"Extra Large", un film de Marina Ziolkowski

Barbara Butch dans ‘Extra Large’, ode dystopique aux corps hors-normes

Dans Extra Large, Mari­na Ziolkows­ki détourne le con­te de fées pour met­tre en avant la grosso­pho­bie latente de notre société. Niki, incar­né par l’icône Bar­bara Butch, ira danser au bal coûte que coûte.

Bar­bara Butch pos­sède plusieurs cas­quettes. On lui con­nais­sait celle de man­nequin pour Jean Paul Gaulti­er, d’activiste pour les droits LGBTQIA ++, de DJ, on la décou­vre actrice dans un court-métrage aus­si mil­i­tant que poétique.

Un con­te de fée pas si lointain

Le pitch d’Extra large est sim­ple : “Il était une fois… Niki (incar­née par Bar­bara) vivait dans un monde étrange où toutes les filles ron­des… char­nues… dodues… sen­suelles… ben gross­es quoi… avaient inter­dic­tion de s’habiller et étaient con­damnées à vivre nues. Mais ce soir, Niki s’en fout si elle est grosse, elle va enfil­er sa robe et aller danser !” Le court métrage reprend les codes des con­tes de fée pour démon­tr­er leur débil­ité. Il est devenu banal pour les princess­es longilignes de vom­ir, les cra­pauds n’embrassent que les jeunes filles qui entrent dans les car­cans de beauté, les bals  n’ac­ceptent que les femmes minces. Et par­fois, la fable se con­fond avec la réal­ité.  On pense à la cru­auté du regard de cette enfant qui demande, sans gêne, à sa mère  : “Maman, pourquoi la dame elle est grosse ?” Être gros – et surtout grosse- appa­raît comme une fatal­ité, au point où le mot “gros” est lui-même stig­ma­tisé, relayé à un gros mot.

Vive les gros ( plans ) !

Mais vous imag­inez bien que Bar­bara, Niki dans le film, ne va pas se laiss­er faire. Une pas­sion la dévore : la danse, et elle n’est pas prête à s’en défaire. Dans ce court-métrage, la danse appa­raît tan­tôt comme un catal­y­seur de mar­gin­al­ité, tan­tôt comme un moyen d’ex­pres­sion libéra­teur. Les moments fes­tifs sont envoû­tants : Bar­bara scin­tille sur le dance­floor. Dans ces séquences, Mari­na Ziolkows­ki n’a pas peur du gros plan. Quel soulage­ment de voir des bour­relets à l’écran, mag­nifiés par la caméra. Ces mou­ve­ments lanci­nants sont accom­pa­g­nés par la musique de Julie Roué et surtout du judi­cieux “Break away” de Scratch Mas­sive, duo com­posé de la bril­lante Maud Gef­fray et Sébastien Chenut. Morale de l’his­toire : “Les princess­es, ça n’existe que si on y croit” et dansez pour bris­er les car­cans que nous impose la société.

Barbara Butch dans "Extra Large"

Bar­bara Butch mag­nifiée dans “Extra Large”

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