgé de l’école a plus de 40 ans, c’est un ancien rappeur qui tenait un bar à chicha ».

Toutes les sec­tions de l’école par­ticipent au pro­jet pour créer un panora­ma d’œuvres très var­ié : « Il y aura des instal­la­tions, une salle de pro­jec­tions avec des courts-métrages, de la sculp­ture, de la pho­togra­phie, de la danse, des per­for­mances avec des inter­ven­tions musi­cales… Par exem­ple, on va recréer et réin­ven­ter la scène où Cut Killer mix au bal­con dans La Haine. Il y aura une série de pho­tos qui inter­roge com­ment la mode se réap­pro­prie les codes de la ban­lieue. On va aus­si jouer entre fic­tion et réal­ité avec des mon­tages qui mélangeront des rushs de la Haine et des Mis­érables avec des images d’actualité. Une élève a décidé de recréer la cham­bre de Vinz pour par­ler de la place des femmes dans les deux films. Et plein d’autres pro­jets encore. »

Les Mis­érables, Ladj Ly
© Wild Bunch Germany

Des con­certs et DJs sets auront lieu si les mesures san­i­taires le per­me­t­tent. Mais aucun nom ne peut être dévoilé pour le moment. Néan­moins, on sait que des artistes seront convié·e·s, pour se pro­duire ou pour par­ticiper aux débats et tables ron­des qui seront organ­isées : « on compte inviter les artistes proches de Math­ieu Kasso­vitz, Ladj Ly et JR, les trois co-commissaires de l’expo. Ain­si que des artistes qui étaient impor­tants à l’époque de La Haine et qui le sont à celle des Mis­érables. On va faire en sorte que chaque jour il se passe quelque chose, avec des invités, prévus ou non, et des pris­es de parole, des ren­con­tres…».

On peut d’ores et déjà miser sur quelques noms puisque, en toute logique, c’est la cul­ture street et hiphop qui sera mise à l’honneur. Un Pop Shop sera instal­lé à l’entrée de l’expo, géré par l’agence Black­rain­bow, créée par Greg Hervieux, fon­da­teur de la mar­que Tri­ad. Des édi­tions lim­itées réal­isées par Tri­ad et Home­core, les deux mar­ques pio­nnières du streetwear en France, avec Carhartt et Aimé Leon Dore, seront disponibles dans le Pop Shop. Les béné­fices de la vente seront rever­sés à l’école Kour­tra­jmé, afin de financer les pro­jets des élèves.

Cette semaine d’ex­po­si­tion, du 29 août au 7 sep­tem­bre, sera acces­si­ble dans les con­di­tions habituelles du Palais de Tokyo. En atten­dant, on peut se ren­dre aux cinq autres expo­si­tions du moment.

 

 

 

 

L’école Kour­tra­jmé, Palais de Tokyo, 2020
Cour­tesy JR