Batu, Djrum, Delilah’s dance… Les sorties de la semaine
Cette semaine, c’est de nouveau l’heure de « Les sorties de la semaine ». En ce vendredi, découvrez les nouveautés de Delilah’s Dance, PURR, Batu, Heith, The Feather, Fumi Kuti, Viagra Boys, Djrum et Drua.
Delilah’s Dance – Pain-O-Meter (EP)
Delilah’s Dance, le farouche et imprévisible quatuor rouennais, se déclare en maître du rock progressif avec son EP Pain-O-Meter, une véritable invitation au désordre émotionnel.
« Boyish Lying Skills » se distingue par sa tension continue, entre chant habité et instrumentation frénétique. À l’inverse, « Gypsophilia » multiplie les atmosphères, passant sans transition du calme à la tempête, révélant la richesse de leur palette musicale. Un EP qui, sans concession, nous oblige à remettre en question la frontière entre la virtuosité explosive et la fragilité de l’âme.
Various Artist (PURR) – pleaseinsert_ILOVEYOU (EP)
Avec pleaseinsert_ILOVEYOU, Vel frappe fort pour l’ouverture de son label PURR. Cette première compilation, réunissant six artistes aux approches radicales, marque un tournant dans la trajectoire d’une productrice déjà incontournable sur la scène techno actuelle.
Ici, chaque morceau est pensé comme un virus sonore : textures abrasives, percussions mutantes, voix susurrées façon ASMR et un sens aigu du design sonore. « Maeve » de Liso ouvre le bal avec une tension rampante, tandis que « Musicaholic« , signé par Vel elle-même, explose en rythmiques syncopées et nappes désorientantes.
Inspirée par le virus informatique ILOVEYOU, cette VA détourne la logique techno pour injecter émotion et chaos dans une esthétique ultra-contemporaine.
Batu – Question Mark
Pas d’interrogation sur ce nouvel EP de Batu. Sept ans de silence, Batu revient avec Question Mark, comme un uppercut lancé en pleine rave installé dans un décor de science-fiction. Les quatre titres qui le composent, sont découpés à l’emporte-pièce pour ajouter à la club music UK des formes aussi bien rugueuse, lumineuse qu’imprévisibles. On y entend le souffle du label Hessle Audio, les fantômes de Livity Records, mais transmutés dans une écriture plus dense, presque mystique. « Seize » frappe, « Clump » glisse, « Meridian » élève — le tout sans jamais céder à la linéarité. Question Mark ne pose pas de question; il fait ressentir tout. Un futur, oui, mais avec de la poussière sur les semelles.
Heith – Escape Lounge
Avec Escape Lounge, Heith signe une œuvre traversée de rituels et de spiritualité numérique, un itinéraire mental où la pop expérimentale des 90’s rencontre l’indie folk des 2000’s. L’album, empreint de mystère, mêle guitare et synthés dans un tourbillon de paysages sonores méditerranéens et d’hallucinations auditives. Les voix de James K et PRICE apportent une touche fantomatique, amplifiant cette atmosphère si particulière, entre bulle internet et psychodrame intime. Chaque morceau semble une empreinte, une esquisse d’un quotidien fragmenté, de Berlin à Milan. Chaque sonorité provient de collages sonores méticuleusement sculptés. Escape Lounge propose une nouvelle manière de concevoir l’espace-temps. Il devient un lieu de passage où le réel s’efface pour laisser place à une rêverie empreinte de folie.
The Feather – BB
Avec BB, The Feather (alias Thomas Medard) impose une pop indie sophistiquée qui touche avec technicité les émotions, mais sans jamais tomber dans l’artifice. Produit par Chris Bear, l’album est une ode à la douceur et à la délicatesse. La sensibilité est célébrée et même soutenu par une ligne de basse ronde et réconfortante. De la caresse des percussions de Hedlund à la chaleur des synthés nostalgiques, il y a une rare alchimie. Le chant de The Feather, jamais trop sûr de lui mais toujours envoûtant, résonne comme une quête introspective musicale. Entre fragilité et puissance, BB est le tableau blanc où le mot émotion s’écrit en mille et une déclinaisons.
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Femi Kuti – Journey Through Life
Exit la fureur des barricades, place à une afrobeat qui respire. Dans Journey Through Life, Femi Kuti troque les slogans contre les confidences, sans jamais abandonner le groove. Ici, les cuivres chantent plus qu’ils ne crient, les percussions dansent avec retenue, et la voix de Femi, plus posée, laisse filtrer une forme de sagesse.
L’artiste nigérien n’abandonne pas pour autant l’héritage contestataire de son père Fela Kuti, créateur de l’afrobeat, mais le transforme en une réflexion intérieure sur la transmission, la famille et la résilience. Un album plus posé, mais profondément musical, où l’engagement passe aussi par la nuance.
Viagra Boys – Viagr Aboys
Avec Viagr Aboys, les Viagra Boys reprennent les armes là où Cave World les avait laissées : basse grondante, groove poisseux, guitares en dents de scie et verbe acide en bandoulière. Sebastian Murphy déverse sa lucidité de misanthrope quelque part entre dégoût existentiel et tendresse punk. La preuve ? il dédicace une ballade absurde aux problèmes dentaires de son chien. C’est toujours brutal, toujours bancal, mais ça groove sauvagement, flirtant parfois avec le dub poisseux et le rock industrie. La satire sociale est intacte, la rage intacte, et pourtant quelque chose s’adoucit : le “sac de viande” s’expose sans filtre, face à la “merditude des choses”. Chez eux, l’absurde n’est pas une fuite, c’est une arme. Et elle tape juste.
Djrum – Under Tangled Silence
Par-delà les ruines d’un disque dur fondu, Djrum façonne un album en clair-obscur, à la fois organique et irréel. Under Tangled Silence est un voyage sensoriel où piano, harpe et glitchs numériques s’enlacent dans un ballet d’émotions brutes. On y croise les fantômes du jazz, la respiration d’une jungle ralentie, les fragments d’un breakbeat déconstruit. Chaque morceau semble hésiter entre la caresse et la transe, entre mémoire abîmée et pulsion vitale. Une musique d’introspection, aussi bien à danser qu’à pleurer – ou pourquoi pas les deux en même temps.
Drua – Nightfire
Avec Nightfire, Drua fait se propager une déflagration underground UK, alliant l’héritage du hard house des années 90 à un son de production moderne, précis et terriblement efficace. UP démarre avec une énergie déstabilisante. Basses frappantes, M1 organes, et rythmique effervescente captent toutes les attentions. Job 2.3 poursuit avec une maîtrise impressionnante d’une bassline sautillante et de vocal hooks accrocheurs. Le morceau titre Nightfire passe à un registre plus deep house, mais toujours dans une optique club, avec des pads introspectifs et une basse qui capte la vibe de la piste. Arch In Ur Back est une véritable machine à danser, offrant des breaks roulants et une petite voix qui déclenchent la fête.
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